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Bamako « dénonce » l’accord de paix d’Alger

En faisant l’annonce à bruit médiatique, de la « fin, avec effet immédiat », de l’accord d’Alger signé en 2015, Assimi Goïta en assumera les conséquences immédiates et prévisibles. Le Plan d’Alger, qui a permis au peuple malien de jouir de huit années de paix et de tranquillité, a été brutalement rompu par le colonel.

Ce plan avait ermis également à Bamako aux chefs de la Coordination des mouvements de l’Azawad de se projeter dans l’avenir pour reconstruire un Mali Nouveau. Au plan international, le Plan d’Alger a été longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.

L’acte de rupture de Bamako est d’autant plus regrettable qu’il va à l’encontre des intérêts des Maliens et ne peut que réjouir les « manœuvriers politiques », aux aguets, et qui rêvent d’un chaos organisé pour reprendre la main dans la région.

La junte malienne au pouvoir a invoqué « le changement de posture de certains groupes signataires », mais aussi « les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation », avait indiqué un communiqué lu à la télévision d’État par le colonel Abdoulaye Maïga, porte‐parole du gouvernement installé par les militaires.

L’Algérie a pris connaissance, avec beaucoup de regrets et une profonde préoccupation, de la dénonciation par les autorités maliennes de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.

Dans le communiqué des Affaires étrangères, il est dit que l’Algérie « a un devoir d’information envers le peuple malien frère. Ce dernier sait que l’Algérie n’a jamais failli à travailler à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, avec sincérité, bonne foi et solidarité indéfectible envers le Mali frère ».

Et partant de ce devoir d’informer le peuple malien frère, Alger a mis le doigt sur le processus mis sur les rails à Koulouba et qui se dessinait depuis plusieurs semaines, poussé en arrière plan par des entités identifiées et identifiables : car, pour Alger, « il n’a échappé à personne que les autorités maliennes préparaient cette décision depuis bien longtemps.

Les signes avant‐coureurs depuis deux ans en ont été leur retrait quasi total de la mise en œuvre de l’Accord, leur refus quasi systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de cet Accord, leur contestation de l’intégrité de la médiation internationale, leur désignation de signataires de l’Accord, dûment reconnus, comme dirigeants terroristes, leur demande de retrait de la MINUSMA, l’intensification récente de leurs programmes d’armement financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux.

Toutes ces mesures systématiquement mises en œuvre ont soigneusement préparé le terrain à l’abandon de l’option politique au profit de l’option militaire comme moyen de règlement de la crise malienne ». Ces décisions malheureuses et malvenues ont prouvé par le passé que l’option militaire est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, qu’elle porte en elle les germes d’une guerre civile au Mali.

Assimi Goïta a‐t‐il mesuré les conséquences de sa volonté de se passer de l’aide de ses voisins, d’autant que le voisin principal, l’Algérie, partage avec lui 1 329 km de frontières et a intérêt que le Nord‐Mali demeure tranquille pour des raisons évidentes de voisinage, de commerce, d’anthropologie et de sécurité.

Si l’Azawad se met en guerre contre Bamako, nous en aurons pour au moins dix longues années de chaos dans le Sahel. Est‐ce vraiment le souhait du colonel ? Ou est‐ce uniquement l’impasse dans laquelle il a été malencontreusement fourvoyé ?

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