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Alger

La banane, quelle histoire !

La spéculation dans nos territoires est un long serpent de mer. Avant le début de chaque ramadhan, les autorités compétentes, celles chargées de la régulation du commerce, avertissent et préviennent les contrevenants contre toute manœuvre spéculative.

Sur le papier, cela marche bien et les communiqués officiels réconfortent. Sauf que cela ne fonctionne pas comme ça, et que le marché des biens de consommation, les fruits, légumes et viandes, les produits les plus consommés durant ce mois sacré, obéissent quant à eux à une autre logique.

Certes, il ne faut pas pointer du doigt à chaque hausse des prix la spéculation ou les manœuvres d’enrichissement illicites, et oublier qu’il y a le phénomène naturel de toute économie, celui de l’inflation. Sauf que durant ce mois de ramadhan, et en dépit des avertissements du ministère du Commerce, un produit a défrayé la chronique, et s’est taillé une belle réputation de fruit inabordable pour les Algériens.

À plus de 700 da/kg juste la veille ou un jour après le début du mois sacré, alors qu’elle était cédée à moins de 450 da/kg durant tout le mois de janvier et de février, la banane et les circuits de commercialisation de ce fruit, le plus consommé dans le monde, ont mis en évidence un défaut de contrôle ou de maîtrise de ce marché particulier.

Suffisant pour que les plus hautes autorités du pays interviennent pour stopper d’une part la mascarade de la hausse des prix de ce produit, ensuite opérer une saisie très médiatisée au port d’Annaba de 34 conteneurs chargés de bananes, soit 800 tonnes. Au-delà de cette saisie, il y a lieu de se poser la question : quel est son prix sur les marchés internationaux pour qu’il nous revienne si exorbitant dans nos couffins ?

En fait, le marché international de la banane se divise en deux compartiments : celui de la banane-dollar cultivée dans les pays d’Amérique centrale et latine (Costa Rica, Panama, Honduras notamment), aux mains des grandes multinationales fruitières US, et la banane-CFA, cultivée en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Cameroun, Bénin) régie par les accords préférentiels de Lomé dont le prix est indexé à la monnaie unique européenne.

Et donc, tout le marché mondial de la banane est régi par les règles commerciales édictées par l’OMC, et basé sur la concurrence. Le prix, par exemple, de la banane sur le marché français en date de février 2025 oscillait en moyenne entre 0,75 et 0,86 euro.

Et encore, il s’agit de la banane des DOM-TOM, c’est-à-dire soutenue par Bruxelles, alors que celle d’Amérique centrale n’est pas protégée et coûte encore moins cher.

Sur le marché de Londres, le prix moyen hebdomadaire actuel des bananes était de 0,94 £/kg pour les bananes du Costa Rica, stable par rapport à la semaine dernière, les bananes du Panama se sont vendues à 0,90 £ /kg et celles du Guatemala à 0,89 £.

Faites vos comptes. On comprend alors le ministre du Commerce lorsqu’il avait dit que normalement la banane ne devrait pas coûter plus de 250 dinars au consommateur algérien.

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L'express quotidien du 17/03/2025

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