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Alger

Quand Bamako se trompe de cible

Mercredi dernier, le ministère malien des Affaires étrangères a publié un communiqué largement diffusé sur les réseaux sociaux concernant les déclarations soi‐disant « hostiles » du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.

Outre l’indignation habituelle et la rengaine de Bamako sur le « soutien de l’Algérie aux groupes terroristes», le ministre malien des Affaires étrangères a également évoqué la question kabyle, dont le régime marocain abuse et use à tout bout de champ.

Ainsi, au lieu de chercher des solutions à la crise politique et sécuritaire dont souffre leur pays, les autorités du pouvoir militaire au Mali prennent le parti de la provocation et de la fuite en avant, rejetant la faute sur Alger.

Le communiqué en question évoque notamment « la persistance des actes d’ingérence de l’Algérie » et « le soutien de l’Algérie à des groupes terroristes ». Mieux encore, comme si l’Algérie avait besoin du Mali pour se faire remarquer dans les forums internationaux, le communiqué invite l’Algérie à cesser de considérer le Mali comme un levier de son positionne‐ ment international.

Ainsi, au lieu de reconnaître son échec sur les plans politique et militaire, Bamako verse dans des mensonges difficiles à soutenir en affirmant que l’Algérie collabore avec les groupes terroristes qui cherchent à déstabiliser le Mali, un pays dont la sécurité est fragile, et qu’elle sanctuarise et soutient les activités criminelles de ces groupes qui s’en prennent aux civils maliens et aux populations du Sahel.

L’Algérie, qui a souffert du terrorisme pendant de nombreuses années, ne peut en aucun cas soutenir des entités ou des groupes terroristes. L’Algérie a été aux côtés des Maliens qui, de leur propre chef, ont eu recours à elle pendant des années.

Elle a toujours été une puissance d’équilibre qui privilégie le règlement politique des conflits dans le respect de la légalité internationale, loin des ingérences étrangères. Soucieuse des risques d’instabilité à ses frontières, l’Algérie entend certes jouer un rôle actif dans le règlement des conflits politico‐militaires qui éclatent dans sa région.

Mais de là, à l’accuser d’accointance avec le terrorisme, c’est carrément aberrant ! Lorsque la junte malienne a annoncé, le 25 janvier 2024, la « fin, avec effet immédiat », de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 et longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays, l’Algérie a exprimé ses regrets et sa profonde préoccupation face à cette décision.

Elle a pris acte de cette décision, dont elle a tenu à souligner la gravité particulière pour le Mali lui‐même, pour toute la région aspirant à la paix et à la sécurité, ainsi que pour l’ensemble de la communauté internationale ayant déployé beaucoup d’efforts et de moyens pour aider le Mali à renouer avec la stabilité par la réconciliation nationale.

Plus d’une année après l’abandon inexpliqué et unilatéral de l’accord de paix et de réconciliation d’Alger parrainé par les Nations unies, les nouveaux dirigeants de Bamako sont incapables de trouver une alternative crédible à cet accord. La crise profonde qui sévit dans le nord (Azawad) ne fait qu’empirer.

Quoi qu’ils fassent ou qu’ils disent, les nouveaux responsables de Bamako devront finir par dialoguer avec les autres acteurs, car l’intégrité du Mali passe avant les ambitions individuelles de plus en plus apparentes.

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L'express quotidien du 20/02/2025

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