Des responsables politiques, des hauts gradés de la sécurité et des hommes d’affaires influents du Makhzen sont soupçonnés d’avoir couvert et facilité l’acheminement de tonnes de cocaïne et d’héroïne, en échange de commissions faramineuses.
Un séisme politico-judiciaire secoue le royaume chérifien. Derrière le nom évocateur d’« Escobar du désert » se cache une affaire tentaculaire de narcotrafic, révélant des ramifications vertigineuses au sein du pouvoir marocain. Plus qu’un simple réseau de trafic de stupéfiants, l’affaire met en lumière un système de corruption institutionnalisé, des complicités à haut niveau et une infiltration du crime organisé au sein de l’appareil d’État.
Officiellement, le réseau est dirigé par Ahmed Ben Brahim, alias « Le Malien », un narcotrafiquant d’envergure internationale dont les connexions s’étendent bien au-delà des frontières du Maroc. Mais derrière cette figure de proue, c’est tout un écosystème de collusions qui apparaît. Des responsables politiques, des hauts gradés de la sécurité et des hommes d’affaires influents sont soupçonnés d’avoir couvert et facilité l’acheminement de tonnes de cocaïne et d’héroïne, en échange de commissions faramineuses.
Le scandale a déjà emporté plusieurs figures de premier plan. Parmi elles, Said Naciri, ancien président du Wydad de Casablanca, et Abdel Nabi Baiwi, ex-parlementaire et homme d’affaires influent, tous deux condamnés le 22 décembre 2023. Leur rôle ? Blanchir les revenus astronomiques du réseau et assurer la protection judiciaire et administrative des trafiquants.
Derrière les murs feutrés des institutions judiciaires, la bataille pour la vérité se heurte à des forces invisibles. Depuis les « premières » révélations, plusieurs témoins clés ont disparu dans des circonstances suspectes. D’autres ont reçu des menaces explicites, les sommant de se taire. Certains magistrats chargés du dossier font face à des pressions inédites, illustrant l’étendue des complicités au sein de l’appareil d’État.
Dossier noir
Mais c’est l’assassinat d’un enquêteur clé qui a fait basculer l’affaire dans une dimension plus sombre encore. Son corps, retrouvé mutilé et enveloppé dans un drapeau marocain, portait un message glaçant inscrit en lettres de sang : « Ce n’est que le début ». Un avertissement brutal destiné à ceux qui tenteraient d’exposer l’étendue du scandale.
L’affaire « Escobar du désert » ne se limite pas au Maroc. L’enquête a révélé l’existence du « Dossier Noir », un document explosif qui met en cause des personnalités de premier plan en Europe et des multinationales opérant dans des secteurs stratégiques. Des indices troublants laissent penser que le royaume servait de plaque tournante pour le narcotrafic à destination de l’Europe et de l’Afrique, avec des complicités au sein de plusieurs États étrangers.
Les ramifications diplomatiques de l’affaire pourraient être dévastatrices. Plusieurs chancelleries suivent de près les développements de cette enquête, craignant qu’elle n’expose des liens compromettants entre des élites politiques occidentales et des réseaux criminels transnationaux.
Dans les rues marocaines, la contestation monte. Les citoyens, déjà éprouvés par des crises économiques et sociales persistantes, voient dans ce scandale la preuve irréfutable de la corruption qui « gangrène » l’État. Des manifestations émergent, réclamant que justice soit faite et que les responsables (quel que soit leur rang) rendent des comptes.
L’affaire a également fragilisé le paysage politique. Certains partis, éclaboussés par les révélations, sont en pleine débâcle. Des figures jusque-là intouchables sont désormais sous le feu des projecteurs, alors que la défiance vis-à-vis du pouvoir atteint un niveau inédit.
L’affaire « Escobar du désert » n’a pas encore livré tous ses secrets. Chaque jour apporte son lot de révélations plus accablantes, laissant entrevoir l’ampleur du désastre. La question qui hante désormais les observateurs, jusqu’où remontent les complicités ? Et surtout, le Maroc pourra-t-il faire face à cette crise sans précédent sans imploser ?
Alors que les investigations se poursuivent sous haute tension, une seule certitude s’impose, ce scandale marque un tournant dans l’histoire politique et judiciaire du royaume. La vérité, si elle éclate au grand jour, pourrait bien redéfinir les rapports de force au sein du pays et au-delà.