Le monde littéraire algérien est en deuil. Boudaoud Amier, écrivain et traducteur prolifique, est décédé ce lundi à l’âge de 64 ans, laissant derrière lui une œuvre dense et engagée.
La nouvelle de sa disparition, annoncée par ses proches, a suscité une vive émotion dans les milieux culturels. Né en 1960 à Aïn Sefra, dans la wilaya de Naâma, Boudaoud Amier s’était imposé comme une voix essentielle de la scène intellectuelle algérienne.
Son parcours, marqué par une curiosité insatiable et un profond attachement à l’histoire et à la culture du sud‐ouest algérien, lui avait valu une reconnaissance nationale et internationale.
Traducteur infatigable, Amier avait contribué à rendre accessible en arabe une riche diversité d’œuvres littéraires et historiques. Parmi ses travaux les plus notables figurent la traduction du recueil de nouvelles Yasmina et autres nouvelles algériennes d’Isabelle Eberhardt (2011) et celle du recueil de poésie Amie cithare de la regrettée Safia Ketou (2017).
Il s’était également consacré à la valorisation de l’histoire de la région du sud‐ouest algérien, à travers des traductions qui mêlaient érudition et sensibilité.
Mais Boudaoud Amier n’était pas qu’un passeur de langues. Il était aussi un auteur à part entière, capable de capturer les nuances et les contradictions de la condition humaine.
Ses recueils de nouvelles, Sawb Al bahr (2016) et Nazaq (2023), témoignent d’un talent littéraire aiguisé, où le quotidien se mêle à des réflexions universelles.
Amier avait également marqué la recherche académique avec des publications dédiées à des figures majeures de la critique littéraire et des études sur le sud‐ouest algérien.
En 2023, il publie Makhlouf Amer, critique littéraire et Khelifa Benamara, chercheur spécialiste du sud‐ouest algérien, des ouvrages qui traduisent son engagement pour la préservation et la diffusion de la mémoire intellectuelle algérienne.
Sa contribution à un ouvrage collectif sur Ghaza avait aussi illustré sa capacité à s’investir dans des causes dépassant les frontières nationales. En s’éteignant, Boudaoud Amier laisse un vide immense dans la littérature et la traduction algériennes.
Son œuvre, elle, demeure un pont entre les langues, les cultures et les générations. Ceux qui l’ont connu saluent la générosité de son esprit et la rigueur de son travail, qui continueront d’inspirer les futures générations d’intellectuels.