Emmanuel Macron a franchi hier, une nouvelle étape dans la tension entre la France et l’Algérie, en reprenant à son compte les accusations portées par l’extrême droite française à l’encontre de l’Algérie.
Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l’Élysée, le président français a exigé la libération « immédiate » de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, actuellement emprisonné à Alger.
Une déclaration qui, au-delà de son ton solennel, semble davantage un acte d’ingérence qu’une prise de position dans le cadre des relations diplomatiques habituelles.
Sansal est incarcéré depuis la mi-novembre dans une affaire liée à la sécurité nationale, une situation qui a été largement médiatisée en France, alimentant les critiques provenant de la droite dure et de certains cercles intellectuels.
En demandant sa libération, Macron s’inscrit dans la continuité de la pression exercée par l’extrême droite sur le gouvernement algérien, faisant écho à un discours qui s’éloigne des considérations diplomatiques traditionnelles et s’aventure sur un terrain plus idéologique.
La prise de position de Macron n’a pas manqué de heurter les conventions diplomatiques, notamment la Convention de Vienne de 1961, qui prévoit le respect de la souveraineté des États.
En effet, en appelant à la libération de Sansal, Macron ne se contente pas de défendre une cause, celle de la liberté d’expression, mais semble également s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays souverain, ce qui est perçu comme un manquement aux usages diplomatiques qui gouvernent les relations internationales.
Cet incident survient quelques jours après que le président algérien Abdelmadjid Tebboune ait exprimé, dans un discours solennel, prononcé devant les deux chambres du Parlement au Palais des Nations, sa ferme désapprobation envers l’écrivain.
Le chef de l’Etat avait souligné que ce dernier cherchait à semer le doute sur l’unité du pays, en remettant en question l’intégrité territoriale de l’Algérie.
A cette occasion, le président Tebboune avait longuement évoqué «l’histoire honorable de notre pays et la Mémoire nationale de la Nation algérienne». «Je me considère comme fils de Chahid, le fils de Boubaghla, de Cheikh Amoud, du colonel Amirouche, de Mostefa Ben Boulaïd, du colonel Lotfi et de tous les Chouhada de l’Algérie.
Nous ne renoncerons jamais à notre dignité et à celle de nos aïeux, Chouhada et Moudjahidine, et nous la préserverons», avait-il affirmé, pour exprimer le sens de l’honneur de l’algérien. Les déclarations de Macron s’inscrivent également dans une dynamique plus large qui voit l’extrême droite française, portée par des figures comme Eric Zemmour ou Marine Le Pen, pousser le gouvernement à adopter une ligne dure vis-à-vis de l’Algérie.
C’est un phénomène qui a pris une ampleur particulière ces derniers mois, alimenté par une série d’incidents politiques et sociaux qui ont exacerbé les tensions entre les deux pays. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déjà exprimé son soutien à Sansal en exprimant des « préoccupations » concernant l’arrestation de l’écrivain.
Cependant, cette prise de position reste modérée comparée à celle de Macron, qui semble désormais sous l’influence directe de l’extrême droite, se retrouvant en porte-à-faux avec les principes de neutralité diplomatique qu’il a, jusqu’alors, défendus.
Au-delà de l’affaire Sansal, ce nouvel épisode témoigne de la montée en puissance d’une vision politique de plus en plus radicale en France, dans laquelle les valeurs de souveraineté et de non-ingérence semblent céder face aux pressions internes.
Le silence sur d’autres questions de grande ampleur, telles que les crimes de guerre perpétrés par l’armée israélienne en Palestine, montre également les contradictions d’une diplomatie française qui semble de plus en plus guidée par des enjeux internes et idéologiques.