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Ali Hamani, président de l’APAB: « La production des boissons énergisantes est encadrée et réglementée »

Dans cet entretien, M. Hamani, président de l’association des producteurs algériens de boissons, revient sur la sensibilisation à la consommation de boissons énergisantes. Il a également présenté les statistiques concernant le marché algérien des boissons en 2024.

L’Express: L’Association des producteurs algériens de boissons (APAB) a publié le 26 janvier un communiqué pour mettre en garde contre les risques liés à la consommation de boissons énergisantes. L’APAB a même participé à la réunion organisée le 19 janvier 2025 par l’association « EL-AMAN » de protection des consommateurs, relative au mode de consommation des boissons énergisantes. Peut-on avoir plus de détails sur cette réunion ?

M. Hamani: Le communiqué de l’APAB avait pour objectif de rappeler les mises en garde sur les risques liés à la consommation abusive des boissons énergisantes par une frange de consommateurs qui ne devrait pas s’adonner à leur consommation, notamment les enfants en bas âge. Ce phénomène a été constaté et relevé par les services de sécurité qui ont attiré l’attention des pouvoirs publics. 

Ce communiqué fait suite aux travaux des représentants des membres de la commission intersectorielle qui s’est réunie le 19 janvier 2025 en coordination avec l’Association des consommateurs EL AMAN. 

Il est à rappeler qu’une boisson énergisante est une boisson destinée à donner un regain d’énergie à son consommateur, en utilisant un mélange d’ingrédients stimulants.

Ces boissons contiennent une grande variété de composés organiques excitants comme la caféine, ou d’autres comme les vitamines de la série B, et parfois des extraits de plantes comme le guarana. Ces composés sont associés à des acides aminés comme l’arginine, la taurine qui permettrait d’accroître la durée d’effet des excitants.

La production des boissons énergisantes est encadrée, puisque réglementée à travers l’arrêté interministériel du 29 août 2022 portant adoption du règlement technique fixant les spécifications de certaines boissons rafraîchissantes (publié au JO n°75 du 13.11.2022). Il faut signaler que nous sommes dans l’attente de l’AIM modificatif qui devait être promulgué.

La boisson énergisante est une catégorie de boissons rafraîchissantes dont la production obéit à des spécifications strictes et particulières, notamment en matière de mises en garde devant être apposées sur l’étiquetage informatif des consommateurs, exprimée notamment par la mention « ne convient pas aux enfants de moins de 16 ans », cette frange étant celle fréquentant le milieu scolaire.

Le problème soulevé concerne le mauvais usage. C’est pour cela que nous devons tous, en tant que consommateurs, prendre nos précautions à ce sujet et lire attentivement les mentions obligatoires figurant sur l’étiquetage informatif des produits, tel qu’il est réglementé.

En conséquence, il est préconisé de ne pas diaboliser « la boisson énergisante », qui peut être consommée avec modération par les consommateurs indiqués et concernés, au même titre que les autres catégories de boissons.

Il est à signaler que l’article 16 de l’arrêté suscité a précisé que « les mises en garde indiquées pour les boissons énergisantes, doivent être regroupées dans un même emplacement de l’étiquetage, notamment ce qui suit : « Ne convient pas : aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants de moins de 16 ans ; aux diabétiques et hypertendus ; aux personnes sensibles à la caféine ; aux personnes souffrant d’épilepsie et d’insuffisances cardiaques, si les boissons contiennent de la taurine ; aux personnes cardiaques, schizophrènes ou insomniaques, si les boissons contiennent du ginseng ».

 Est-ce qu’il y a eu un écho auprès des consommateurs concernant votre appel à la vigilance ?

En tant qu’association des producteurs de boissons, nous l’espérons, puisque cela nous a tenu à cœur d’avoir fait ce communiqué.

Il faut signaler aussi que même certains parents d’élèves achètent ce genre de boissons à leurs enfants de bas âge.

Outre les boissons énergisantes, il y a la boisson du « Cherbet » qui se consomme beaucoup en ce mois sacré du ramadan, mais certains producteurs ne respectent pas les normes d’hygiène malgré les différentes alertes des associations de protection des consommateurs à ce sujet.

Que faut-il faire à cet effet, à votre avis ?

Pour les unités industrielles produisant de la boisson « cherbette » cela ne pose aucun problème, car ces unités sont certifiées ISO 22000 et HACCP.

Par contre, le risque est au niveau des artisans et des personnes qui la produisent, soit au niveau de leurs domiciles, soit en magasins restreints ne disposant pas de commodités et qui ne respectent pas les normes d’hygiène. Vous remarquerez que cette boisson est généralement vendue en sachet cellophane et exposée soit sur les étals, soit sur la voie publique.     

L’APAB a signé, le 16 février 2025, une convention entre l’université d’Alger 1 BENYOUCEF BENKHEDDA. Peut-on avoir plus de détails sur cette convention ?

Cette convention a pour objet de formaliser la volonté des deux parties d’instaurer un partenariat scientifique et technique, dans une perspective de relations privilégiées à long terme, en collaborant notamment au développement des activités pédagogiques et de formation, et/ou de recherche, et/ou à l’organisation de tout événement permettant de valoriser la recherche, le développement technologique dans le secteur des sciences de l’aliment et de l’industrie agroalimentaire, notamment des boissons.

Il est en effet très important que l’université s’ouvre vers le monde de l’industrie, notamment pour la mise en œuvre des aspects pratiques et de terrain.

Quelle est la situation actuelle du marché des boissons en Algérie ?

Nous considérons que le marché des boissons est satisfaisant comparativement aux besoins de consommation nationale puisqu’il les couvre à 100 %, dont 85 % par les seules entreprises affiliées à l’APAB.

Statistiquement parlant, la consommation des boissons estimée en 2024 est comme suit : pour les jus de fruits, 0,7 milliard de litres, soit 17,5 litres par habitant et par an ; les boissons rafraîchissantes (gazeuses et non gazeuses) 1,5 milliard de litres et 37,5 litres consommés par habitant et par an ; alors que les eaux embouteillées, c’est 2,10 milliards de litres, soit 52,5 litres consommés par habitant et par an.

S’agissant des prix pratiqués, il n’y a pas eu d’augmentation majeure, sauf en ce qui concerne l’indexation des augmentations du prix des intrants et autres matières premières, dont celles importées, à l’instar notamment du PET utilisé comme matériau d’emballage.

 Toutefois, il faut noter que la consommation de certaines boissons rafraîchissantes (sodas, limonades…) a légèrement diminué, du fait que le consommateur algérien a privilégié de s’orienter vers les jus de fruits, les nectars et les boissons aromatisées aux jus de fruits ainsi que vers les eaux embouteillées (eaux minérales naturelles et eaux de sources).

Quelles sont les prochaines activités de l’APAB ?  

En tant qu’association professionnelle, nous accompagnons les entreprises membres dans leur domaine d’activité en : assurant la veille juridique pour tout ce qui se rapporte aux différents produits des cinq sous-filiales représentées au sein de l’APAB ; étant à l’écoute de tous problèmes et/ou contraintes rencontrés par les producteurs de boissons membres de l’APAB (utilisation des additifs alimentaires, certification halal des intrants et autres nouvelles dispositions venant à être initiées et/ou instaurées) et d’agissant en conséquence pour que leurs produits soient en conformité.

Participant aux foires et salons spécialisés concernant directement ou indirectement les boissons (DJAZAGRO, SIPSA FILAHA, Plast & Printpack, BELVAG…) ainsi qu’aux séminaires sur des thématiques spécifiques aux boissons, telle que la contrefaçon des marques, etc.

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