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Surenchère anti-algérienne: Des voix françaises appellent à enrayer l’escalade en cours

De plus en plus de voix françaises s’élèvent pour dénoncer l’impulsivité et l’insoutenable légèreté de la diplomatie française actuelle et exprimer leur crainte pour cette tendance qui nuit aux intérêts de la France, en citant notamment le cas des récentes tensions avec l’Algérie.

Dans ce contexte, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et membre de l’Assemblée nationale française, a critiqué Emmanuel Macron et son équipe gouvernementale pour leur mauvaise gestion de la nouvelle crise avec l’Algérie.

Olivier Faure a accusé le ministre de l’Intérieur de son pays, Bruno Retailleau, de ne pas avoir su gérer le dossier d’expulsion de l’influenceur algérien Boualem N. Interrogé par BFMTV sur le fait que l’Algérie avait humilié la France en refusant d’accueillir l’influenceur expulsé, Olivier Faure a déclaré : « Bruno Retailleau s’est précipité dans la gestion du dossier. Il aurait dû prendre le temps de réfléchir avant de prendre la décision d’expulsion. »

Il a ajouté : « Je crains que  Retailleau n’ait joué le jeu du sensationnel pour satisfaire l’extrême droite, alors qu’il aurait dû attendre la décision de la justice et s’informer de la position de l’Algérie, quant à l’accueil de la personne expulsée. »

Olivier Faure a également mis en garde contre les risques d’escalade : « Il ne faut pas se précipiter, comme l’a fait Retailleau. Lorsqu’on se retrouve dans une situation embarrassante, on a tendance à réagir par des décisions irréfléchies qui pourraient compromettre nos relations avec l’Algérie, pays important en Afrique du Nord et dans les équilibres en Méditerranée, compte tenu de l’expansion russe. ».

Dans une interview accordée à la chaîne d’information française LCI, Eric Coquerel, député LFI et président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale, a mis en garde contre les dommages que le président français Emmanuel Macron fait subir au pays sur le plan diplomatique. Il a souligné que la tentative d’expulsion par Paris d’un influenceur algérien est un prétexte pour faire monter les tensions à l’égard de l’Algérie.

« Macron prend des décisions unilatérales sans consulter personne », a-t-il dit, en notant qu’il a commis une erreur lorsqu’il a décidé de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

« De tels actes compliquent davantage les relations entre la France et l’Algérie », a souligné le député en appelant à la nécessité de mettre fin à l’escalade verbale et de rechercher des solutions diplomatiques calmes qui favorisent la stabilité dans les relations internationales.

De son côté, Catherine Tricot, directrice de la revue française « Regards», a critiqué l’administration Macron pour sa gestion du cas de l’influenceur  «Boualem », qu’elle tient pour responsable des conséquences du non-respect des procédures d’expulsion connues. « Je pense que Macron connaît bien la question des personnes expulsées du territoire français et la nécessité d’obtenir l’accord du pays vers lequel ces personnes seront expulsées », a-t-elle déclaré sur France Info.

« L’influenceur Boualem devait comparaître devant un juge en février prochain, mais on a soudainement décidé de l’expulser. Je pense que la provocation est partie de cette décision du côté français et non du côté algérien, et je pense que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau en est bien conscient », a-t-elle ajouté.

Sur LCI, la députée européenne Manon Aubry est revenue, elle aussi, sur la brouille entre l’Algérie et la France. Elle a estimé que la polémique autour de l’affaire de l’influenceur sert à « stigmatiser l’Algérie et les Algériens ».

L’eurodéputée rappelle que l’influenceur en question doit être jugé en France au mois de février prochain. Elle appelle les autorités françaises à respecter l’état de droit. « Je veux que mon pays reste un État de droit. C’est-à-dire que les justiciables, comme cet influenceur, soient traités équitablement », assène-t-elle.

Ségolène Royal, de son côté, a pris la défense de l’Algérie dans cette affaire. Intervenant sur un plateau télé, elle a déclaré : « L’avenir se construit en ayant conscience du passé, en ne niant pas l’histoire, en ne l’oubliant pas, car nous avons une histoire commune douloureuse », en ajoutant : « Nous avons une dette morale à l’égard de l’Algérie ».

« On évoquait encore récemment les actes de torture de Jean-Marie Le Pen, donc il ne faut pas oublier les dégâts que nous avons causés sur ce territoire que nous avons colonisé parce qu’il y avait des ressources », a-t-elle enchaîné, affirmant qu’il  « faut revenir à des relations diplomatiques respectueuses de cette histoire.».

Par ailleurs, d’après des médias français, Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du président français, souhaiterait quitter l’Élysée en raison de l’escalade entretenue par l’extrême droite contre l’Algérie

En tout cas, contrairement aux calculs du gouvernement français qui comptait ameuter le landernau politique français contre l’Algérie, de plus en plus de voix critiquent la surenchère anti-algérienne de certains responsables français et appellent à enrayer l’escalade en cours.

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L'express quotidien du 20/02/2025

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