Ministre dans quatre gouvernements successifs, ancienne journaliste rédactrice en chef à la télévision nationale, présidente de Tajamou Amel el Djazaïr (TAJ), Fatma-Zohra Zerouati a eu pour le moins un parcours politique exceptionnel.
Femme politique, elle est née le 18 novembre 1967, à Ain-Defla. Elle a fait une formation d’ingénieure d’État en Écologie et Environnement. Mais c’est son passage à la télévision algérienne qui va déterminer son parcours politique.
Journaliste, grand reporter de la télévision publique, elle y a présenté de nombreuses émissions, avant de se voir désignée à la tête de la Fédération nationale de la protection de l’environnement, puis membre du Conseil national des droits de l’homme.
Engagée dans l’action politique, elle est en 2012 dans le staff dirigeant de TAJ, puis, le 25 mai 2017, Zerouati est nommée ministre de l’Environnement et des Énergies renouvelables du nouveau gouvernement Tebboune, et garde son portefeuille dans plusieurs gouvernements.
Affable et prolixe, elle répond aux questions avec sérénité en regardant l’échéance électorale à venir comme une fête de la démocratie, mais encore plus comme une occasion pour avancer dans la cohésion nationale.
VOUS VOUS ÊTES FINALEMENT EXPRIMÉS SUR LA PRÉSIDENTIELLE EN APPORTANT, RÉCEMMENT, VOTRE SOUTIEN À LA CANDIDATURE DE ABDELMADJID TEBBOUNE…
Oui, effectivement. Notre parti a pris son temps pour jauger la situation et nous avons attendu l’annonce du candidat Tebboune pour déclarer que notre parti, TAJ, soutient la candidature de Tebboune.
Notre parti s’inscrit donc dans une logique de continuité et de stabilité. Nous voulons que le peuple se mobilise autour d’un programme rassembleur et efficace pour le pays, pour nous permettre de construire un élan national efficient.
Du reste, le moment est venu d’arriver à des objectifs qui contribuent au bien‐être des citoyens, dans le cadre de nos valeurs.
VOUS SEMBLEZ NE PAS AVOIR DONNÉ SUITE À L’APPEL D’EL BINA QUI VOUS A CONTACTÉ POUR PARTICIPER AU CONGLOMÉRAT DE PARTIS QUI SONT DANS LA MÊME PERSPECTIVE QUE VOUS…
On peut avoir les mêmes objectifs et avoir des divergences de forme, de moyens ou d’outils. Les modes opératoires sont difficilement conciliables entre partis.
Effectivement, El Bina nous a bien contactés et nous, au sein de la direction du parti, nous avions pris notre temps pour étudier les choses.
Tajamou Amel el Djazaïr est un parti qui a son statut et sa personnalité. Nous nous engageons dans des alliances qui en même temps participent à garder nos principes propres et à maintenir le cap sur nos objectifs et à faire aboutir notre action politique.
COMMENT COMPTEZ-VOUS PERSUADER L’ÉLECTEUR AVEC UN DISCOURS COMPRÉHENSIBLE ET CONVAINCANT ?
Je vais être claire avec vous ; nous voyons dans les autres partis des partenaires politiques. Mais nous estimons que ce partenariat politique doit être construit sur des convergences, que nous sommes dans la même direction. Dès lors, dans un dernier temps, pour l’intérêt général, il faut que tous soient convaincus que nous sommes là pour représenter le peuple électeur.
PLUSIEURS PÔLES S’IMPOSENT COMME LA LOCOMOTIVE POLITIQUE DU SOUTIEN À LA CANDIDATURE DE TEBBOUNE. VOUS VOUS SITUEZ DANS QUEL PÔLE ?
Actuellement, il existe au sein de la classe politique une large gamme de formations politiques dont le poids est presque similaire, ou, en tout cas, proche.
Nous n’avons pas un FLN de type après‐indépendance qui était hyper‐hégémonique, mais des partis, de taille différente mais pas très éloignés les uns des autres, qui participent, comme TAJ, à apporter une plus‐value sur l’échiquier politique national.
J’insiste sur cette réalité pour remettre les choses à leur place, car certains voudraient bien nous faire croire qu’ils sont plus imposants que d’autres sur la scène politique.
En fait, un petit devient grand parmi les grands comme un grand devient petit au sein des petits ; celui qui pense être grand au sein de petits partis n’est de toute évidence pas grand ; donc, il n’y a pas actuellement de super partis ou de partis hégémoniques, et c’est tant mieux pour la démocratie.
VOUS ALLEZ CERTAINEMENT COORDONNER AVEC D’AUTRES FORMATIONS, AINSI QU’AVEC LA DIRECTION DE CAMPAGNE DU CANDIDAT TEBBOUNE. AVEZ-VOUS ARRÊTÉ UN PROGRAMME DÉFINI…
La coordination se tiendra en son temps : TAJ est prêt ; et dès qu’on nous demande de bouger dans un sens ou dans un autre, on est prêt pour cette action.
Notre parti cherche surtout à apporter sa contribution à la construction de l’édifice ; nous présenterons des idées qui seront un plus pour le président Tebboune. De ce fait, les alliances viendront en leur temps et avec leurs conditions.
AVEZ-VOUS PRIS CONNAISSANCE DU PROGRAMME OPÉRATIONNEL DU CANDIDAT TEBBOUNE POUR LE PROCHAIN EXERCICE PRÉSIDENTIEL, S’IL EST RÉÉLU ?
De toute évidence, le programme de Tebboune sera un programme économique par excellence. Le contexte, les objectifs et les moyens imposent cette évidence.
Maintenant, au sein de la classe politique, il faut avoir une culture d’Etat, afin de corriger les erreurs et renforcer la démocratie.
De ce point de vue, nous ferons en sorte que la réussite du candidat Tebboune soit également celle de la démocratie et de la transparence.
Le grand effort social opéré a eu des effets positifs sur tous, et c’est là une voie pour la stabilité et la paix pour notre société, car l’économie influe sur tous les autres secteurs, et dans ce sens, nous produirons et donnerons un plus dans cette voie.
Finalement nous avons besoin de rassembler toutes nos idées afin de faire de notre mieux, il faut réfléchir à la génération future, il faut que nos idées prospectent sur les dix prochaines années.
TAJ A-T-IL GARDÉ OU DILAPIDÉ LES CARTES QU’IL POSSÉDAIT AU MILIEU DES ANNÉES 2010 ?
Je n’accepte pas cette question formulée sous cette forme, car il faut chercher l’effet sur les citoyens : le positionnement des partis ne doit pas être conjoncturel et doit être basé sur la diversification ; on a besoin d’opposition.
Donc, TAJ, par son action pondérée et conciliante, travaille et prépare des actions qui peuvent donner un plus au niveau des APC, dont beaucoup se trouvent aujourd’hui en situation de blocage. Il ne faut pas dilapider à tout vent comme cela avait été le cas dans les pratiques de l’ancien système.
Si nous avions investi tout cet argent dans des projets porteurs, l’Algérie serait aujourd’hui un paradis.
Comment développer telle ou telle région ? Telle est la question qui doit être posée et tel est l’objectif de TAJ dans sa politique avec le citoyen.
L’action politique a besoin de stabilité, car il faut se mettre à l’esprit que le citoyen sent cette trahison dont il a été témoin. La correction de cette fracture entre le citoyen et les partis est la responsabilité de nous tous.