Le gaz restera longtemps l’énergie dominante en Europe, pour ne pas parler du reste du monde. L’Europe défend la Directive sur le marché du gaz, dans une approche visant à renforcer la sécurité énergétique. Elle explique que le gaz est importé dans l’Union européenne, principalement, et de plus en plus, en provenance de pays tiers; la législation communautaire devrait dès lors tenir compte de l’intégration spécifique du secteur du gaz dans le marché mondial, y compris des différences au niveau des marchés en amont et en aval.
L’UE estime par ailleurs qu’une remontée des prix est peu probable dans les cinq prochaines années en raison de divers facteurs, dont l’arrivée sur le marché de nouveaux gaziers géants transportant du gaz naturel liquéfié qui créent un marché mondial du gaz « plus fongible ».
Les pays producteurs, dont l’Algérie, défendent également leurs intérêts, encourageant les contrats à long terme ou à court terme, afin de s’assurer d’obtenir un prix raisonnable et de rembourser les coûts. Les pays consommateurs estiment que les contrats à long terme sont acceptables à condition d’être conformes aux règles de concurrence, mais qu’ils ne sont pas encouragés, car ils peuvent avoir pour effet de verrouiller le marché.
Il faut dire que la politique de sécurité d’approvisionnement en gaz en Europe, tout comme dans d’autres régions du monde, n’est pas un long fleuve tranquille et qu’elle peut prendre parfois la forme d’un courant furieux comme cela a été le cas ces deux dernières années sous l’effet de la guerre en Ukraine.
Ainsi, le marché gazier mondial est l’un des marchés les plus complexes, connaissant sans cesse des mutations au gré des évènements géopolitiques et autres, imposant des choix en matière de type de contrats gaziers à conclure entre fournisseurs et consommateurs, parfois au prix d’intenses négociations.
A mesure que l’industrie gazière se développe, avec la multiplication des acteurs et l’évolution notable du gaz naturel liquéfié (GNL), de nouvelles formes de commerce, de contrats et de tarification du gaz sont apparues, reflétant la dynamique qui caractérise ce secteur énergétique.
Souvent influencés par les tendances qui dominent le marché gazier notamment la concurrence, la croissance de la demande ainsi que la diversification des réseaux de livraison, ces contrats sont conclus soit pour des délais prolongés (au delà de 15 ans) ou à court terme, en fonction des besoins exprimés, comme le souligne une dépêche de l’APS.
Et si l’on remonte le cours du temps ! Les contrats long terme, dits « take‐or‐pay », sont apparus dans les années 1960, quand il a fallu construire des gazoducs coûteux et des usines de liquéfaction et regazéification pour acheminer du gaz depuis le producteur jusqu’au client.
Ces contrats sont souvent conclus avec l’application d’une politique de prix négociée entre l’acheteur et le vendeur et la détermination des conditions spécifiques de livraison, telles que les volumes et les clauses contractuelles de fourniture.
Ainsi, dans ces contrats, sont précisés les niveaux minimum et maximum du volume d’exportation, avec une clause de destination (ou de restrictions territoriales), qui exclue le changement de la destination du gaz livré afin d’optimiser sa valeur avec, en contre partie, le partage de bénéfice dégagé (clause de partage de profit).
Ce type de contrats gaziers renferme plusieurs avantages au profit des deux parties. Ils offrent particulièrement cette sécurité recherchée en matière de continuité dans l’approvisionnement et une tarification mutuellement établie à l’occasion de la signature d’accords bilatéraux.
Pour l’acheteur, ce type de contrats lui garantit un approvisionnement fiable à des prix relativement stables sur une période prolongée, ce qui lui facilite la planification à long terme et réduit le risque de pénuries. Quant au fournisseur, le contrat à long terme lui assure une source de revenus stable et prévisible, tout en étant sécurisé dans sa politique d’investissement sur de nouveaux projets d’exploration et de développement.
S’agissant de la tarification appliquée, le mécanisme de prix le plus utilisé lors d’un contrat à long terme est celui de l’indexation pétrolière. Le prix du gaz est associé au cours du pétrole brut ou aux produits pétroliers, avec une provision pour le prix de base et des clauses d’indexation.
LE SOMMET D’ALGER, UNE OPPORTUNITÉ IMMENSE POUR LES ACTEURS DU MARCHÉ
Cependant, dès le début des années 2000, le marché spot est venu bouleverser le fonctionnement des transactions gazières avec des contrats s’effectuant au jour le jour. Les prix sont fixés « on the spot » c’est‐à‐dire sur le moment et au comptant, en fonction de diver facteurs, tels que l’offre et la demande, les conditions météorologiques et les événement géopolitiques.
Les contrats « spot » renferment cette flexibilité profitable aux deux parties, en permettant de réagir rapidement aux changements du marché et de s’adapter aux différentes situations notamment lorsque les besoin en gaz varient de manière imprévisible ou pour des approvisionnements supplémentaires en période de pointe
Pour l’Algérie, qui abrite le 7 Sommet du GECF (Forum de pays exportateurs de gaz), la majorité des contrats conclus avec ses clients sont de contrats de livraisons gazières à long terme, un choix stratégique et bien réfléchi, faisant du pays un fournisseur gazier sûr et fiable, tout en pérennisant ses investissements dans l’amont gazier, lesquels sont vitaux pour assurer la sécurité des approvisionnements futurs.
Intervenant hier sur les ondes de la Radio algérienne, le docteur Chegrouche a indiqué que ce Sommet revêt un caractère « exceptionnel », vu qu’il regroupera des dirigeants influent sur la scène internationale et sur le devenir du gaz.
Le chercheur a expliqué, dans ce sens, que les membres du GECF « ont le pouvoir de changer les conditions du marché à leur avantage », au vu de la volonté et de l' »entente » qui règne entre eux, précisant que l' »Algérie est le seul pays capable, au cours de ce Sommet d’assurer cette harmonie » grâce à son expérience en matière de négociations.
Et afin de garantir leurs intérêt et surtout leur souveraineté, les membres du Forum vont, a‐t‐il estimé, défendre les principes du « Take or Pay » (enlever ou payer), ainsi que celui d’un prix « équitable », en favorisant le contrats à long terme et non pas les marchés Spot qui « n’offrent pas de stabilité », selon lui.
Pour cela, M. Chegrouche s’attend, dans son analyse, à ce que le Sommet d’Alger aboutisse à « une plateforme de convergence », qui « ferait son succès » et qui pourrait « donner naissance dans quelques années, à une entité similaire à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ».
Tout en mettant en avant le « rôle de médiateur » pour lequel est connue l’Algérie, le chercheur a insisté sur le caractère « stratégique », du Sommet d’Alger, du fait qu’il permettra de « définir les règles de concertation technique et stratégique entre les pays producteurs exportateurs ».