Née le 30 septembre 1983 à Constantine, Radia Gouga Rodesli est une artiste aux multiples facettes. Informaticienne de formation, elle s’est forgé une carrière singulière en tant que peintre autodidacte, écrivaine, poétesse et art-thérapeute. Depuis 2019, elle a publié six ouvrages en darja (vernaculaire algérien), le sixième est une traduction du Vieil Homme et la Mer d’Ernest Hemingway. Son engagement artistique et littéraire se double d’une passion pour la transmission, l’échange et la préservation du patrimoine culturel algérien.
Si Radia Gouga Rodesli n’a pas suivi de formation académique en arts plastiques, son parcours n’en est pas moins structuré par une recherche constante et un travail approfondi sur son style. Après des études en informatique et une carrière dans ce domaine, elle a multiplié les formations artistiques et affiné une esthétique singulière, qu’elle définit elle-même comme « iconoclaste, reconnaissable parmi mille ». Son art, dit-elle, se veut une exploration du visible et de l’invisible, une tentative de « spiritualiser la matière et matérialiser l’esprit ».
Une poésie mystique et vibratoire : le « Zajel »
Son écriture poétique repose sur une approche rythmique et vibratoire. Elle développe le concept du « zajel », qu’elle décrit comme la traduction de la voix universelle du cosmos en mots rythmés, évoquant une poésie quasi mystique. Inspirée par la spiritualité et la méditation, sa poésie ambitionne d’être un pont entre la matière et l’immatériel, entre le réel et l’onirique.
Artiste prolifique, Radia Gouga Rodesli a participé à de nombreuses manifestations culturelles à travers le monde. Ses expositions individuelles et collectives l’ont menée du Palais Ahmed Bey et du musée Cirta à Constantine au Palais Moufdi Zakaria à Alger, en passant par le Centre Culturel Français et l’hôtel Sofitel. Elle a également été présente sur la scène internationale, exposant au Liban, en Égypte, en Australie, au Canada et aux États-Unis, que ce soit en présentiel ou en distanciel.
Les thématiques de ses expositions varient selon les contextes et les inspirations du moment : « Paix et quiétude », « Sérénité d’Éden », « Entre éther et terre », « Liberté de l’âme lumineuse », « Richesse du patrimoine féminin », « Tenues traditionnelles féminines », « Œuvres chantantes enchantées »… À travers chacune de ces expériences, elle dit puiser une énergie créatrice renouvelée, alimentée par les retours enthousiastes de son public.
Ses apparitions médiatiques accompagnent la sortie de chacun de ses ouvrages, mais vont bien au-delà de la simple promotion littéraire. Elle intervient régulièrement dans les médias nationaux et internationaux pour parler du patrimoine constantinois et de son univers artistique. Si les chaînes algériennes l’invitent fréquemment, son travail a également retenu l’attention de médias internationaux comme Radio Maghreb, la chaîne Al-Arabiya et Aswat Magharibia, qui l’a mise en avant comme « première romancière en darja algérienne ».
« ZajelJazz Méditation » : un concept artistique inédit
Radia Gouga Rodesli revendique une approche novatrice avec la création du ZajelJazz Méditation, une fusion entre ses lectures poétiques zajel, la musique jazz et parfois des sonorités soufies à la manière de Dhafer Youssef. Ce projet, explique-t-elle, vise à élever la vibration intérieure du spectateur et à établir une connexion spirituelle profonde avec « l’énergie infinie de l’univers ».
Dans un monde dominé par la matérialité, elle considère qu’il est urgent de retrouver un lien avec l’essentiel, de renouer avec une unité principielle. Ce travail s’inscrit dans sa quête plus large d’authenticité et de ressourcement.
Depuis un an, Radia Gouga Rodesli a ajouté une nouvelle corde à son arc en obtenant un diplôme d’art-thérapeute. Elle organise désormais des séances d’art-thérapie à l’Institut français de Constantine, où elle accompagne ses participants dans un processus de recentrage, de pleine conscience et d’exploration du potentiel créatif.
Elle revendique une approche éclectique et pragmatique, puisant dans différentes disciplines du bien-être et du développement personnel. À travers ses techniques, elle cherche à favoriser une réconciliation avec soi-même et à stimuler l’imagination comme moyen d’expression et de guérison.
Un regard sur la femme algérienne d’aujourd’hui
Interrogée sur la place de la femme, Radia Gouga Rodesli souligne que celle-ci est toujours conditionnée par les cultures et les contextes sociaux. En Algérie, elle observe une génération de femmes qu’elle qualifie « d’hybride », naviguant entre les héritages du passé et les aspirations de l’avenir.
Elle estime que les progrès réalisés en matière de droits, d’éducation et d’emploi sont considérables, mais que des défis subsistent. Son travail artistique et littéraire s’inscrit dans une volonté d’affirmation, d’émancipation et de transmission.
Un message aux lecteurs et lectrices algériens
Fidèle à son engagement culturel, Radia Gouga Rodesli adresse un message clair aux lecteurs et lectrices algériens : « Vous êtes le reflet d’une riche histoire et d’une culture unique qui traverse les générations. Dans un monde en constante évolution, il est essentiel de continuer à valoriser notre patrimoine tout en embrassant le changement. Votre force réside dans votre capacité à rester fidèles à vos racines tout en étant ouverts au futur. Soyez fiers de qui vous êtes, de ce que vous accomplissez, et n’oubliez jamais que chaque voix compte pour bâtir un avenir meilleur. Ensemble, nous pouvons façonner un monde où la diversité et la sororité triomphent ».
Par ses toiles, ses mots et ses mises en lumière, Radia Gouga Rodesli ne se contente pas de raconter un héritage, elle le réinvente, le transcende et l’ancre dans une modernité vibrante. Son art, à la croisée du sensible et du spirituel, devient une passerelle entre passé et avenir, visible et invisible, où chaque création résonne comme un écho intemporel de beauté, d’émancipation et de quête infinie.
