Après avoir formé l’Alliance des quatre partis avec le FLN, le RND et Al Moustakbal, Abdelkader Bengrina, président d’El Bina, forme une autre alliance autour de son parti El Bina avec neuf autres partis qui s’activent pour constituer un des pôles de soutien les plus actifs à la candidature du président Tebboune. Produit pur jus du MSP, Bengrina se pose aujourd’hui sur une ligne plus nationale-conservatrice, ligne qu’il défend et explique comme étant la continuité du message des chouhada. Ancien ministre et personnage très visible sur la scène médiatique, Bengrina répond dans cet entretien en toute franchise aux questions de l’Express.
TOUT D’ABORD, VOTRE DÉCISION DE SOUTENIR LE CANDIDAT ABDELMADJID TEBBOUNE POUR UN NOUVEL EXERCICE PRÉSIDENTIEL PROCÈDE-T-ELLE D’UNE POSITION PERSONNELLE OU D’UN CHOIX STRUCTUREL DU PARTI ?
Nous avons lancé une large consultation au sein de nos structures, de la base militante aux cadres du parti, et nous en sommes sortis avec la décision de soutenir la candidature du candidat Abdelmadjid Tebboune pour un nouveau mandat.
Nous ne sommes pas un parti télé‐ commandé, et notre seule ligne de conduite est l’intérêt de l’Algérie suivant les orientations du Conseil consultatif du parti et le souhait de la base militante qui est intégrée dans toutes les prises de décision qui se posent à nous.
VOUS AVIEZ FAIT ÉQUIPE AVEC LES PARTIS DITS MAJORITAIRES, PUIS VOUS VOUS ÊTES RETIRÉS, CRÉANT DANS LE SILLAGE UNE AUTRE ALLIANCE POLITIQUE, TOUJOURS DANS LA PERSPECTIVE D’UN SOUTIEN POLITIQUE À LA CANDIDATURE DE TEBBOUNE. DES EXPLICATIONS ?
Au sein de notre parti, nous tendons constamment vers les alliances politiques, la cohésion nationale et le renforcement du rang national. Notre approche avec les partis majoritaires, le FLN, le RND et El Moustakbel, est toujours valable, comme notre alliance avec de nouveaux partis l’est également : nous sommes en constante relation avec ces partis. Nous nous sommes rencontrés, après plusieurs contacts préliminaires, pour un soutien en force à la candidature de Tebboune.
La position est inchangée et ce sont peut‐être des points de détail qui semblent donner à voir que cette alliance a été lézardée? Sinon, dans le fond, rien n’a été perturbé, encore moins changé : on est tous mobilisés pour le même objectif.
LA CANDIDATURE DE HASSANI NE RISQUE-T-ELLE PAS DE PERTURBER LES PLANS DE BENGRINA, PUISQUE VOUS ÊTRES ISSUS DE LA MÊME MATRICE ET DE CE FAIT, VOTRE FONDS ÉLECTORAL EST PRESQUE LE MÊME…
Nos frères du MSP, dont nous sommes effectivement proches, nous les respectons, comme nous respectons leur Conseil consultatif qui a décidé de présenter la candidature unique de son président, Abdellali Hassani, à qui je souhaite beaucoup de chance dans sa collecte de signatures et dans son parcours, pour sa première expérience à ce niveau, et la première du parti depuis l’expérience du MSP depuis 1995.
El Bina est un parti nationaliste conservateur, nous partageons avec le MSP, comme nous partageons avec le FFS ou le PT, beaucoup de valeurs communes, d’objectifs et combats politiques, puis chacun a ses outils et son mode opératoire.
À PARTIR DE QUELLE RÉGION COMPTEZ-VOUS LANCER LA CAMPAGNE ÉLECTORALE DU CANDIDAT ABDELMADJID TEBBOUNE ?
La décision revient au candidat que nous soutenons. C’est lui qui va faire le casting de la campagne. S’il estime que nous devons lancer la campagne à partir de Tindouf, nous le ferons. Et s’il estime que nous devons lancer cette campagne à partir de la Grand‐Poste, symbole du hirak, nous le ferons à partir de cette place forte. CE QUI SOUS-ENTEND QUE VOUS SEREZ SOUS LES ORDRES DE LA DIRECTION DE CAMPAGNE DU CANDIDAT TEBBOUNE…
Non, non, les choses ne fonctionnent pas de la sorte. Nous sommes un parti totalement indépendant et nous nous coordonnons avec nos partenaires dans la campagne. Il s’agit plutôt de coordination, car il serait impensable d’être le même jour au même endroit avec un autre parti, car cela ressemblerait à quoi ?
La coordination est nécessaire pour la réussite de notre campagne…
QU’EST-CE QUI A CHANGÉ ENTRE LE BENGRINA DU MSP ET LE BENGRINA D’EL BINA ?
Pas grand‐chose, je pense. Sans me van‐ ter plus que de mesure, je dis que Bengrina est un homme à principes. Mes positions sont les mêmes sur les questions majeures, dans l’intérêt de l’Algérie, pour les causes justes, le soutien inconditionnel à la question palestinienne ou sahraouie. Même si nous changeons d’emplacement, nous ne changeons pas de position ni de principe.