Le premier responsable de l’association de protection des consommateurs (APOCE) juge cependant que les prix actuels du poulet sont injustes. Il relève que les prix de la viande rouge restent également très élevés en dépit des importations.
L’EXPRESS : QUELLE EST VOTRE APPRÉCIATION SUR LA MAÎTRISE DU MARCHÉ EN CE DÉBUT DU RAMADHAN ?
Mustapha Zebdi : Il convient de faire le constat concernant les produits agricoles et les produits agroalimentaires, il n’y a pas de pénurie. Nous constatons une abondance sur le marché concernant les produits de large consommation. Les prix n’ont pas connu de hausse à l’exception de 2 ou 3 produits. En tout état de cause, on est grosso modo loin des hausses des prix des années précédentes pour beaucoup de produits.
Les efforts effectués dans la régulation, dans l’organisation du marché, dans la traçabilité donnent satisfaction. Mais le marché national reste imprévisible. Il faut rester éveillés et surveiller le marché.
COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS QUE LES PRIX DU POULET RESTENT TRÈS ÉLEVÉS ?
Les prix du poulet actuellement n’ont pas pour l’heure atteint les niveaux sans précédent connus il y a quelque temps, à savoir 600 dinars le kilogramme. Mais ils restent très élevés. Ils connaissent une hausse par rapport à ceux des deux dernières semaines.
Les prix tournent autour de 500 dinars le kilogramme. Il y a eu importation de quantités de viande blanche du Brésil. Un poulet importé était cédé à 500 dinars le 1,5‐1,7 kilogramme Mais des voix se sont élevées : « Ces importations vont détruire le petit éleveur ». Cela a freiné les importations de poulet et du coup le marché n’a pas connu une baisse des prix du poulet, ni une stabilité des prix.
Les prix du poulet aujourd’hui sur le marché de détail sont injustes. Au regard des prix du poulet de l’ONAB, l’Office national de l’aliment du bétail, cédés à 400 dinars le kilogramme. Pourtant, cette entreprise cherche à faire des gains économiques. Il y a donc des marges bénéficiaires différentes assez importantes.
QU’EN EST –IL DES PRIX DE LA VIANDE ROUGE TRÈS PRISÉE AU COURS DU MOIS DE RAMADHAN ?
Les prix de la viande ovine très prisée au cours du mois de Ramadhan se situent entre 2 600 et 2 800 dinars le kilogramme. Ce sont des prix très élevés. Il y a eu des importations de quantités de viande rouge pour satisfaire le marché pendant le mois de Ramadhan. Ces quantités s’avèrent insuffisantes. Il y a eu décalage entre l’arrivée de ces quantités de viande et une demande en augmentation pendant le Ramadhan. Tout comme les points de vente de la viande importée, ils restent insuffisants.
COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS QUE L’OFFRE LOCALE DE VIANDE ROUGE N’ARRIVE PAS À SATISFAIRE LA DEMANDE DOMESTIQUE ?
C’est une grande question. Ce qu’on constate, c’est qu’il y a un manque de têtes d’ovins et de bovins sur le sol national.
On avançait que l’Algérie disposait de 26 millions de têtes d’ovins, on s’est retrouvé avec 19 millions de têtes. A quoi est due cette situation ? Aux éleveurs qui quittent le métier ? Aux coûts ? Aux intermédiaires qui poussent les prix à la hausse ? Cette grande question doit être prise en charge dans le cadre d’une étude. Inverser la tendance suppose de grands investissements dans l’élevage comme on l’a fait pour la production de fruits et légumes, pour l’élevage de vaches laitières.
Les pouvoirs publics doivent intervenir pour qu’il y ait de grands investissements dans l’élevage d’ovins et de bovins, pour satisfaire les besoins des consommateurs, pour que l’Algérie soit autonome en matière d’offre concernant la viande rouge.
LES MARCHÉS DE PROXIMITÉ QUI SERONT OUVERTS EN PLUS GRAND NOMBRE PENDANT LE RAMADHAN SONT-ILS SUFFISANTS ?
Il y a un grand manque dans les marchés de proximité. Il y a de grandes communes qui ne disposent pas de marché communal. Même dans la capitale. Certains marchés de proximité sont abandonnés parce que éloignés des zones urbaines ou des centres de consommation.
Notre association a appelé à la mise en place de marchés parisiens (espaces constitués de tentes ou de véhicules aménagés pour la vente où l’aspect esthétique n’est pas négligé) pour rapprocher le consommateur et mettre à sa disposition ce dont il a besoin sans se déplacer à des kilomètres pour s’approvisionner. Leur mise en place permettra un meilleur approvisionnement des consommateurs.
LE PLAFONNEMENT DES MARGES BÉNÉFICIAIRES POUR LES PRODUITS DE LARGE CONSOMMATION EST-IL APPLIQUÉ ?
Il y a eu l’application du plafonnement des marges bénéficiaires pour les légumes secs et pour la viande rouge importée. Il y a quelques listes de produits qui sont en cours d’élaboration par le Ministère du commerce.