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Alger

Quand le Makhzen et la France ont trahi l’Emir Abdelkader

Dans son premier numéro, le magazine Algeria Gate frappe fort en dévoilant un dossier fouillé sur la trahison historique dont fut victime l’Emir Abdelkader, figure emblématique de la résistance algérienne, de la part du sultan marocain Abderrahmane et des autorités coloniales françaises.

Intitulé « Le Royaume de la trahison… un trône à louer », cet article s’appuie sur des archives, notamment un texte publié par The New York Times en février 1873, pour mettre en lumière un épisode sombre et souvent occulté de l’histoire.

Au cœur de ce récit, un accord fatidique signé en 1844 entre le sultan marocain Abderrahmane et la France coloniale, « le Traité de Tanger ». Par cet acte, le Maroc renonçait officiellement à soutenir l’émir Abdelkader, qui menait alors une lutte acharnée contre l’occupation française.

Pire, l’armée marocaine fut mobilisée pour encercler Abdelkader, facilitant ainsi la tâche des troupes françaises. Cette volte‐face politique, perçue comme une trahison historique, fut également dénoncée par l’Emir lui‐même. Dans une lettre adressée aux oulémas d’Al‐Azhar, Abdelkader déplore avec amertume « la servilité et la versatilité de la monarchie alaouite », qualifiant ouvertement l’acte du sultan de perfidie.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Après avoir joué un rôle actif dans l’étau qui se refermait sur Abdelkader, les autorités françaises, elles aussi, trahirent leurs engagements. En dépit des garanties données au chef algérien lors de sa reddition en 1847, il fut envoyé en exil en France, brisant ainsi les promesses faites par le général Lamoricière.

The New York Times, dans son édition de février 1873, n’hésite pas à qualifier cette trahison de « honteuse », la comparant à la perfidie dénoncée par les Français eux‐mêmes à l’encontre des Anglais après Waterloo.

En parallèle, le magazine revient sur un autre volet de cette tragédie, le pillage des biens de l’émir Abdelkader par l’armée coloniale française. Une liste détaillant ces confiscations figure aujourd’hui parmi les documents transmis à la commission mixte algéro‐française en charge du dossier de la mémoire. Ces spoliations, opérées dans les années 1830 et 1840, participent d’un processus colonial systématique visant à anéantir toute forme de résistance.

UN HOMME D’ÉTAT ADMIRÉ, MÊME PAR SES ENNEMIS

Algeria Gate consacre une large part de son article à la biographie de l’Emir Abdelkader, soulignant son rôle de stratège et de visionnaire politique. Le magazine rappelle que son aura transcendait les frontières, des adversaires comme le maréchal Soult ou le général Bugeaud reconnurent son génie.

Soult le décrivait comme « l’un des 3 hommes les plus dignes d’être placés dans la cour des grands », tandis que Bugeaud voyait en lui « une des plus grandes personnalités du XIXᵉ siècle ».

En filigrane, Algeria Gate interroge sur les similitudes entre cette trahison historique et les jeux de pouvoir actuels. Les alliances opportunistes et les reniements d’hier trouvent‐ils un écho dans les relations contemporaines entre États ?

Avec ce dossier inaugural, le magazine invite à revisiter des pans oubliés de l’histoire, tout en exhortant chercheurs et historiens à approfondir l’étude de ces événements. Car, comme le souligne l’article, comprendre le passé est essentiel pour déchiffrer les dynamiques du présent.

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