Le Petit Chaperon rouge est un conte de la tradition populaire occidentale qui a connu de nombreuses versions au cours de l’histoire et selon les pays où il a été repris. On dénombre une centaine de variantes du conte. Ce que l’on sait moins, c’est que ce conte a été traduit en arabe usuel de l’Algérie par M. Tibal, en 1880, comme vous pouvez le constater sur l’affiche du livre illustrant cet article.
Le conte est surtout connu parle biais de deux versions collectées, retranscrites et interprétées par les moralistes Charles Perrault en France et les frères Grimm en Allemagne. Depuis le milieu du XXe siècle, il a fait l’objet de nombreux détournements opérant un retour aux sources de la tradition orale et populaire du conte.
Les paysans français racontaient l’histoire dès le XIVe siècle. L’une des versions orales du conte est des plus sanglantes : le loup, arrivé chez la mère‐grand, la dévore en gardant toutefois un peu de côté, et prend sa place. Le petit garçon arrive et, ne se doutant de rien, obéit à la fausse grand‐mère lui disant de manger un peu de viande et de boire, en fait la chair et le sang de l’aïeule (le petit garçon s’interrogerait même quant aux dents présentes dans la chair, question à laquelle le loup lui répondrait qu’il s’agit de haricots).
Une version de l’histoire du Petit Chaperon rouge est sculptée au palais Jacques‐Cœur de Bourges (en France), palais du XVe siècle, ce qui atteste encore de l’ancienneté de ce conte populaire.
On retrouve trace de l’histoire d’un Petit Chaperon rouge dans la tradition orale de nombreux pays européens, sous différentes versions. Dans ses versions européennes, le conte oppose le plus souvent, dans une convention toute médiévale, l’univers sûr du village aux dangers de la forêt, même si aucune version écrite ne remonte à cette époque.
En fait la version écrite la plus ancienne remonte à un poème « De puella a lupellis servata » compris dans le recueil Fecunda ratis, rédigé au xe siècle par l’écolâtre Egbert de Liège. Le conte du Petit Chaperon rouge est devenu l’un des plus populaires en Europe et dans le monde grâce à la grande versatilité de la situation triangulaire entre le Petit Chaperon rouge, le loup et mère‐Grand. Il permettait aux conteurs de proposer différentes variantes en fonction de leur public et de l’objectif visé.
Le personnage du chasseur (ou d’un bûcheron, selon les versions), inexistant au départ, n’apparaîtra que dans une des versions les plus tardives du conte, celle des frères Grimm, reléguant le Petit Chaperon rouge, qu’il soit homme ou femme, dans un rôle plus passif. Il existe une version chinoise du conte : dans celle‐ci, c’est la grand‐mère qui se rend chez ses trois petites filles. Elle rencontre le loup qui, après l’avoir interrogée, la tue et prend son apparence dans le but de tromper et de manger les trois filles.
Ces dernières, cependant, finissent par comprendre l’imposture et par tuer le loup par la ruse. On peut aussi citer les versions coréennes où l’agresseur est un tigre, la victime, la mère et les enfants, au moins un garçon et une fille.
La plus ancienne version retranscrite et figée est celle de Charles Perrault, parue dans Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités le 11 janvier 1697. Cette version est plus malheureuse et plus moralisatrice que celles qui suivront.
L’héroïne en est une jeune fille bien élevée, la plus jolie du village, qui court à sa perte en donnant au loup qu’elle rencontre dans la forêt les indications nécessaires pour trouver la maison de sa grand‐mère. Le loup mange la vieille dame en se cachant des bûcherons qui travaillent dans la forêt voisine. Il tend ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et finit par la manger. L’histoire se termine ainsi, sur la victoire du loup.