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Pr. Lakhdar Aouarib, chercheur en histoire: « L’arrogance coloniale de la France l’empêche de se réconcilier avec son passé colonial »

Contrairement à la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou l’Italie, « l’arrogance coloniale » de la France l’empêche de se réconcilier avec son passé colonial ou de reconnaître ses crimes contre l’humanité commis en Algérie.

L’Algérie célèbre aujourd’hui la fête de la Victoire marquant le 63ᵉ anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962. Le cessez-le-feu, couronnement des négociations d’Évian, a mis fin à 132 ans de colonisation française en Algérie.

Il est entré en vigueur à cette date historique, après la signature, le 18 mars 1962, des Accords d’Evian entre les représentants du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et ceux du gouvernement français.

Dans le contexte actuel,  les relations diplomatiques et politiques entre les deux pays ne sont pas au beau fixe et beaucoup de questions d’histoires restent non réglées. 63 ans après, la France refuse toujours de reconnaître ses crimes commis au cours de 132 ans de colonisation.

Une situation qu’impute en particulier, le chercheur en histoire, Lakhdar Aouaribaux « nostalgiques » de l’Algérie française ainsi qu’à l’arrogance coloniale de la France. Les nostalgiques de l’Algérie française considèrent que les crimes coloniaux ont été commis comme un « sacrifice pour la mission civilisatrice menée en Algérie ».

Dans une déclaration à L’Express, le professeur à l’université de Ouargla estime que les nostalgiques de l’Algérie française continuent d’influencer le cercle de pouvoir en France et rejettent la reconnaissance des crimes coloniaux.

Contrairement à la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou l’Italie, « l’arrogance coloniale » de la France l’empêche de se réconcilier avec son passé colonial ou de reconnaître ses crimes contre l’humanité commis en Algérie.

Il cite en particulier le bombardement perpétré à Laghouat en 1852, qui est un génocide immense qui a exterminé les deux tiers deshabitants de Laghouat, les massacres du 8 mai 1945, ainsi que les massacres du 17 octobre 1961, reprochant à la France « d’exceller » dans l’usage de la torture contre la population algérienne ».

Pour le chercheur en histoire, la France serait le « premier bénéficiaire » dans le cas où elle règle son dossier d’histoire avec l’Algérie. Ce qui épargnera, ajoute-t-il, les deux pays de traverser des « périodes de crises diplomatiques et politiques répétitives ».

Via la reconnaissance de ses crimes coloniaux, la France fermera la parenthèse à l’un de ses problèmes majeurs avec l’Algérie ».

Pendant de longues années, l’Algérie demande à la France la restitution des archives  concernant la période coloniale. « Les archives de la révolution sont en France.

Notre mémoire doit rester en Algérie, dans des centres d’archives en Algérie », poursuit notre interlocuteur, pour qui la lutte pour la mémoire est une « fatalité historique ».

Des avancées sont enregistrées du côté algérien. Le président de la République, a conditionné en 2023 sa visite aux dossiers traitant, en particulier, de la mémoire, de la mobilité ou des essais nucléaires français en Algérie.

« L’Algérie est dans son droit de réclamer la restitution des archives liées à la période coloniale et de demander des indemnisations pour les crimes commis dans le pays », soutient le chercheur en histoire.

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L'express quotidien du 20/03/2025

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