L’Algérie vient de rétablir le visa d’entrée sur son territoire pour tous les ressortissants étrangers détenteurs d’un passeport marocain. La mesure, d’importance et sensible s’il en est, n’est cependant pas un acte anodin, ou pris dans la précipitation par les autorités nationales en ce jeudi 26 septembre 2024.
Les autorités algériennes, en décidant de rétablir pour les détenteurs de passeports marocains, l’obtention préalable d’un visa pour entrer sur le territoire national, alors que les frontières restent fermées depuis août 1994, lancent un signal clair à tous les aventuriers de l’autre côté de la frontière que le moment est venu pour que chacun prenne ses responsabilités quant au maintien de la région dans une situation politique et sécuritaire désastreuse, qui ne fait qu’empirer.
Dans leur communiqué, les autorités algériennes sont claires, et expliquent cette décision prise en toute souveraineté : L’Algérie, « toujours mue par des valeurs de solidarité tissées par les liens humains et familiaux qui unissent les deux peuples frères, algérien et marocain, avait évité, lors de la décision de rupture des relations diplomatiques avec ce pays, en août 2021, de remettre en question la liberté et la fluidité de la circulation des personnes.»
Autrement dit, l’Algérie, au mois d’août 2021, au plus fort des attaques directes du Makhzen contre le peuple algérien et sa souveraineté, juste après avoir rétabli officiellement ses relations diplomatiques et commerciales avec l’entité sioniste, avait certes annoncé la fermeture de son espace aérien à tous les aéronefs immatriculés au Maroc en plus de la rupture des relations diplomatiques avec ce pays, avec rappel du personnel diplomatique.
Pour autant, pour ne pas toucher les familles des deux côtés de la frontière et permettre une fluidité dans les flux des échanges familiaux, Alger n’avait pas accompagné cette décision par un rétablisse‐ ment des visas pour les ressortissants marocains et les étrangers détenteurs de passeport marocain.
Au mois d’août 2021, le 24 plus précisément, l’ex‐chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra avait précisé à l’opinion publique internationale les raisons de la décision des autorités algériennes de rompre toute relation, diplomatique ou autre, avec le voisin de l’Ouest.
Dans un long communiqué, il avait rétabli certaines vérités : « Il est historiquement et objectivement établi que le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles, inamicales et malveillantes à l’encontre de notre pays et ce, depuis l’indépendance de l’Algérie.
Cette animosité, dont le caractère systématique, méthodique et prémédité est documenté, avait débuté avec la guerre d’agression ouverte de 1963, guerre fratricide déclenchée par les forces armées royales marocaines contre l’Algérie qui venait de reconquérir son indépendance nationale».
Il rappelle également qu’en 1976, le Maroc a rompu brutalement les relations diplomatiques avec l’Algérie qui venait, avec quelques autres pays, de reconnaître souverainement la République Arabe Sahraouie Démocratique. Douze ans après, les deux pays ont décidé en 1988 de normaliser leurs relations et de les inscrire dans une perspective historique centrée sur la «communauté de destin des peuples algérien et marocain, et sur une coopération féconde à impulser entre les deux pays.»
Dans ce communiqué expliquant les raisons profondes de l’Algérie de rompre ses relations avec le Maroc, tout en maintenant pour des rai‐ sons humanitaires la suppression des visas pour les détenteurs de passeport marocain, M. Lamamra avait également pointé du doigt «les appareils sécuritaires et de propagande du Royaume du Maroc (qui) mènent une guerre média‐ tique de bas niveau et de grande envergure contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants, n’hésitant pas à forger des scénarios fantaisistes, à inventer des rumeurs et à pro‐ pager des propos diffamatoires.
Plus grave encore, un plénipotentiaire du Royaume s’est illustré par une dérive particulièrement dangereuse et irresponsable en invoquant un prétendu «droit à l’autodétermination du vaillant peuple kabyle».
L’interruption des relations diplomatiques avec le Maroc, rappelle‐t‐on, intervenait durant ce dantesque mois d’août 2021 qui avait enregistré d’étranges incendies de forêt à travers l’Algérie, en particulier en Kabylie, qui ont provoqué un nombre important de victimes, dont des éléments de l’ANP qui participaient à l’extinction des incendies. Et puis l’Algérie, face à la menace sioniste, le Makhzen ayant rétabli ses relations diplomatiques avec l’axe Tel Aviv‐Washington, a été claire, là également…