Sous la présidence de l’Algérie, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU s’est tenue ce vendredi pour examiner les attaques visant les infrastructures médicales dans la bande de Ghaza. Cette séance, convoquée à la demande d’Alger, a mis en lumière ce que son représentant qualifie de «nettoyage ethnique» en cours.
Amar Bendjama, représen‐ tant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, a dénoncé «l’agression systématique» contre le système de santé ghazaoui.
Selon lui, les frappes israéliennes qui ciblent les hôpitaux et les structures sanitaires relèvent d’une stratégie délibérée visant à contraindre les Palestiniens à fuir leurs terres. Selon un rapport du Haut‐Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme publié le 31 décembre, au moins 136 frappes israéliennes ont touché 27 hôpitaux et 12 autres établissements de santé à Ghaza, causant des destructions massives.
Aujourd’hui, plus de 53 % des hôpitaux de la bande de Ghaza sont hors service, et seuls 6 des 138 centres de premiers soins restent pleinement opérationnels.
Parmi les conséquences directes de ces attaques, 1 000 professionnels de santé tués, 130 ambulances détruites et 14 000 patients nécessitant une évacuation médicale urgente, dont beaucoup restent bloqués en raison du blocus.
Bendjama a également évoqué les conditions de détention des personnels médicaux, citant des cas de torture, d’exécutions et de mauvais traitements signalés par des ONG. «Ces actes ne sont pas seulement des violations des droits humains. Ils s’apparentent à des tactiques génocidaires», a‐t‐il déclaré.
L’HÔPITAL KAMAL ADWAN, CIBLE SYMBOLIQUE
Parmi les nombreux exemples cités, celui de l’hôpital Kamal Adwan, la principale infrastructure sanitaire du nord de Ghaza, incarne la brutalité des attaques. Le 27 décembre, après plusieurs mois de siège, cet hôpital a été pris pour cible par des snipers, des drones et des chars d’assaut.
Les récits font état d’équipements détruits, de patients terrorisés et d’incendies ravageant des installations vitales.
Bendjama a souligné que ces destructions ne répondaient à «aucune nécessité militaire» mais relevaient d’une volonté délibérée de priver les habitants du nord de Ghaza d’accès aux soins, les contraignant à l’exode.
Il a rappelé que, selon le droit international, de tels actes peuvent constituer des crimes de guerre. Face à cette situation, le représentant algérien a exhorté le Conseil de sécurité à intervenir sans délai pour exiger un cessez‐le‐feu immédiat et inconditionnel.
«L’impunité de l’entité sioniste doit cesser», a‐t‐il martelé, en appelant à une enquête internationale sur les attaques contre les infrastructures sanitaires.
Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Cisjordanie et Ghaza, Dr Rik Peeperkorn, a corroboré ces témoi‐ gnages. Il a rappelé qu’environ 7 % de la population de Ghaza a été tuée ou blessée depuis octobre 2023, et que plus de 12 000 patients nécessitent une évacuation critique à l’étranger.
Avec plus de 45 000 morts et 108 000 blessés recensés depuis le début de l’offensive sioniste le 7 octobre 2023, la crise à Ghaza dépasse désormais les pires projections. La destruction systématique des infrastructures, combinée au blocus, aggrave une catastrophe humanitaire qualifiée d’»inédite» par les experts de l’ONU.
Malgré les obstacles, les équipes médicales locales, sou‐ tenues par l’OMS, continuent de maintenir un semblant de service. Mais selon Peeperkorn, au rythme actuel, il faudrait jusqu’à une décennie pour évacuer tous les patients gravement malades.
La réunion s’est conclue par un appel unanime à l’intensification de l’aide humanitaire, à un respect strict du droit international humanitaire et à un cessez‐le‐feu immédiat. Mais alors que le Conseil de sécurité peine à prendre des mesures concrètes, Ghaza reste suspendue dans un état de survie précaire, entre chaos humanitaire et indifférence internationale.