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Rachid Temal: «Il faut sortir la relation algéro-française des plateaux de Bolloré»

« Mon rôle est de montrer une autre image de l’Algérie, loin des caricatures relayées par certaines chaînes d’information », affirme-t-il. « C’est un pays qui bouge, qui se transforme économiquement, et qui mérite mieux que les stéréotypes véhiculés par une partie de la presse française ».

Sénateur socialiste du Val-d’Oise et président du groupe d’amitié France-Algérie au Sénat, Rachid Temal se retrouve en première ligne d’une relation diplomatique sous tension. Engagé pour un dialogue constructif entre Paris et Alger, il refuse les « surenchères » et pointe du doigt les acteurs qui, selon lui, alimentent inutilement la crise. Après une visite en Algérie les 8 et 9 février, où il a rencontré des responsables et des acteurs économiques, il plaide pour une approche plus pragmatique et moins influencée par certaines sphères « médiatiques » françaises.

Depuis plusieurs mois, la relation franco-algérienne traverse une zone de fortes turbulences. Entre la reconnaissance par Paris du plan colonial marocain sur le Sahara occidental, l’affaire Boualem Sansal, et surtout le renvoi en Algérie de l’influenceur Doualemn, le climat est devenu électrique.

Sur ce dernier point, Rachid Temal est catégorique : « L’Algérie n’a jamais cherché à humilier la France. L’expulsion de Doualemn ne respectait pas le cadre légal, et c’est la justice française elle-même qui l’a confirmé ». Une manière pour lui de rappeler que certaines décisions administratives, au lieu d’apaiser, ne font qu’attiser les tensions.

Face aux attaques de certains responsables français, notamment du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le sénateur plaide pour une lecture plus nuancée des événements. « Il ne faut pas tomber dans le piège de la surenchère politique et médiatique. La relation franco-algérienne est bien plus complexe que ce que certains veulent faire croire ».

Lors de son entretien accordé au journal français L’Opinion, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a directement mis en cause le rôle des médias détenus par Vincent Bolloré, notamment CNews, dans la dégradation de l’image de l’Algérie en France. Rachid Temal, qui partage ce constat, dénonce lui aussi l’influence croissante de l’extrême droite dans la perception française du Maghreb.

« La politique étrangère française ne se décide pas sur les plateaux de Bolloré », martèle le sénateur, en référence à la ligne éditoriale de médias comme CNews et Europe 1, qui multiplient les discours virulents contre l’Algérie. Pour lui, ces médias « orientent » dangereusement le débat public et influencent une partie des décideurs politiques.

Au-delà des crispations diplomatiques, Rachid Temal s’est rendu en Algérie dans un cadre plus constructif. Invité par la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), il a rencontré des entrepreneurs et des responsables économiques afin d’évaluer les opportunités d’investissement.

Son constat ? Un climat favorable aux affaires, malgré les tensions politiques. « J’ai pu observer une stratégie industrielle claire en Algérie, avec une volonté affirmée de renforcer les partenariats économiques. Il y a une véritable dynamique qui ne doit pas être freinée par les tensions diplomatiques du moment », explique-t-il.

 Les entreprises françaises, assure-t-il, ne veulent pas tourner le dos au marché algérien. « Il y a une demande des industriels français pour continuer à investir en Algérie. Beaucoup voient ce pays comme un partenaire clé, et non comme un adversaire. » Un message qu’il entend transmettre aux autorités françaises, afin d’éviter que le contexte politique ne pénalise des relations économiques pourtant cruciales pour les deux pays.

À son retour en France, Rachid Temal s’est donné pour mission de déconstruire certains clichés sur l’Algérie. Il estime que les tensions actuelles sont amplifiées par une perception biaisée, entretenue par des médias et des acteurs politiques hostiles.

« Mon rôle est de montrer une autre image de l’Algérie, loin des caricatures relayées par certaines chaînes d’information », affirme-t-il. « C’est un pays qui bouge, qui se transforme économiquement et qui mérite mieux que les stéréotypes véhiculés par une partie de la presse française ».

« Nous avons une histoire commune, parfois douloureuse, mais nous avons aussi un avenir à construire ensemble. Il est urgent de dépasser les tensions et de travailler sur des bases plus sereines ». Un appel à la raison, dans un climat où la surenchère semble être devenue la norme.

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L'express quotidien du 27/03/2025

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