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Professeur à l’université Columbia, Joseph A. Massad : « La sauvagerie de l’occupant sioniste est le signe de sa défaite imminente »

Les dernières années de toutes les colonies de peuplement ont été marquées par une sauvagerie coloniale plus prononcée, y compris le génocide. Joseph A. Massad estime que « la prise de conscience que la perte du pouvoir colonial est proche pousse les forces coloniales à utiliser les méthodes les plus barbares pour vaincre la révolte des peuples autochtones ».

Joseph A. Massad, professeur associé à l’université Columbia, rappelle les grands génocides des Etats colonisateurs, génocides symptomatiques d’une perte de pouvoir et d’une fin imminente. Citant le Kenya, où « les Britanniques ont tué jusqu’à 100 000 Kenyans au cours de la guerre de libération nationale qui a mis fin au régime colonial de la suprématie blanche en 1963, les guerres de libération en Angola et au Mozambique contre leurs colons portugais et le régime de la suprématie blanche ont coûté des dizaines de milliers de vies entre 1956 et 1976, ils rappellent comment a été accélérée la fin de l’Afrique du Sud-Apartheid, où les États-Unis et l’Afrique du Sud, aux côtés des forces mercenaires, ont mené des guerres racistes contre les peuples des deux pays entre 1975 et 1992, tuant 1,5 million de personnes en Angola et au Mozambique sur une population totale de 23 millions d’habitants, faisant également que douze millions de plus sont devenus des réfugiés ».

Aujourd’hui encore, c’est le même constat qui est fait, avec Israël qui a tué des milliers de Palestiniens depuis la signature d’un traité de « paix » préliminaire en septembre 1993. Au cours des 30 années du « processus de paix » jusqu’en septembre 2023 – juste avant le génocide actuel à Gaza –, Israël a tué plus de 12 000 Palestiniens.

Aujourd’hui, sur les cinq derniers mois, le décompte pointe à 32 000 Palestiniens tués, dont une majorité de femmes et d’enfants. Mais, dit Massad, « de tous ces précédents, l’Algérie est peut-être l’exemple le plus pertinent de ce qui se passe à Gaza ». Et de rappeler comment l’armée française a commencé à dépeupler les Algériens, déplaçant des villages entiers loin des zones d’activité du FLN », créant des milices anti-FLN, décrivant les combattants du FLN comme des « criquets » dans une vaste campagne de propagande, tout en se présentant comme sauvant les Algériens des maux du communisme et du nationalisme arabe du président égyptien Gamal Abdul-Nasser ».

Cela n’est pas sans rappeler les tentatives américaines et israéliennes de « sauver » les Palestiniens des maux du « terrorisme » et de la solidarité iranienne. En avril 1955, dit Massad, les Français déclarèrent l’état d’urgence dans certaines régions, qui s’étendit progressivement à toute l’Algérie. « Les châtiments collectifs des villages algériens et la torture aveugle des personnes arrêtées étaient désormais à l’ordre du jour alors que le gouvernement appelait les réservistes de l’armée parmi les colons à se joindre au combat ».

La mobilisation de la résistance contre l’ordre colonial a conduit à une répression française massive lors de la bataille d’Alger, menée de janvier à septembre 1957, y compris la torture généralisée de civils. Pendant ce temps, les services secrets français multipliaient les assassinats et attaquaient des membres du FLN et des marchands d’armes allemands en Allemagne. Ils ont fait exploser un navire dans le port de Hambourg transportant des armes vers l’Algérie, attaques sur lesquelles l’Allemagne de l’Ouest du chancelier Konrad Adenauer a fermé les yeux tout en espionnant les Algériens et d’autres musulmans pour le compte des Français.

A l’action du FLN, l’armée française, « la police et les colons ont répondu en tuant des milliers d’Algériens ». Des dizaines de personnes ont été abattues sur place et des centaines d’autres ont été rassemblées dans le stade de football de Philippeville et exécutées. Entre 12 000 et 20 000 personnes ont été tuées. Une nouvelle phase de la révolte venait de commencer.

Ce qui dans une logique de fuite en avant, devait préfigurer la défaite de la France. Important rappel pour planter le décor des intellectuels de cette époque, « alors que des philosophes français tels que Jean-Paul Sartre et Francis Jeanson, comme Frantz Fanon, soutenaient l’indépendance algérienne et le FLN, le philosophe juif algérien Jacques Derrida s’est rangé du côté des colons et s’est opposé à l’indépendance de l’Algérie ».

A l’action du FLN, l’armée française, « la police et les colons ont répondu en tuant des milliers d’Algériens ». Des dizaines de personnes ont été abattues sur place et des centaines ont été rassemblées dans le stade de football de Philippeville et exécutées. Entre 12.000 et 20.000 personnes ont été tuées. Une nouvelle phase de la révolte venait de commencer. Ce qui dans une logique de fuite en avant, devait préfigurer la défaite définitive et finale de la France

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