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Algérie-Italie: Ambitions économiques tous azimuts

En visite officielle à Alger, Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères, n’est pas venu les mains vides. Entre forums d’affaires, signatures d’accords stratégiques et ambitions énergétiques renouvelées, Rome veut consolider son rôle de partenaire économique de premier plan. Une relation qui, au-delà des hydrocarbures, s’élargit désormais à l’automobile, à l’agriculture et à l’industrie pharmaceutique.

Si Alger et Rome affichent aujourd’hui des ambitions économiques tous azimuts, c’est bien l’énergie qui structure cette relation. En 2024, l’Algérie a exporté pour 8,5 milliards d’euros de gaz naturel vers l’Italie, faisant de ce pays son premier client européen. Une dépendance assumée par Rome, qui voit dans le gaz algérien un moyen de sécuriser son approvisionnement face aux « tensions » géopolitiques en Ukraine et au Moyen-Orient.

Le gazoduc Transmed, reliant directement l’Algérie à la Sicile, reste l’épine dorsale de cette coopération. Mais la relation énergétique ne se limite plus au gaz. L’Italie affiche un intérêt grandissant pour les projets d’hydrogène vert, avec des discussions en cours sur le développement d’une filière d’exportation vers l’Europe. Dans le solaire et l’éolien, des groupes italiens comme Eni explorent des opportunités pour accompagner la transition énergétique algérienne, un secteur où Alger affiche désormais des ambitions fortes.

L’Italie ne se contente pas d’importer du gaz algérien, elle veut aussi produire sur place. C’est dans ce contexte qu’un accord stratégique a été conclu entre le groupe italien SIGIT et le holding algérien ACS pour la fabrication de composants automobiles en Algérie. Ce partenariat vise à structurer une industrie locale capable d’approvisionner des constructeurs comme Fiat, Volkswagen et Mercedes, déjà présents sur le territoire algérien.

L’objectif affiché par Alger est de réduire la « dépendance » aux importations et de favoriser l’assemblage local, une priorité inscrite dans les réformes économiques récentes. Pour l’Italie, c’est l’opportunité de s’imposer comme un acteur clé dans le développement d’une filière automobile en pleine mutation.

Coopération et dynamisme

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 24,4 % des échanges extérieurs de l’Algérie en 2024 ont été réalisés avec l’Italie, soit près de 10 milliards d’euros d’exportations algériennes vers la péninsule. Dans le sens inverse, l’Algérie a importé 2,5 milliards d’euros de produits italiens, incluant des machines industrielles, des équipements de transport, des produits pharmaceutiques et des biens de consommation. Ce dynamisme s’explique par un cadre réglementaire algérien désormais plus attractif pour les investisseurs étrangers, mais aussi par la volonté de Rome de « renforcer » sa présence sur un marché maghrébin en pleine transformation. Lors du forum d’affaires organisé à Alger, des discussions avancées ont eu lieu autour de projets dans la construction, l’industrie pharmaceutique et la logistique, autant de secteurs où les entreprises italiennes disposent d’un savoir-faire reconnu. Autre domaine où l’Italie mise gros, l’agriculture. La société italienne Bonifiche Ferraresi a signé un accord pour un projet agro-industriel d’envergure à Timimoun, au cœur du Sahara algérien. Avec un investissement de 420 millions de dollars sur une surface de 36 000 hectares, ce projet vise à moderniser la culture céréalière et la transformation agroalimentaire. L’objectif ? Renforcer l’autosuffisance alimentaire de l’Algérie tout en développant un potentiel d’exportation vers l’Europe et l’Afrique. Le projet inclut la mise en place d’unités de transformation de blé et de légumineuses, un levier clé pour réduire la « dépendance » aux importations et stabiliser le marché intérieur. La visite d’Antonio Tajani traduit une vision plus large, celle d’une Méditerranée intégrée, où l’Algérie joue un rôle central dans la stratégie économique italienne. Deuxième client de l’Algérie après l’Espagne, l’Italie voit dans ce partenariat un moyen de sécuriser ses approvisionnements, de renforcer ses positions industrielles et d’accompagner les réformes économiques algériennes. Pour Alger, cette coopération est un levier stratégique : elle permet de diversifier son économie, d’attirer des investissements structurants et de s’appuyer sur un partenaire européen pragmatique, loin des « postures paternalistes » d’autres acteurs du Vieux Continent. En somme, l’axe Alger-Rome ne se limite plus à l’énergie. Il s’impose comme un partenariat économique structurant, fondé sur des « intérêts mutuels clairs et une ambition commune de croissance et de stabilité régionale ».

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