Le parquet a ordonné aux services de la police judiciaire de diligenter une enquête préliminaire approfondie sur une affaire d’achat de parrainages par certains prétendants à l’élection présidentielle du 7 septembre prochain.
Le procureur général près la cour d’Alger, Lotfi Boudjemaâ, l’a évoqué jeudi dernier, au cours d’une conférence de presse. Il a fait état «d’informations crédibles» liées à des transactions illégales concernant l’achat de parrainages dans le cadre de l’opération de collecte de signatures pour la présidentielle.
Selon lui, les investigations ont permis l’audition de plus de 50 élus qui ont tous reconnu avoir reçu «des sommes d’argent allant de 20.000 à 30.000 DA» en contrepartie de parrainages de formulaires au profit de candidats à la candidature. Il a également fait état de dix personnes ayant servi d’intermédiaires entre les élus et les prétendants, et qui ont été entendues. Celles‐ci ont avoué avoir collecté des fonds puis remis l’argent aux élus.
En outre, les premiers éléments de cette enquête préliminaire ont fait ressortir, d’après le représentant du ministère public, l’implication dans ces pratiques de «trois personnes ayant exprimé leur intention de se porter candidat à la candidature». Le procureur a souligné que «des procédures légales pourraient être appliquées contre ces individus».
Il a par ailleurs affirmé que toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette affaire de corruption seront «arrêtées et poursuivies». Le procureur général déplore le recours à ces pratiques qui visent à entacher la crédibilité du scrutin. Et d’ajouter que malgré «l’arsenal juridique important et développé mis en place par le législateur algérien dont le but est de garantir la régularité des élections, des dépassements et un recours à l’argent sale et à la corruption ont été relevés».
Il a rappelé ce que prévoit la loi relative au régime électoral en matière de lutte contre la corruption. Un code qui criminalise «la manipulation des voix, l’octroi des dons et avantages en argent, ou en nature, de services et des promesses».
L’Algérie s’est toujours placée en première ligne des efforts internationaux pour lutter contre l’argent sale. Et elle continue à montrer l’exemple en développant et perfectionnant ses mesures anti‐blanchiment.
Au cours de son premier mandat, le Président Tebboune avait promis des réformes en profondeur, une plus grande responsabilisation du gouvernement et un mécanisme plus efficace de lutte contre l’argent sale dans les élections. Il s’était engagé ainsi à revoir le Code électoral pour mettre fin à l’emprise de l’argent sale sur les élections à travers sa criminalisation pour juguler le phénomène de l’achat de sièges aux Assemblées populaires élues.
Et c’est maintenant chose faite. L’argent sale a porté préjudice au pays et empêché l’émergence de jeunes et de compétences nationales sur la scène politique. En période d’élection, l’argent, on le sait, est le nerf de la guerre. L’argent ne doit cependant pas être l’aspect le plus important, mais que les règles et valeurs qui régissent l’élection viennent d’abord et que l’argent doit soutenir des pratiques saines. Il a été dit et répété qu’en politique l’engagement, la présence sur le terrain et la conviction peuvent compenser l’insuffisance des ressources, y compris financières, et qu’une bonne couverture médiatique fait tout autant pour remporter une élection qu’une importante somme d’argent.