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L’Union africaine tente d’avancer sur le dossier libyen

Si la crise politique et les rivalités ethniques restent pour le moment insurmontables, les Nations unies ayant échoué à organiser des élections générales, l’Union africaine a de son côté tenté l’impossible pour réconcilier ‘’les frères ennemis’’ de l’Est et de l’Ouest, les régions historiques de Cyrénaïque (Est, Benghazi) et de Tripolitaine (Tripoli).

Le dossier libyen, en dépit des récentes avancées sur le plan économique et énergétique, la crise de gouvernance de la Banque centrale ayant été résolue ainsi que la reprise de la production de pétrole la semaine dernière, reste pour le moment posé sur la table des différentes parties engagées dans de difficiles médiations pour résoudre le conflit : Union africaine et Nations unies face au gouvernement de l’Est et celui de Tripoli, deux entités politiques qui se disputent le pouvoir dans un pays déchiré après la chute du leader Mouammar El Gueddafi.

Si la crise politique et les rivalités ethniques restent pour le moment insurmontables, les Nations unies ayant échoué à organiser des élections générales, l’Union africaine a de son côté tenté l’impossible pour réconcilier ‘’les frères ennemis’’ de l’Est et de l’Ouest, les régions historiques de Cyrénaïque (Est, Benghazi) et de Tripolitaine (Tri‐ poli).

Ces deux régions de Libye sont en fait au cœur d’une crise de gouvernance et de leadership majeure, le maréchal Haftar faisant tout pour accaparer le pouvoir, et qui maintient le pays dans une sorte d’impasse politique.

Pour autant, il y a des signes positifs qui montrent que les deux parties au conflit, le gouvernement d’Unité nationale (GNU), qui siège à Tripoli, avec à sa tête Abdelhamid Dbeibah, et celui de Benghazi dirigé par le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle autant l’armée libyenne que les puits de pétrole de la Cyrénaïque, peut se mettre d’accord sur un minimum politique pour éviter au pays l’implosion.

Car face à l’enlisement de la situation politique en Libye, l’Union africaine ne pouvait ainsi rester les bras croisés, et ne pas intervenir pour calmer les esprits et rapprocher les points de vue des parties dans un pays riche de ses gisements pétroliers, avec une production quotidienne théorique de plus de 2,5 mbj.

Ainsi, la situation s’est quelque peu décantée fin septembre à Tripoli après le règlement de la crise de la Banque centrale avec la nomination d’un nouveau gouverneur après un accord entre les deux camps signé sous l’égide de l’organisation des Nations unies.

Le document a été signé par deux représentants du parlement, qui siège dans l’est du pays, et du Haut conseil d’Etat (HCE), qui fait office de sénat et est basé à Tripoli (ouest), lors d’une cérémonie au siège de la mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) en présence de chefs des missions diplomatiques.

L’accord trouvé entre les deux parties a immédiatement donné lieu à la reprise de la production pétrolière libyenne, bloquée depuis la mi‐août dernier, après l’apparition de rivalités quant à la gouvernance de la Banque centrale, dont le siège est à Tripoli.

La production pétrolière libyenne a donc repris dimanche 6 octobre avec un débit qui devrait atteindre les 2 mbj, ce qui satisfait les marchés, même si le cours de l’or noir ne s’en trouvera pas affecté dans l’immédiat, le Brent de référence étant à 80 dollars/baril.

Cependant, l’Union africaine a rebondi et devrait rassembler encore les deux camps demain vendredi 11 et samedi 12 octobre lors d’une mission de Haut niveau d’abord à Tripoli, ensuite à Benghazi où elle devrait rencontrer les dirigeants des deux camps.

De source proche de l’union africaine, on apprendre ainsi que le président en exercice de l’union africaine, le mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, et le Président du Comité de Haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, le Congolais Denis Sassou Nguesso devront se rendre alternativement à Tripoli puis à Benghazi pour rencontrer les deux camps rivaux.

Une sortie de crise et une proposition de réconciliation seront bien évidemment sur la table des discussions que devront mener les envoyés spéciaux de l’Union africaine.

En fait, la Libye, depuis la chute et la mort d’El Gueddafi en 2011, est dirigée par deux exécutifs rivaux : celui d’Abdelhamid Dbeibah, installé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et celui de l’est du pays, soutenu par le Marechal Khalifa Haftar, un seigneur de la guerre libyen, l’actuel maître de Benghazi, apparu en Cyrénaïque après la mort d’El Gueddafi.

Au sommet du Comité de Haut niveau de l’Union africaine sur la Libye de Brazzaville, tenu le 5 février dernier, il y a eu un appel pour l’accélération du processus de paix et de réconciliation dans le pays.

Cette réunion de Haut niveau, convoquée à l’initiative du président congolais Sassou Nguesso s’est terminée donc par cet appel solennel aux deux camps à mettre de côté leurs rivalités et travailler ensemble pour une vraie réconciliation nationale au profit du peuple libyen.

Le comité avait également réitéré son appel ‘’à tous les acteurs extérieurs pour qu’ils cessent et s’abstiennent de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Libye, car cela porte atteinte aux intérêts fondamentaux du peuple libyen et à ses aspirations légitimes à la stabilité, à la paix, à la prospérité et au développement’’, comme il a appelé ‘’tous les combattants étrangers, les forces étrangères et les mercenaires de se retirer de la Libye, conformément aux résolutions de l’UA et aux résolutions internationales.’’

Demain vendredi et samedi, les envoyés spéciaux de l’UA et le président du Comité de Haut niveau sur la Libye devront déployer des trésors de patience et de négociations pour permettre aux deux belligérants de trouver un accord et s’engager sur la voie de la paix, la réconciliation et ouvrir la voie à des élections générales dans le pays.

Pour la communauté internationale, la sortie de crise en Libye passe par des élections présidentielles, ce que le camp du maréchal Haftar ne cesse de repousser aux Calendes grecques.

Au mois d’avril dernier, l’ex‐envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, le Sénégalais Abdoulaye Bathily avait averti les acteurs politiques en conflit dans le pays que s’ils ne formaient pas d’urgence un gouvernement unifié et ne se dirigeaient pas vers des élections, le pays sombrerait dans la « désintégration ».

Au Conseil de sécurité de l’ONU, Abdoulaye Bathily avait exhorté tous les dirigeants politiques libyens à mettre de côté « leurs intérêts personnels » et à se réunir pour négocier et parvenir à un compromis « afin de restaurer la dignité de leur patrie ».

« La réticence à le faire remet en question non seule‐ ment leur engagement envers les élections, mais aussi envers l’unité et l’avenir de leur pays, pour lesquels ils devraient être tenus responsables », a‐t‐il déclaré.

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