Après une carrière jalonnée de succès, Merzak Allouache, figure emblématique du cinéma algérien, revient avec son 19ᵉ long-métrage intitulé «Première ligne». Fidèle à son habitude de capturer les subtilités de la société algérienne, le réalisateur du culte Omar Gatlato (1976) signe ici une œuvre mêlant l’humour mordant à une réflexion sociale, dans un format resserré de 1 h 26.
«Première ligne» plonge le spectateur sur une plage algérienne, où plusieurs familles s’affrontent pour s’approprier les premiers rangs face à la mer. Ce microcosme est le théâtre de rivalités cocasses, de conflits absurdes, mais aussi d’une humanité désarmante.
Sous la plume d’Allouache, cette compétition apparemment anodine devient une allégorie des tensions sociales et culturelles. Une œuvre qui oscille entre le rire franc et une mélancolie sous‐jacente, dévoilant les travers et la beauté des relations humaines.
Pour donner vie à ce scénario, Allouache a réuni une distribution talentueuse, mêlant des visages familiers et de nouvelles promesses du cinéma maghrébin. Parmi eux : Nabil Asli, Aida Guechoude, Fatiha Ouared, Idir Benaibouche, Hichem Mesbah, et d’autres acteurs brillants, dont Bouchra Roy et Brahim Derris.
Le tournage s’est déroulé dans la ville côtière d’Aïn Benian, en périphérie d’Alger, un lieu choisi pour son authenticité et sa capacité à restituer l’ambiance électrique des plages populaires algériennes.
Ce décor réel, presque un personnage à part entière, ancre le film dans une réalité palpable et universelle.
Cette production franco‐algéro‐saoudienne a mobilisé des sociétés reconnues telles que LES ASPHOFILMS, BAYA FILMS et ALPHA TANGO. Bahia Allouache, Amina Salem Castaing et Merzak Allouache lui‐même ont piloté ce projet, témoignant de la volonté du cinéaste d’offrir une œuvre aboutie et fidèle à ses exigences artistiques.
ALLOUACHE, CHRONIQUEUR DE L’ÂME ALGÉRIENNE
Avec Les Terrasses (2013) et Madame Courage (2015), Allouache a déjà démontré son talent pour radiographier les fractures et les espoirs de la société algérienne.
Avec Première ligne, il s’aventure sur un terrain plus léger en apparence, mais toujours traversé par une réflexion sociologique. Les conflits familiaux, ici dépeints avec une ironie tendre, deviennent le prisme d’une analyse des comportements collectifs face à des enjeux parfois dérisoires, mais universels.
Dans un contexte où le cinéma maghrébin tente de s’imposer sur la scène internationale, Première ligne s’annonce comme une œuvre capable de séduire un public au‐delà des frontières.
Avec sa profondeur masquée sous une légèreté apparente, il promet d’être à la fois divertissant et pertinent.
Alors que le film s’apprête à entamer son parcours en festivals, une question demeure, jusqu’où Merzak Allouache nous entraînera‐t‐il sur cette «première ligne» entre rires et larmes ? Une chose est sûre, ce nouveau chapitre cinématographique confirme une fois de plus son statut de grand observateur des dynamiques