Le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed a conclu, hier, les auditions d’accusés dans le cadre de l’enquête sur l’achat de parrainages d’élus pour une validation de candidature à l’élection présidentielle.
Cette affaire, qui a secoué la scène politique, implique un total de 74 personnes, dont trois candidats à la magistrature suprême.
À l’issue des auditions, le juge a ordonné la mise sous contrôle judiciaire de trois candidats à la présidentielle, à savoir Belkacem Sahli, Saïda Neghza et Abdelhakim Hamadi.
Ces personnalités sont accusées d’avoir accordé des avantages indus à des fonctionnaires publics, une pratique illégale qui aurait été utilisée pour faciliter la collecte des signa‐ tures nécessaires à la validation de leurs candidatures.
Le contrôle judiciaire imposé par le juge signifie que ces trois candidats devront respecter des obligations strictes, et pourraient être soumis à des restrictions de mouvement ou à des interdictions de communiquer avec certaines personnes impliquées dans l’affaire.
En outre, le juge d’instruction avait déjà pris des mesures sévères en ordonnant la détention provisoire de 68 autres accusés impliqués dans ce scandale.
Ces derniers sont suspectés d’avoir participé à un système organisé visant à acheter des signatures pour garantir la candidature de certains individus aux élections présidentielles, une pratique qui va à l’encontre des principes démocratiques.
«En application des dispositions de l’article 11 du Code de procédure pénale et dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte sur l’affaire des faits de corruption ayant entaché l’opération de collecte des formulaires de souscription des signatures des prétendants à la candidature à l’élection présidentielle prévue le 7 septembre 2024, le parquet de la République près le pôle pénal national économique et financier informe l’opinion publique qu’en date des 3 et 4 août 2024, soixante‐dix‐sept (77) suspects, dont des prétendants à la candidature, ont été présentés à la Justice et qu’une information judiciaire a été ouverte à leur encontre pour octroi d’un indu privilège, trafic d’influence, offre ou promesse de dons en numéraire en vue d’obtenir ou de tenter d’obtenir des voix d’électeurs, abus de fonction, obtention de dons en numéraire ou de promesses de voix électorales et escroquerie», lit‐on dans le communiqué.
«Après l’audition des accusés en première comparution, le juge d’instruction a ordonné le place‐ ment de soixante‐huit (68) d’entre eux en détention provisoire et de trois (3) autres sous contrôle judiciaire, laissant les six (6) autres en liberté», selon le communiqué. Le procureur général près la Cour d’Alger, Lotfi Boudjemaa, a annoncé, jeudi dernier, qu’une enquête préliminaire approfondie avait été diligentée sur une affaire de vente de parrainages par des élus à certains postulants à la candidature pour la prochaine présidentielle.
«Le parquet a instruit la police judiciaire à l’effet d’ouvrir une enquête préliminaire approfondie sur la vente de parrainages par des élus à des postulants à la prochaine élection présidentiel‐ le», a précisé le procureur général dans une conférence de presse au siège de la Cour.
«Plus de 50 élus auditionnés ont reconnu avoir reçu des montants allant de 20.000 à 30.000 DA afin de parrainer les postulants à la candidature», a‐t‐il expliqué, affirmant «l’audition de 10 intermédiaires ayant collecté ces fonds pour les remettre aux élus».
Le procureur général a fait savoir que «l’enquête préliminaire a révélé l’implication de 3 postulants à la candidature», affirmant que «toutes les personnes impliquées, de loin ou de près, dans cette affaire, seront arrêtées».