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Algérie – Espagne: Le dégel officiellement annoncé

Les relations entre l’Algérie et l’Espagne semblent revenir à la normale, marquées par une reprise des échanges commerciaux.

Le signe de cette normalisation est l’exportation imminente de 150 000 tonnes de fer par l’entreprise Tosyali Algérie vers l’Espagne confirmée par le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni.

Intervenant sur le plateau de la télévision publique, le ministre a affirmé que l’Algérie était prête à renforcer ses relations économiques avec l’Espagne. «Nous sommes ouverts à toutes les demandes de partenariats économiques avec l’Espagne, et nous offrons toutes les facilités nécessaires », a déclaré Zitouni.

Cette ouverture est principalement due au réchauffe‐ ment des relations après que l’Espagne a adopté une position qualifiée de «souveraine et cou‐ rageuse» par rapport à la cause palestinienne, en accord avec les principes de la diplomatie algérienne, selon le ministre.

Zitouni a rappelé que les échanges commerciaux avec l’Espagne étaient auparavant normaux, mais que les opérateurs économiques algériens avaient souvent pris des positions militantes sans directives politiques explicites.

«En tant que petits‐fils de Larbi Ben M’hidi, les opérateurs algériens agissent en militants. Ils prennent des positions en faveur de la Palestine, même sans une décision officielle de l’Algérie de stopper les échanges avec l’Espagne», a‐t‐il expliqué.

Zitouni a souligné que l’Algérie ne pouvait pas commercer et investir avec un pays qui «ne respectait pas les principes de bon voisinage, notamment le soutien aux causes justes dans le monde».

Toutefois, il a noté que la reprise des relations commerciales avec l’Espagne, suite à son changement de position, «devrait intensifier les échanges et encourager les entreprises algériennes à multiplier les partenariats avec leurs homo‐ logues espagnols».

Le ministre a conclu en précisant que «la diplomatie économique suit la diplomatie» et que lorsque les relations sont bonnes, tout le reste suit. Il a réaffirmé que l’Algérie restait fidèle à ses principes, qu’elle défend et n’abandonne jamais.

RETOUR SUR LA CRISE ENTRE L’ALGÉRIE ET L’Espagne

La crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne a été déclenchée en mars 2022 en raison de la décision du gouvernement espagnol de soutenir le plan marocain pour le Sahara occidental.

Cette décision a entraîné des représailles de la part des autorités algériennes, avec le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid et la suspension du Traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage, ainsi que la suspension des transactions commerciales entre les deux pays, en juin de la même année. La crise diplomatique entre Alger et Madrid a duré 19 mois (mars 2022‐ novembre 2023).

Le processus de dégel des relations entre l’Algérie et l’Espagne a débuté lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2023, où Alger et Madrid ont renoué le contact.

L’évolution du discours de Pedro Sánchez, chef du gouvernement espagnol, sur la question du Sahara a joué un rôle crucial dans cette détente. Les déclarations de Sánchez à l’ONU, plaidant pour une solution au conflit du Sahara occidental conformément à la charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de Sécurité, ont été bien accueillies à Alger.

La position espagnole en faveur de la création d’un État palestinien a également contribué au dégel des relations, comme en témoigne le discours d’investiture de Pedro Sánchez appelant Israël à mettre fin à la «tuerie aveugle» des Palestiniens.

En novembre 2023, l’Algérie a nommé un nouvel ambassadeur en Espagne, en la personne d’Abdelfetah Deghmoum.

Le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Algérie et l’Espagne a ouvert la voie à la reprise des relations commerciales entre les deux pays.

Entre janvier et février derniers, l’Algérie avait autorisé l’importation d’intrants avicoles et de la viande rouge fraîche en provenance d’Espagne.

Le dégel amorcé avec la nomination, le 17 novembre 2023, du nouvel ambassadeur d’Algérie à Madrid, s’est confirmé aussi sur le plan commercial.

Dans une note partagée sur les réseaux sociaux, l’Association algérienne des banques et des établissements financiers (ABEF) a confirmé, depuis le 14 janvier, la levée de l’interdiction sur les produits avicoles espagnols. «Nous avons l’honneur de vous informer que l’importation des intrants avicoles, en l’occurrence les poussins de chair, les poussins de ponte ainsi que les œufs à couver en provenance du Royaume d’Espagne, est autorisée», a indiqué l’ABEF dans sa note adressée aux différentes banques du pays.

L’information est reprise aussi par des médias espagnols, dont le quotidien El País qui a affirmé que les autorités algériennes «ont levé le blocus sur l’importation des produits espagnols. La mesure a concerné au moins un secteur qui est celui de l’agriculture, et plus particulièrement la filière avicole», a rapporté le journal espagnol, qui dit avoir vérifié l’information auprès de sources officielles.

«Désormais, on s’attend à ce que cette politique s’étende bientôt au reste des secteurs économiques, prédisent des sources algériennes proches du gouvernement de ce pays d’Afrique du Nord», a ajouté le journal.

L’impact de cette crise s’est fait également ressentir du côté de l’Espagne qui a vu ses exportations vers l’Algérie fortement baisser.

Elles ont chuté, selon l’agence Europa Press, de 93,6% durant le premier trimestre 2023, avec seulement 30,2 millions d’euros, contre 472,9 millions à la même période en 2022.

Ce blocage économique a eu des répercussions significatives sur l’économie espagnole, en particulier pour les entreprises opérant dans des secteurs tels que la céramique, les intrants industriels et agricoles.

En octobre dernier, le ministère espagnol du Commerce a estimé les pertes pour les entreprises espagnoles à 630 millions d’euros. Le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne est d’environ 4 milliards de dollars.

L’Algérie exporte vers l’Espagne pour 2 mil‐ liards de dollars, et la plupart de ces exportations sont dans le secteur de l’énergie, le gaz notamment, un produit stratégique pour l’Europe, en particulier dans la période actuelle caractérisée par la forte demande sur l’énergie alors que nos importations sont importantes et diversifiées dans plusieurs secteurs, notamment l’industrie, l’agriculture, le tourisme, mais demeurent non stratégiques.

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