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Bourbaâtache, un lieu de torture de l’armée française

Situé à la sortie de la ville d’El-Kseur sur la route nationale n° 12, précisément au croisement qui relie Il Maten et At-Hmed Garet, le musée du chahid de Bourbaâtache inauguré en 2009 était durant la guerre d’indépendance un haut lieu de torture de l’armée coloniale française.

Les témoignages recueillis auprès des survivants de ce centre de torture par Karim Chikh, écrivain et ex journaliste radio, initiateur du projet de transformation des lieux en musée, témoignent de la bestialité et de la barbarie de l’armée française.

Les témoignages de Melaaz Ouchikha, la mère de Karim Chikh qui a échappé de justesse à l’enfer de Bourbatache, donnent une idée sur la sauvagerie de la soldatesque coloniale.

Brulée, écartelée, étouffée…elle a subi les pires sévices dont les stigmates l’ont accompagnée jusqu’à sa mort en 2014.

L’atrocité des tortures faisaient dire aux suppliciés n’importe quoi pour mettre un terme à leurs souffrances. Supplice de la roue, gégène, crucifixion, viol, écrasement des testicules, introduction de bouteilles ou autre objet dans les sexes des femmes, arrachage de dents et des ongles… les sinistres soldats qui géraient ce centre s’ingénient à pratiquer toutes les méthodes de tortures pour faire parler les détenus avant de les exécuter et de jeter leurs cadavres dans les environs.

Contrairement à ce que tentait de faire croire le gouvernement français d’alors, la torture était pratiquée à grande échelle par l’armée française, elle lui était même un rouage essentiel.

Au total quelque 530 détenus ont succombé aux tortures ou exécutés sommairement dans le camp d’internement de Bourbatache avant d’être jetés aux chacals ou enterrés dans des charniers de fortune.

VISITE DES LIEUX

Accompagné de Karim Chikh et de Mhand Messaouda, un féru d’histoire, nous avons fait la visite des lieux. La bâtisse qui était à l’origine une maison cantonnière avant d’être réquisitionnée par l’armée française pour la transformer en camp d’internement, est constituée de deux étages et d’un sous-sol transformé en deux cellules étroites et sombres avec de petites lucarnes pour l’aération.

Aujourd’hui encore, on peut voir les gros anneaux fixés au mur ou l’on attachait les chaînes des prisonniers qui s’entassent dans ces cachots. Hormis l’escalier qui mène vers le sous-sol qui a été retouché et des coups de peinture ici et là, la bâtisse a gardé presque son aspect originel. Elle est telle qu’était au temps de sa transformation en camp d’internement.

«On a voulu la laisser telle qu’elle était. Même le bureau du sinistre sergent Morvaison, le tortionnaire en chef est là» nous dit Karim Cheikh.

Le premier et le second palier de la bâtisse sont constitués chacun de deux chambres qui servaient de bureau et de chambres à coucher pour les soldats français. Mis à part le bureau qu’utilisait le sinistre Morvaisa, appelé par les populations locales «Vou Chamar» (le barbu), aucun objet remontant à cette époque ne se trouve actuellement dans les locaux.

Dans la cour, on peut voir, les débris d’un avion abattu en 1957 par les moudjahidine, déterrés au village Amirouchene par Karim Chikh. Ils sont là depuis 2006, date de leur récupération.

A côté de la bâtisse principale, on peut voir trois autres petites dépendances. «L’une est une salle qui servait aux soldats, l’autre est une boulangerie et la dernière est une pièce qui abritait les harkis» nous dit Karim Chikh.

A l’extérieur, sur un mur, les pointes de fer qui servaient à empaler les prisonniers sont encore là. De même que les trappes et les fosses on l’on jette les prisonniers dans des eaux usées jusqu’aux genoux.

Même s’il est, aujourd’hui, transformé en musée de chahid où l’on peut voir accroché au mur les portraits des martyrs et des moudjahidines de l’ALN ainsi que d’autres photos datant du temps de la guerre, les lieux respirent encore l’horreur. Ils témoignent des monstruosités subies et supportées par la population pour que l’Algérie vive libre et indépendante.

Un livre écrit par Karim Chikh et un film documentaire ont été consacrés à ce haut lieu de torture, mais beaucoup reste à dire sur ce lieu maudit où l’on a fracassé même des bébés sur ses murs.

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