L’Afrique du Sud, qui a pris la présidence tournante du G20 au mois de décembre dernier, regroupant les plus importantes économies mondiales, compte faire de sa présidence une tribune pour le développement de l’Afrique et la sortir de l’isolement international.
Et c’est exactement la position de l’Algérie, qui sera représentée par son chef de la diplomatie M. Ahmed Attaf à la réunion ministérielle de Johannesburg, dont les travaux de deux jours (20 et 21 février) s’ouvrent aujourd’hui.
M. Ahmed Attaf, chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, est arrivé hier mercredi à Johannesburg pour prendre part à la réunion ministérielle du G20.
La réunion « s’inscrit dans le cadre de la préparation du Sommet du G20, prévu au dernier trimestre de 2025 », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Le sommet du G20 prévu durant le 4ᵉ trimestre 2025 devrait enregistrer la participation du président de la République, qui a reçu une invitation de son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa pour prendre part aux travaux de ce sommet », précise le communiqué.
La réunion ministérielle sera consacrée « à l’examen des développements de la situation géopolitique internationale ainsi que des priorités définies par la République d’Afrique du Sud pour sa présidence, étant la première présidence africaine du G20 depuis sa création », explique le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué.
En marge de sa participation à cette réunion, M. Attaf aura des rencontres bilatérales avec plusieurs ministres des États membres du G20. Beaucoup d’espoirs des pays du Sud sont mis dans la présidence sud-africaine du G20, notamment une plus grande équité dans le commerce international et une plus grande importance aux économies et aux sociétés africaines et celles des pays du Sud.
C’est en tout cas l’agenda politique affiché par Pretoria pour sa présidence, que les États-Unis veulent dès maintenant saborder en annonçant leur absence autant aux travaux de la réunion ministérielle de jeudi et vendredi, mais également au sommet prévu au mois de décembre prochain.
Ainsi, l’Afrique du Sud compte profiter de sa position privilégiée pour promouvoir une meilleure représentation du continent africain dans les instances internationales, et Pretoria entend même exploiter sa présidence du G20 pour mettre l’Afrique au premier plan des questions internationales.
C’est du moins ce qui ressort des premières déclarations du président Cyril Ramaphosa, après que son pays a officiellement pris la présidence tournante annuelle du groupe réunissant les plus grandes économies mondiales, dimanche 1ᵉʳ décembre.
“Nous profiterons de cette occasion pour inscrire plus fermement les priorités de développement du continent africain et du Sud global à l’ordre du jour du G20”, a indiqué le chef de l’État sud-africain depuis Le Cap, lors de la présentation de sa feuille de route détaillée, le 3 novembre dernier. Les pays membres du G20 (19 pays ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine) représentent 85 % du PIB mondial.
Pourtant, la volonté de Pretoria de redonner vie aux économies marginalisées du Sud ne semble pas du goût du président américain et de ses ministres, dont le Sud-Africain Elon Musk, qui a annoncé le boycott du sommet prévu à la fin de l’année, alors que son ministre des Affaires étrangères Marc Rubio ne se rendra pas à la réunion ministérielle des 20 et 21 février.
La semaine dernière, le secrétaire d’État américain avait annoncé sur la plateforme X qu’il ne prendrait pas part à la réunion des ministres des affaires étrangères prévue à Johannesburg dans le cadre du G20 : «L’Afrique du Sud fait des choses très mauvaises (…) ,utiliser le G20 pour promouvoir la solidarité, l’équité et la durabilité ».
En d’autres termes : « DEI [les politiques de diversité et d’inclusion] et le changement climatique », a déclaré Marco Rubio, accusant le pays d’ « antiaméricanisme ».
Le lendemain, 6 février, à l’occasion de son discours sur l’état de la nation, le président sud-africain Cyril Ramaphosa lui a répondu : « Nous sommes, en tant que Sud-Africains, un peuple résilient. Et on ne se laissera pas intimider »
Le président sud-africain a affiché le visage de la fermeté face aux attaques américaines qui se multiplient contre l’Afrique du Sud. L’agenda politique et économique sud-africain du G20 dérange Washington qui voudrait faire de tous les ensembles régionaux un terrain de chasse privé.