Les autorités marocaines ont une nouvelle fois opposé une fin de non-recevoir à des observateurs internationaux. Ce samedi, une délégation de l’Association internationale des avocats pour le Sahara occidental et du Conseil général des avocats espagnols s’est vu interdire l’entrée à Laâyoune, capitale du territoire occupé. Leur mission est d’évaluer la situation humanitaire des civils sahraouis, notamment les prisonniers politiques détenus dans les geôles marocaines.
À leur arrivée, les avocates Lola Travieso Darias, Flora Marrero Ramos et leur confrère Silvestre Suárez Fernández n’ont même pas eu le temps de poser le pied sur le sol sahraoui. Les autorités marocaines les ont immédiatement reconduits vers l’aéroport de Las Palmas, aux îles Canaries, les forçant à repartir par le même vol.
Ce refoulement manu militari illustre une tendance lourde, depuis 2014, Rabat verrouille l’accès du Sahara occidental aux organisations internationales. Blocus militaire, embargo médiatique et interdiction d’entrée pour les rapporteurs onusiens… Tous les moyens sont bons pour empêcher toute documentation des violations systématiques des droits humains dans la région. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme fait partie des instances empêchées d’accéder aux territoires occupés.
Cette expulsion n’a rien d’un cas isolé. Ces dernières années, de nombreuses délégations parlementaires, ONG et observateurs juridiques ont été refoulés à leur arrivée. L’objectif ? Maintenir le silence sur la répression qui frappe les militants sahraouis et étouffer les voix dénonçant les conditions de détention des prisonniers politiques.
La réaction des autorités marocaines ne surprend guère les défenseurs des droits sahraouis, qui dénoncent un « verrouillage » méthodique destiné à dissimuler les exactions contre les civils sous occupation. Pour les associations de défense des prisonniers sahraouis, cette nouvelle interdiction ne fait que renforcer les soupçons de traitements inhumains et de tortures dans les centres de détention marocains. Privations de soins, isolement prolongé, brutalités physiques… Autant d’allégations qui ne peuvent être vérifiées faute d’accès aux prisons.
Le Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique selon l’ONU, reste sous occupation marocaine depuis 1975, en violation du droit international. Et Rabat, qui revendique ce territoire malgré les résolutions onusiennes, n’a aucune intention de laisser la communauté internationale y regarder de plus près.