A mesure que les deux guerres, celle en Ukraine et celle à Gaza, s’approchent de la fin, les yeux des experts en géopolitique scrutent les nouveaux espaces où les bivouacs militaires vont planter les nouveaux décors des zones‑crises.
Car si la guerre à Gaza mobilise les médias et l’opinion publique dans tout l’espace du monde arabe et musulman, c’est par égard à la charge émotionnelle et spirituelle qu’elle dégage. D’autant que l’agresseur sioniste fait reculer le «fascisme d’Etat» chaque fois un peu plus.
Mais pour l’Algérie, il y a des soucis aux portes, et urgence il y a ; car l’Algérie partage des frontières terrestres avec ses sept pays voisins (Sahara occidental, Libye, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, et Tunisie) pour un total de 6 734 km de frontières. Et à la lisière de ces bandes frontalières, les tensions montent. Si au Niger, le mot qui résume le plus la situation des putschistes est celle du «Niger ni paix», c’est le pays voisin, le Mali, qui nous pose le plus de soucis, cette fois‑ci.
La guerre entre les Mouvements de l’Azawad et Bamako a atteint le point de non‑retour, et il est aujourd’hui de l’ordre de l’invraisemblable que les belligérants puissent faire l’effort de s’asseoir autour d’une table de négociations, après ce qui s’est passé à Kidal, la semaine passée. Les choses ont dépassé le stade du casus belli et sont entrées dans la phase de la guerre ouverte où tous les coups sont permis.
Bamako s’appuie sur la souveraineté nationale pour récupérer les bastions qu’occupait la Minusma jusque‑là, alors que la rébellion du Nord‑Mali rappelle qu’elle occupait ses bastions avant l’arrivée de la mission onusienne et que les Famas ne respectent pas les Accords convenus entre les deux parties.
Après l’intercession d’Alger pour ramener la paix au Nord‑Mali en 1991, avec les accords de Tamanrasset, puis celle de 2006, puis de 2015, il serait difficile aujourd’hui de faire entendre la voix de la raison à deux camps bien décidés cette fois‑ci à en découdre.
Le Soudan est l’autre guerre oubliée par un Occident concentré depuis deux ans sur celle menée contre la Russie par Ukraine interposée. Les deux camps rivaux usent d’armes lourdes pour s’imposer sur un terrain qui prend au piège surtout les populations civiles, avec près de 1,5 million de déplacés et des centaines de morts.
La déflagration au Soudan est surtout inquiétante par le poids et la diversité des acteurs indirects qui manipulent Abdel Fattah al‑Burhane et Mohamed Hamdan Dagalo Hemedti pour leur propre compte.