L’Algérie ne fera pas partie des BRICS, acronyme de Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, et la page est définitivement tournée, selon une source gouvernementale ‘’très au fait de ce dossier’’, citée par El Moudjahid.
L’information en elle‐même confirme en fait le vent de tempête qui a soufflé entre Alger et ce groupement économique régional, qui se veut une alternative aux institutions de Bretton‐Woods (BM, FMI et OMC) immédiatement après l’annonce, le 24 août 2023, lors du sommet de Johannesburg, des nouveaux membres par le président sud‐africain Cyril Ramaphosa, à savoir l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à compter du 1er janvier 2024.
A Alger, quoiqu’on s’attendait à une telle annonce, c’était un peu la déception et non la douche froide, car, déjà, une telle annonce était actée par les autorités algériennes.
Le président Abdelmadjid Tebboune, qui avait énormément travaillé pour que l’Algérie intègre ce groupe, après ses visites à Pékin et Moscou à l’été 2023, aurait fini par comprendre que les enjeux d’une intégration ou d’un éloignement à cet ensemble économique régional étaient ailleurs.
Son absence au sommet de Johannesburg expliquerait peut‐être ‐ l’Algérie ayant été représentée par son grand argentier ‐, le raidissement de la position algérienne quant à une intégration et rejoindre un ensemble de nouveaux pays qui étaient dans le pipe des BRICS avant le sommet sud‐africain en août 2023. Quoi qu’il en soit, des pays membres influents des BRICS avaient déjà, bien avant le sommet de Johannesburg, montré quelques réticences, quelques réserves diplomatiques à cette intégration de l’Algérie.
Questionné sur une adhésion de l’Algérie au groupe, Vladimir Poutine avait donné quelques indices de l’exclusion d’Alger en expliquant que ‘’la question sur une éventuelle adhésion de l’Algérie aux BRICS doit être travaillée calmement par le gouvernement algérien et tous les pays membres du groupe (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud et six nouveaux membres qui les rejoindront en 2024)».
Lors de la XXe réunion du forum du club international de discussion Valdaï, il a expliqué que ‘’l’Algérie est notre amie, bien sûr, une amie traditionnelle dans le monde arabe, en Afrique du Nord. Il faut faire cela dans le calme, sans créer de problèmes à l’organisation, mais en créant des voies supplémentaires pour un développement mutuel.’’
Poutine aurait‐il été un des facteurs de blocage de l’adhésion algérienne sous l’instigation d’un nouveau pays membre ou a‐t‐il averti sur le rejet du dossier algérien ?
Ce que l’on sait par contre, même si l’Algérie est devenue en 2024 membre à part entière de la banque des BRICS, la NDB (New Development Bank‐NDB), c’est qu’à Alger on a tourné définitivement ( ?) la page de cette organisation économique régionale.
Rejetant d’un revers de la main des ‘’rumeurs’’ quant à une future adhésion lors d’un futur élargissement du groupe, à Alger, selon El Moudjahid, le dossier est clos. ‘’
En effet, pour les autorités algériennes, le dossier de l’adhésion aux Brics est clos. Mieux encore, l’Algérie a définitivement tourné la page, même si elle est membre de la banque des Brics’’, relève la source gouvernementale citée par le quotidien algérien.
‘’Les raisons qui ont poussé l’Algérie à tourner le dos à ce conglomérat sont à la fois simples et logiques’’, alors que l’exclusion de l’Algérie lors du sommet de Johannesburg en août 2023 où six nouveaux membres ont été admis, n’a donné lieu à aucune explication raisonnable quant à la non‐sélection de l’Algérie.
‘’A la surprise générale, le dossier Algérie a été retiré à la dernière minute’’, rapporte El Moudjahid, qui relève « une incohérence flagrante, tant sur le fond que sur la forme ».
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait pourtant fait de cette candidature l’une de ses priorités politiques et diplomatiques. L’optimisme de Tebboune était d’ailleurs tel qu’en décembre 2022, il déclarait aux médias nationaux que ‘’l’année 2023 sera couronnée par l’adhésion de l’Algérie aux Brics’’.
Que s’est‐il alors passé ?
‘’L’exclusion de l’Algérie résulte davantage de manœuvres politiques que de critères économiques, sachant qu’un pays membre y a mis son veto sous l’influence d’un émirat du Golfe’’, croit par ailleurs savoir El Moudjahid.
Le doute est permis quand on sait que comparativement à plusieurs nouveaux membres des BRICS, l’Algérie a un tableau de bord économique qui prête à l’optimisme : pas d’endettement externe, énormes potentialités minières et importantes infrastructures que ne possèdent pas beaucoup de nouveaux membres des BRICS. Bref, le coup de Jarnac a été fait, et à Alger on a tourné définitivement cette page.