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Maroc – Israël: Deux régimes coloniaux aux méthodes similaires

Ce n’est pas un incident isolé. Début février, Rabat avait déjà refoulé trois autres députés européens mandatés pour enquêter sur la répression exercée contre les militants sahraouis et le pillage systématique des ressources naturelles du territoire occupé.

La similitude entre la politique du gouvernement d’extrême droite israélien et celle du régime marocain au Sahara occidental ne relève plus de la simple analogie, elle est structurelle. C’est ce que met en lumière le quotidien espagnol El Independiente dans une analyse détaillée où il décrit un Makhzen multipliant les entraves à toute enquête indépendante, verrouillant l’accès au territoire sahraoui et cherchant à étouffer toute mise en lumière des violations des droits humains qui y sont perpétrées.

Dernier épisode en date, le 20 février dernier, les autorités marocaines ont interdit l’entrée à Laâyoune, capitale du Sahara occidental, à un groupe de députés européens. Parmi eux, Mounir Satouri (France, Verts/ALE), Tilly Metz (Luxembourg, Verts/ALE) et Pernando Barrena (Espagne, La Gauche), venus observer la situation sur place après la décision historique du 4 octobre 2024 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette dernière a invalidé les accords commerciaux entre l’Union européenne et le Maroc incluant le Sahara occidental, reconnaissant ainsi que ce territoire ne relève pas de la souveraineté marocaine.

Ce n’est pas un incident isolé. Début février, Rabat avait déjà refoulé trois autres députés européens mandatés pour enquêter sur la répression exercée contre les militants sahraouis et le pillage systématique des ressources naturelles du territoire occupé. Pour El Independiente, ces interdictions s’inscrivent dans une politique systématique de dissimulation des exactions commises au Sahara occidental, une stratégie qui rappelle étrangement celle mise en place par Israël en Palestine.

L’impossible justification

En mai 2022, Tel-Aviv interdisait l’entrée d’une délégation du Parlement européen chargée des relations avec la Palestine, dirigée par Manu Pineda, élu espagnol de La Gauche. Une décision qui avait suscité de vives critiques au sein des institutions européennes, y compris de la présidente du Parlement européen de l’époque, Roberta Metsola, dénonçant une ingérence dans le travail des parlementaires. Comme l’entité sioniste, Rabat verrouille méthodiquement l’accès au territoire qu’il occupe illégalement, cherchant à empêcher tout regard extérieur susceptible de documenter ses crimes.

« Ces blocages répétés sont l’aveu d’un régime qui sait que son occupation ne résisterait pas à l’examen des faits », analyse El Independiente, qui souligne que le Makhzen, incapable de justifier juridiquement sa présence au Sahara occidental, invoque inlassablement des « considérations de souveraineté » pour écarter toute critique. Une rhétorique calquée sur celle du gouvernement israélien, qui qualifie systématiquement de « biaisés » les observateurs dénonçant sa politique coloniale en Palestine.

Depuis près de cinquante ans, le Maroc maintient un peuple entier sous domination illégale, multipliant arrestations arbitraires, tortures et disparitions forcées, comme l’ont documenté à maintes reprises Amnesty International et Human Rights Watch. Selon ces ONG, les militants sahraouis subissent une surveillance permanente, des pressions judiciaires et des violences policières dans un climat d’impunité totale. Le pillage des ressources sahraouies se poursuit à grande échelle, malgré les décisions de la CJUE. En décembre 2016 et février 2018, la Cour avait déjà jugé que les eaux territoriales et le sol sahraouis ne pouvaient être exploités dans le cadre d’accords économiques entre Rabat et Bruxelles.

Mais malgré ces décisions, l’Union européenne continue de détourner le regard. « Tant que l’occupation perdurera, il ne pourra y avoir ni justice ni paix au Sahara occidental », conclut El Independiente, appelant les défenseurs des droits humains et les institutions internationales à reconnaître la nature coloniale du régime marocain et à cesser de cautionner, par leur silence, cette répression méthodique.

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L'express quotidien du 23/04//2025

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