Dans un entretien exclusif avec USA TODAY-Business Focus, l’ambassadeur d’Algérie à Washington, Sabri Boukadoum, « décrypte » les défis et opportunités du contexte géopolitique actuel, le rôle de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU et les axes stratégiques de la coopération bilatérale avec les États-Unis. «Nous continuerons à dialoguer avec la nouvelle administration américaine. Des appels ont déjà eu lieu entre le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et notre ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf », explique l’ambassadeur.
L’Algérie, de par sa stabilité et son poids diplomatique, joue un « rôle » pivot dans la région. « Nous avons multiplié les discussions avec la nouvelle administration sur les questions de coopération. Notre objectif est de renforcer les relations bilatérales et de contribuer à la sécurité mondiale », déclare-t-il.
Membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2024-2025, l’Algérie entend « peser » sur les dossiers stratégiques. « Nous avons été élus avec le soutien de l’Afrique, du monde arabe et du monde islamique. Cette position nous confère une responsabilité majeure », souligne Boukadoum. L’une des priorités majeures d’Alger reste la Palestine : « Nous travaillons activement à mettre fin à la violence à Ghaza et à obtenir un cessez-le-feu. Nous avons engagé des discussions avec les membres du P5 et du A3 pour trouver des solutions durables ».
Le Sahel constitue également un point central de l’agenda algérien : « Sous notre présidence du Conseil de sécurité, nous avons placé la question du terrorisme au Sahel au cœur des débats, car les solutions à court terme ne suffisent pas », explique-t-il, insistant sur la nécessité d’une mobilisation internationale accrue.
Dans un contexte de mutations économiques et stratégiques, l’Algérie et les États-Unis « renforcent » leur partenariat, notamment sur le plan de la sécurité et de la défense. « Nous avons récemment signé un protocole d’accord avec l’AFRICOM, qui ouvre de nouvelles perspectives de coopération en matière de sécurité régionale », annonce Boukadoum.
L’axe économique occupe également une place prépondérante dans les relations bilatérales. « Les investissements américains en Algérie sont en hausse, en particulier dans le secteur de l’énergie, mais aussi dans l’agriculture et les énergies renouvelables », affirme l’ambassadeur. Il cite à titre d’exemple l’importation de 25 000 vaches américaines par une entreprise algérienne, « illustrant » le développement des coopérations agricoles. L’ambassadeur met également en avant le potentiel minier algérien, encore largement inexploité, et le secteur des énergies renouvelables. « Avec 330 jours de soleil par an, l’Algérie a un potentiel énorme pour le solaire, sans parler de l’hydrogène et des minéraux rares ». L’Algérie demeure un acteur clé de la sécurité énergétique mondiale. « Nous avons toujours honoré nos engagements. Même dans les périodes difficiles, nous avons assuré l’approvisionnement de nos partenaires », rappelle Boukadoum. Le pétrole algérien, « reconnu » pour sa faible teneur en soufre, reste très prisé.
Alors que les énergies fossiles amorcent un lent déclin, l’Algérie se positionne sur la transition énergétique. « Nous ne misons pas uniquement sur le gaz et le pétrole. Nous investissons massivement dans le renouvelable, avec des projets ambitieux en énergie solaire et en hydrogène. Entre ambitions diplomatiques et stratégies économiques, l’Algérie s’affirme sur la scène internationale. Pour Sabri Boukadoum, le message est clair : « Nous avons un rôle à jouer et nous comptons bien le remplir, avec nos partenaires traditionnels et de nouveaux alliés ».