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Boutabba Mohamed, PDG D’AEC: «11 usines de dessalement programmées pour assurer 60% des besoins en eau potable»

Le premier responsable de l’Algerian Energy Company, AEC, rencontré au Napec 2023, souligne que le dessalement d’eau de mer sera prédominant dans l’alimentation de la population en eau potable à moyen long terme avec la réalisation dans une première phase de cinq usines, qui sera suivie ultérieurement par six autres installations de dessalement.

L’EXPRESS : Pouvez-vous résumer aux lecteurs les domaines d’activité d’AEC ?

Boutabba Mohamed : ‐AEC est une filiale de Sonatrach. Elle a été créée en 2001. Elle a en charge l’activité de dessalement d’eau de mer pour les besoins de la population. Elle a à son actif onze installations de dessalement d’eau de mer exploitées en partenariat avec des compagnies étrangères, trois stations de dessalement d’eau de mer détenues à 100 % par AEC.

Ces trois usines, qui sont entrées en service récemment, ont au total une capacité de 150.000 mètres cubes/jour d’eau de mer dessalée, l’une à Bateau Cassé (Bordj El Kiffan), de 10.000 mètres cubes/jour, l’autre à Marsa, d’une capacité de 60.000 mètres cubes/jour, et une autre à Corso d’une capacité de 80.000 mètres cubes/jour.

Ces trois usines sont destinées à l’approvisionnement en eau potable d’Alger‐Est. Nous sommes en train de réaliser cinq grandes usines de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 300.000 mètres cubes chacune, soit au total 1,5 million de mètres cubes/jour d’eau de mer dessalée . La première est située Cap Blanc, à Oran, la seconde à Fouka, la troisième à Cap Djinet, la quatrième à Béjaïa et la cinquième à El Tarf.

Quelle est la fonction d’AEC dans ces projets de dessalement d’eau de mer ?

AEC est maître d’ouvrage. Il contrôle les travaux de réalisation de ces usines et travaille avec les « EPC istes » que sont actuellement quatre entreprises algériennes : GCB, Enac, Sarpi (trois filiales de Sonatrach) et Cosider Canalisations, filiale du groupe Cosider. Elle assure le suivi de la réalisation des usines. AEC contrôle les travaux avec l’appui d’autres sociétés tel le bureau d’études CTH.

Comment expliquez-vous que des usines de dessalement d’eau de mer en exploitation connaissent des difficultés de production?

L’usine de Mactaa à Oran produit 400.000 mètres cubes/jour au lieu de 500.000 mètres cubes/jour d’eau de mer dessalée (capacité initiale). On peut expliquer les difficultés de production de certaines usines de dessalement en exploitation par des problématiques de pièces de rechange, des problématiques de conception de l’usine. Il faut un diagnostic.

Le diagnostic est en train d’être fait. On essaie de remédier à ces difficultés. L’usine de Maacta n’est pas la seule. Il y a celle de Souk N’Tleta qui faisait 200.000 mètres cubes/jour et qui ne fait que 30.000 à 40.000 mètres cubes/jour. Le diagnostic est en train d’être fait pour trouver la solution idoine pour les remettre à produire à pleine capacité.

Pour la station de Souk N’Tleta, celui qui en a fait la conception a été en charge de l’exploitation. Durant cette phase d’exploitation, il n’y a pas eu de suivi, ni de maintenance. Les pièces de rechange n’ont pas été achetées à temps. Il y a eu ensuite l’abandon de la station de Souk N’Telta. Maintenant les choses sont reprises par les Algériens pour la remettre en service.

Quel est le dergré de satisfaction des besoins de la capitale en eau de mer dessalée ?

Du point de vue du dessalement d’eau de mer, nous produisons en Algérie 2,1 millions de mètres cubes/jour d’eau potable. Cette production contribue à hauteur de 18 % des besoins en eau portable de la population. Une fois que les cinq installations de dessalement d’eau de mer entreront en production, soit 1,5 million de mètres cubes/jour d’eau potable supplémentaire, les besoins de la population en eau potable seront assurés à 42% par l’eau de mer dessalée. On passera avec d’autres usines de dessalement à 60%.

Quelle est la stratégie des pouvoirs publics en matière de dessalement d’eau de mer ?

