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Hossam Abu Safiya: Où est passé le héros en blouse blanche ?

Le 27 décembre dernier, une scène glaçante a fait le tour des réseaux sociaux. On y voit le Dr Hossam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal-Adwan, traverser des ruines fumantes, vêtu de sa blouse blanche, avant d’être arrêté par des soldats de l’armée d’occupation israélienne et englouti dans un tank.

Depuis, aucune nouvelle de ce médecin pédiatre de 51 ans, figure emblématique de la résistance humanitaire en territoire palestinien. Directeur de l’un des principaux hôpitaux de Beit Lahia, dans le nord de Ghaza, Hossam Abu Safiya avait fait de son établissement un refuge pour des milliers de civils, croyant naïvement aux protections des conventions internationales.

Depuis le début de l’offensive sioniste, l’hôpital Kamal‐Adwan était devenu un bastion de soins dans un océan de destruction. Malgré les frappes incessantes, ce médecin militant n’a jamais abandonné son poste, refusant même les opportunités de quitter Ghaza avec sa famille.

La détermination d’Abu Safiya est devenue un symbole pour ses collègues et les habitants de l’enclave. En novembre 2024, après avoir été blessé lors d’un bombardement, il enregistrait encore des vidéos depuis les salles d’urgence ravagées, appelant le monde à agir face à ce qu’il qualifiait de « génocide silencieux ».

Quelques semaines plus tard, l’hôpital était incendié, transformé en cendres par une nouvelle attaque israélienne. Le 27 décembre, après plu‐ sieurs jours d’encerclement par des chars israéliens, des soldats ont ordonné à Hossam Abu Safiya de se rendre, sous peine de représailles contre les patients et le personnel médical restants.

Il s’exécute, mais disparaît avec plus de 220 autres personnes arrêtées, dont des membres de son équipe soignante. Selon l’ONG Euromed Monitor, le médecin aurait été soumis à des traitements dégradants et à de violents interrogatoires.

Ce ciblage brutal semble avoir une motivation claire, réduire au silence une figure devenue un puissant symbole de la résilience palestinienne. En octobre, Abu Safiya avait perdu son fils Ibrahim, 15 ans, lors d’un bombardement de l’hôpital. Ce dernier avait été enterré à la hâte dans la cour de l’établissement, avec des dizaines d’autres victimes.

Malgré ce drame personnel, le pédiatre avait poursuivi son combat, incarnant une résistance humanitaire qui défie la violence de l’occupation.

UN TOLLÉ INTERNATIONAL

Depuis l’arrestation du médecin, les appels à sa libération se multiplient. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, et plusieurs rap‐ porteurs spéciaux de l’ONU ont demandé sa remise en liberté immédiate. Amnesty International et d’autres ONG dénoncent des « tactiques génocidaires », tandis qu’un hashtag en soutien au « héros à la blouse blanche » mobilise des milliers d’internautes à travers le monde. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité convoquée par l’Algérie, le représentant permanent de l’État de Palestine à l’ONU, Riyad Mansour, a rendu hommage aux médecins palestiniens, évoquant le courage de figures comme Hossam Abu Safiya.

Les larmes aux yeux, Mansour a lu des extraits d’une lettre laissée par le chirurgien Adnan Al‐Barsh, décédé en prison en mai 2024 : « Ne nous oubliez pas. Les sacrifices du peuple palestinien ne sont pas un simple souvenir ».

La détention d’Abu Safiya illustre tragiquement l’impasse dans laquelle se trouve Ghaza, une enclave transformée en champ de ruines sous le regard impassible de la communauté internationale.

Alors que les bombardements se poursuivent, faisant des milliers de victimes civiles, l’incapacité des grandes puissances à agir jette une ombre sur leurs principes fondateurs.

Hossam Abu Safiya n’est plus qu’un symbole. Mais son arrestation, loin d’éteindre son message, semble au contraire amplifier la colère et la détermination de ceux qui dénoncent le traitement réservé au peuple palestinien.

Derrière les chiffres macabres, les vies brisées et les hôpitaux en cendres, son histoire rappelle que l’humanitaire reste une ligne de front.

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L'express quotidien du 23/04//2025

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