Depuis quelques mois, les épisodes tumultueux entre Paris et Alger se répètent, atteignant un niveau de tensions sans précédent. Surenchère verbale, déclarations enflammées, décisions intempestives… tout est fait pour polluer les relations algéro-françaises.
Heureusement, face à ces menées anti-algériennes, quelques voix s’élèvent encore pour appeler à la raison. Parmi eux, on trouve l’historien Benjamin Stora, le diplomate Gérard Araud ou encore le député Éric Coquerel et bien d’autres personnalités qui plaident pour une sortie de crise rapide entre les deux pays.
Sur France Info, Benjamin Stora, qui a assuré que les deux pays n’ont « jamais connu de crise pareille », a appelé, mercredi dernier, Emmanuel Macron à « parler et à trouver les mots justes » pour tenter de régler la crise. « Nous ne pouvons pas rester dans l’attentisme et le silence », dit-il.
« Il faut avancer, trouver les mots justes, puisqu’il va de l’avenir des deux générations de ces deux pays », ajoute-t-il. Il a déploré à cette occasion « des prises de position politiques qui ont mis le feu aux poudres et qui sont venues percuter ce travail mémoriel, en particulier la question du Sahara occidental ».
Même posture sage chez De Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères : « Retailleau commet un malentendu en croyant pouvoir régler par la confrontation ce qui relève de la diplomatie. Une diplomatie qui, en temps normal, relève de l’Élysée et du Quai d’Orsay », indique De Villepin, qui s’oppose fermement aux positions du gouvernement sur les relations franco-algériennes et défend l’importance d’une relation historique fondée sur le respect mutuel et la coopération.
Ségolène Royal a dénoncé de son côté l’acharnement médiatique dont l’Algérie fait l’objet en France. « Il faut changer de posture. Nous ne pouvons pas continuer à insulter la mémoire des Algériens et leur héritage historique, ni à les présenter sous un jour systématiquement négatif », insiste-t-elle, en appelant à arrêter tous les discours méprisants à l’égard de l’Algérie.
C’est aussi la position d’Éric Coquerel, député insoumis et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Lors d’une interview télévisée, il a clairement dénoncé l’agitation anti-algérienne en France : « Ce que fait la France avec l’Algérie est une faute historique. » Il estime que la diplomatie française a franchi la ligne rouge avec la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La France ouvre des plaies et joue les néocoloniaux. » Il faut changer de posture et faire appel aux diplomates pour réparer le gâchis.
L’ancien ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud, a mis en garde contre une impasse diplomatique à venir entre les deux pays, si rien n’est fait pour apaiser les tensions. Dans une déclaration sur le réseau social X, le diplomate assure que: « Tôt ou tard, nous conclurons que la politique suivie vis-à-vis de l’Algérie nous mène dans une impasse. On fera appel aux diplomates pour réparer le gâchis. Un peu de réalisme, s’il vous plaît… »
Pour l’ambassadeur, la diplomatie doit se faire sans tambour battant, comme c’est le cas actuellement, où la meute est lâchée contre l’Algérie. « Un rapport de force, ça s’établit en silence. Rien de pire que la publicité qui nourrit la rhétorique de l’humiliation, rendant tout compromis impossible. » a-t-il affirmé.