L’eau de mer dessalée sera destinée à l’approvisionnement en eau de la population. Les ressources en eau des barrages et celles tirées par les forages iront vers l’agriculture.

Pouvez-vous évaluer le déficit en eau avec la situation de sécheresse que vit le pays ?

L’Algérienne des eaux peut fournir des chiffres. Ce que je peux dire, c’est qu’avant, le dessalement d’eau de mer était un outil de régulation. On était à 18%, même à 20% de couverture des besoins, c’est de la régulation. Maintenant, ce n’est plus le cas. Avec les installations nouvelles, on passe à 40‐60% de couverture des besoins. La majeure partie des besoins sera assurée par le dessalement d’eau de mer.

L’AEC a t-elle la capacité de réaliser les cinq nouvelles usines de dessalement dans les délais contractruels à savoir 25 mois ?

C’est un challenge. On espère incha Allah respecter ces délais. Jusqu’à présent, le taux d’avancement des travaux est de 30%. Vingt‐cinq mois, ce sont des délais très agressifs. En collaborant avec toutes les parties prenantes, on essaie d’éviter dans ce processus des goulots d’étranglement qui pourraient freiner l’avancement des travaux et d’être réactif, d’anticiper.

Les onze installations ont été faites par des partenaires étrangers. Il n’y a pas eu de transfert réel vers l’AEC. AEC a commencé avec trois usines de dessalement. Elle a réussi à les mettre en service avec des Algériens.

Avez-vous tiré des leçons de cette expérience ?

L’expérience accumulée avec les trois stations, spécialement avec celles de Marsa et Corso d’une capacité de 60.000 et 80.000 m3 /jour réalisées par Cosider et par GCB, nous a ouvert les yeux sur les tenants et aboutissants de ce domaine, de ce métier du dessalement d’eau de mer. Cette expérience nous servira dans la durée.

Qu’en est-il de la formation des ressources humaines dans le domaine du dessalement d’eau de mer ?

L’Algérie a un système éducatif très acceptable. Pour ce qui est du dessalement d’eau de mer, on a besoin d’hydrauliciens. L’Algérie forme des hydrauliciens. On besoin d’ingénieurs et de techniciens spécialisés dans le process. Ce personnel existe en Algérie. Concernant l’engineering, ce domaine s’acquiert progressivement. Je peux vous dire qu’il existe un bureau d’études spécialisé dans le dessalement d’eau de mer, celui de GCB, qui est capable de faire les études d’ingénierie des installations de dessalement mais pas pour les grandes installations.

Le bureau d’études de Cosider commence à prendre de l’ampleur. Il constitue un acquis. Pour les cinq grandes usines de dessalement, l’engineering sera sous‐traité. L’engineering des trois stations d’El Tarf, de Béjaïa et de Cap Djinet sera réalisé par la compagnie Witico, celle de Fouka par Médito et celle de Cap Blanc par un partenaire chinois.

Est-ce que l’AEC pense réaliser les membranes en Algérie ?

L’AEC envisage de conclure un partenariat pour la production des intrants en Algérie, y compris les membranes.

L’AEC envisage-t-elle de recourir aux énergies renouvelables ^pour alimenter les usines de dessalement ?

Les cinq usines de dessalement auront besoin pour leur énergie de 50 MW d’électricité chacune à partir du gaz. Mais sur les six usines de dessalement qui vont venir, on tentera de proposer quelque chose qui soit un mix. On va essayer de rentrer à l’intérieur (site de la centrale à l’intérieur). Il ne s’agit pas d’être sur la baie. Il s’agit de faire des pipes de 30 à 40 kilomètres. On aura alors un espace plus grand qui sera dédié à l’énergie solaire.

Quelles sont les perspectives de développement de l’AEC ?

Une fois que les six stations seront réalisées à l’horizon 2030, avec un taux de couverture des besoins en AEP à hauteur de 60%, on tentera de nous diversifier, notamment en nous orientant vers l’énergie solaire.

En attendant, notre objectif est de satisfaire en eau potable l’approvisionnement de la population. Nous nous concentrons sur le dessalement d’eau de mer, en clair sur la réalisation des cinq usines de dessalement dans un délai de 25 mois (leur mise en service est prévue en principe fin 2024‐ premier semestre 2025).

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