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 L’Algérophobie s’empare du Parlement français

Après le gouvernement Bayrou, empêtré dans une crise financière profonde qui pourrait l’emporter comme l’a été celui de son prédécesseur Michel Barnier, la France officielle, la France parlementaire, est venue ce week-end en remettre une couche dans ses attaques gratuites à des fins électoralistes contre l’Algérie.

Comme si l’Algérie est devenue le sujet de préoccupation majeure de la droite française et son appendice, l’extrême droite revancharde et xénophobe, voilà que, cette fin de semaine, des discussions publiques ont été tenues dans les deux chambres du Parlement français sur la dénonciation des accords migratoires de 1968, même si des voix hostiles à cette démarche suicidaire se sont élevées autant au Parlement qu’au Sénat français.

C’est ainsi que l’Algérie a été citée 29 fois à l’Assemblée française lors de la session des questions au gouvernement, notamment à propos de l’attaque de Mulhouse.

Le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau, comme à son habitude agressive à l’égard de l’Algérie, tout comme le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, qui a abordé une autre question concernant l’accord migratoire de 1968, a demandé son abrogation unilatérale.

Le Sénat français a également débattu de cet accord en envisageant la possibilité de demander sa dénonciation. Le débat, surréaliste, a rassemblé les principaux groupes parlementaires, les voix de droite et du centre appelant à se retirer de cet accord. C’est ainsi que le ministre français de l’Intérieur, à la question sur l’attaque de Mulhouse, a persisté dans ses attaques frontales contre l’Algérie, l’accusant d’être indirectement responsable dans l’attaque en raison de son refus de recevoir le suspect, affirmant que si l’Algérie avait respecté ses engagements internationaux, l’attaque n’aurait pas eu lieu.

Il a mentionné les décisions de la commission ministérielle sur l’immigration qui s’est tenue la semaine précédente, demandant à l’Algérie de coopérer en matière de réadmission de « centaines » de ressortissants algériens jugés dangereux.

Quant au ministre français des Affaires étrangères, questionné, il a renvoyé à une déclaration du Premier ministre François Bayrou la semaine précédente, après une réunion sur l’immigration, où il a évoqué la possibilité de réexaminer l’accord unilatéralement si l’Algérie ne réagissait pas aux délais impartis.

Cet accord a également été au cœur des débats au Sénat, où des voix s’étaient élevées pour attaquer l’Algérie, notamment au sein des républicains, tandis que des intervenants de gauche appelaient à un dialogue franco-algérien sur la question de l’immigration. Pour le membre du Sénat Ahmed Laouedj, élu du Parti radical de gauche, « les tensions entre la France et l’Algérie étaient le résultat de surenchères politiques et médiatiques à des fins électorales », s’interrogeant sur « les intentions de créer de nouvelles tensions après des conflits artificiels, appelant à la prudence face à ces dérives ». 

Le parlementaire d’origine algérienne a ainsi présenté une liste des pratiques hostiles de la France, mentionnant les menaces du ministre des Affaires étrangères de convaincre d’autres pays européens de durcir les conditions d’entrée des Algériens en France, et a insisté sur le fait que ces politiques découlaient d’une approche superficielle des relations bilatérales qui devraient être basées sur le respect mutuel, et non sur des menaces, tout comme il a critiqué la volonté du gouvernement Bayrou de réviser unilatéralement l’accord de 1968.

Akli Mellouli, parlementaire et d’origine algérienne, a quant à lui stigmatisé l’exploitation politique de la question migratoire, soulignant que l’accord avait été révisé trois fois dans le passé sans médiatisation, et que l’Algérie avait coopéré lors de ces révisions. Selon lui, l’actuelle campagne médiatique contre l’Algérie est menée par certains partis politiques français cherchant à sacrifier la relation franco-algérienne à des fins électorales.

Parlant de l’Algérophobie, et des propos positifs sur le colonialisme, Mellouli est revenu sur le silence officiel français face aux déclarations du fils de Sarkozy qui avait appelé à incendier l’ambassade d’Algérie, sans réaction officielle en France. Enfin, il a fait référence aux menaces du Premier ministre français concernant l’Algérie (fixant un ultimatum sous peine de sanctions), s’interrogeant sur la manière dont la France était influencée par les politiques de Donald Trump concernant l’immigration.

Après donc le gouvernement Bayrou, dont le ministre de l’Intérieur a réussi à faire baisser le nombre de visas délivrés aux Algériens de 28 % en janvier 2025 par rapport à l’année dernière, c’est le Parlement français, emmené par la droite, qui entre de plain-pied dans cette offensive inélégante et gratuite contre l’Algérie et ses institutions.

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L'express quotidien du 09/03/2025

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