L’année 2024 restera gravée comme un tournant majeur pour le cinéma algérien. La promulgation d’une nouvelle loi sur l’industrie cinématographique et la création de l’Institut national supérieur du cinéma (INSC) marquent un jalon décisif dans la structuration et la dynamisation de ce secteur longtemps laissé en marge.
Adoptée en avril et publiée au Journal officiel, la nouvelle loi sur l’industrie cinématographique vise à transformer le paysage du 7ᵉ art algérien en un moteur économique et culturel.
Ce texte établit une politique nationale ambitieuse qui repose sur plusieurs piliers : promotion de l’investissement, valorisation de la mémoire nationale, renforcement de la cohésion sociale, et adaptation aux innovations technologiques.
Dans ce cadre, les activités de production, de distribution et d’exploitation cinématographique sont désormais encadrées par des règles précises. La loi impose notamment une autorisation préalable pour les films liés à l’histoire de la résistance nationale et aux symboles de l’État, tandis que ceux abordant des thématiques religieuses ou poli‐ tiques devront obtenir l’avis consultatif d’institutions compétentes.
Une commission de visionnage des films a également été instituée pour attribuer les visas d’exploitation. Pour stimuler l’investisse‐ ment privé, le texte prévoit des incitations fiscales et des partenariats stratégiques, en phase avec les dispositifs existants. Une rencontre nationale organisée en février dernier a renforcé cette dynamique en intégrant le secteur cinématographique parmi les priorités économiques nationales.
NAISSANCE DE L’INSTITUT NATIONAL SUPÉRIEUR DU CINÉMA
En octobre, l’Algérie a inauguré son premier Institut national supérieur du cinéma, un événement historique pour le pays. Établi à Koléa, dans la wilaya de Tipaza, et baptisé en hommage au réalisateur Mohamed Lakhdar Hamina, l’INSC ambitionne de devenir un centre d’excellence pour la formation aux métiers du cinéma.
Issus du Lycée national des arts Ali Maâchi, les premiers étudiants ont intégré l’Insti‐ tut dans le cadre d’un cursus structuré selon le système LMD (Licence‐Master‐Doctorat). La formation, qui débute par un tronc commun avant une spécialisation en deuxième année, s’inscrit dans une vision globale pour professionnaliser un secteur encore largement artisanal.
Autre fait marquant de 2024, l’annonce de la réouverture du Fonds national pour le développement de l’art et de l’industrie cinématographique, prévue dans le cadre de la loi de finances 2025.
Ce fonds, fermé depuis 2021, répondait à une revendication pressante des professionnels du secteur, confrontés à un manque criant de ressources pour financer leurs projets.
Enfin, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé une initiative d’envergure en octobre, le lancement d’un appel d’offres international pour la production d’un film dédié à l’Émir Abdelkader.
Cette œuvre, pensée pour porter une dimension universelle, vise à célébrer la mémoire de ce héros national tout en ouvrant les portes aux talents algériens et internationaux. En structurant un secteur clé à la croisée des enjeux culturels, économiques et identitaires, le pays semble enfin prêt à offrir au 7ᵉ art la place qu’il mérite.
Le défi sera désormais de transformer cette impulsion en succès durable et de faire du cinéma algérien un acteur incontournable sur la scène internationale.