Pour les Amazighs, Yennayer (Tabburt useggas, Ixef ussegas) est le mois de l’austérité. C’est le mois où les provisions accumulées pendant les saisons estivale et automnale commencent à s’amenuiser et où le spectre de la faim commence à s’agiter , aussi accomplit‐on divers rites pour augurer d’une nouvelle année abondante.
« Amenzu n’ yennayer » correspond au 1er janvier du calendrier julien, décalé de 13 jours par rapport grégorien en usage actuellement dans le monde. Même si l’on ne sait pas exactement à quelle époque le mot Yennayer est apparu chez les Amazighs, mais tout porte à croire qu’ il proviendrait du mot latin januarius, mois dédié en l’honneur de Janus, dieu des commencements, des portes, des clés et des choix.
Différents rites sont observés par les populations amazighes durant cette fête. Éloigner la faim, augurer d’une nouvelle année heureuse, célébrer le changement du cycle solaire et accueillir les forces invisibles sur terre sont les quatre principales croyances autour desquelles s’articulent tous les rites pratiqués.
Un sacrifice d’une bête « asfel », souvent d’un ou de plusieurs volailles pour éloigner les forces maléfiques pouvant être générer par le changement du cycle solaire ; un repas copieux, des crêpes, des beignets gonflés, des fruits secs pour écarter la faim et augurer d’une année prospère et enfin la purification de la maison, le changement des ustensiles usagés, des trois pierres du kanoun et des jeux masqués « Amghar n’Ucheqquf » pour accueillir les forces invisibles et avoir leur faveurs.
Comme il a ses prescriptions, Amenzu n’ Yennayer a aussi de nombreux interdits. Il est ainsi interdit de tisser, de moudre et de manger des plats amers ou piquants pour que la nouvelle année ne soit pas de mêmes gouts.
Malgré les bruits et les fureurs de l’histoire, ces rites sont à ce jour, parfois scrupuleusement respectés dans plusieurs régions de l’Afrique du Nord