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Le syndrome du «Black Hawk»

Plus le temps passe, plus l’armée sioniste s’enfonce dans une guerre aléatoire où ses chances de défaite sont élevées. C’est la première fois que le sionisme mène une guerre face à face, sur le sol, hommes contre hommes, et ce n’est pas dans ses habitudes de le faire.

De toute évidence, le Premier ministre sioniste rallonge la durée de vie de la guerre pour au moins remporter une victoire, serait‐elle symbolique, car il est dit dans l’art de la guerre et la stratégie militaire qu’il faut toujours laisser au vaincu une porte de sortie honorable.

Jusque‐là, Israël était passé maître dans la guerre de sous‐traitance et dans la guerre d’information. Fidèles à la tradition dite de Gédéon, les soldats sionistes s’appuyaient sur l’information pour surprendre leurs adversaires. « Premier informé, premier arrivé, premier servi », dit une maxime du renseignement. Sauf que, là, dans le scénario ghazaoui, les données ont été modifiées et les cartes ont changé de main.

Pour avoir passé 23 longues années dans les geôles israéliennes, Yahia Sinwar, après sa libération dans le cadre de l’échange contre le soldat israélien Gilad Shalit, a compris qu’il fallait réduire les informations livrées depuis Ghaza à zéro, et c’est ce qu’il a fait en priorité.

Réduite à « zéro info », l’armée sioniste n’avait pas vu venir le danger, ni compris l’évolution des Palestiniens depuis la première Intifadha, opérée à l’aide de jets de pierres. Il est intéressant de souligner que Jake Sullivan disait, une semaine à peine avant le 7 octobre, que Ghaza n’avait jamais été aussi calme (qui serait passée pour une plaisanterie en temps de paix !).

De même, le chef du renseignement extérieur israélien, le Rosh Ha‐Mosad, n’avait aucun rapport précis et consistant. D’où la contrainte d’aller sur le terrain des opérations, une éventualité que les sionistes ont toujours reléguée au rang de nécessité ultime. Maintenant, sur le terrain, il y a beaucoup de morts, et cela commence à faire désordre du côté de Tel Aviv.

Lors d’un reportage dans les hôpitaux israéliens, le média Haaretz dit avoir été sidéré par le nombre quotidien de morts et de blessés. Après la publication de son compte rendu, les responsables de Shabak lui ont intimé l’ordre de baisser ses chiffres de 6 000 à 2 000 blessés. Morts et blessés sont dénombrés au quotidien côté israélien à Ghaza, et c’est un problème insoluble pour Netanyahu.

Les déclarations sur l’inondation des tunnels par l’eau de mer (une opération jamais enregistrée au cours de l’histoire des guerres depuis l’aube de l’Humanité !) est en soi un aveu d’impuissance et une volonté d’en finir à moindre coût, car déjà le scénario à la somalienne hante les nuits des responsables politiques et militaires à Tel Aviv.

Souvenez‐vous de la bataille de Mogadiscio, une opération spectaculaire, où, durant deux jours, les 3 et 4 octobre 1993, à Mogadiscio, en Somalie, des milices somaliennes ont infligé à un détachement interarmées américain dit Task Force Ranger, de lourdes pertes. « The Battle of the Black Sea »pour les soldats américains («La bataille de la mer Noire», du nom d’un quartier de Mogadiscio) et « Maalintii Rangers » (« Le jour des Rangers ») pour les Somaliens, cette bataille, qui a permis à la guérilla de tirer, toucher et faire tomber le fleuron des Rangers, l’hélicoptère « Black Hawk », a mis en évidence combien demeuraient aléatoires les guerres dites asymétriques.

Pour plusieurs raisons, cette bataille sera traumatisante pour l’opinion publique américaine, à la suite de la diffusion d’images télévisées de cadavres de soldats américains traînés par des voitures dans les rues de la ville.

En réalité, la guerre de guérilla n’a jamais été le fort des israéliens, qui savent ce qui les attend sur ce terrain avec des jeunes mobilisés qui sont rentrés en Israël avec l’esprit désinvolte du vainqueur par knock‐down au premier round. En face, il y avait des hommes engagés dans la libération de leur terre, dont l’enfance a été bercée par les bombardements et les tirs d’armes lourdes, des hommes qui s’en vont à la mort avec la foi du vainqueur.

Tel Aviv est secoué depuis plusieurs jours par des manifestations anti-Netanyahu. Promis à une fin pathétique, le rallongement de cette guerre dont il ne sortira certainement pas vainqueur, ne fera qu’augmenter la liste de ses méfaits lors de son procès, lequel interviendra selon, ses opposants en Israël, dès que la guerre prendra fin.

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