L’Algérie a réagi, hier, aux accusations du gouvernement malien de la transition, soutenu par la Confédération des Etats du Sahel, suite à la destruction par l’ANP d’un drone qui avait violé l’espace aérien national le 31 mars dernier.
Répandant des allégations mensongères, le gouvernement de transition malien a mentionné dans un communiqué que le drone dont il est question « a été détruit sur le territoire malien, suite à une action hostile préméditée de l’Algérie ». Plus grave encore, les putschistes de Bamako sont allés jusqu’à accuser l’Algérie de « parrainer le terrorisme international».
Des allégations qui ont aussitôt été appuyées par l’Alliance des États du Sahel (Mali, Niger, Burkina-Faso) qui a annoncé sa décision de « rappeler pour consultations les ambassadeurs des États membres accrédités à Alger ». Face à ces allégations infondées, Alger a réagi avec fermeté.
Dans un communiqué rendu public hier, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que « le gouvernement de la transition au Mali porte de graves accusations contre l’Algérie.
En dépit de leur gravité, toutes ces allégations mensongères ne dissimulent que très imparfaitement la recherche d’exutoires et de dérivatifs à l’échec manifeste de ce qui demeure un projet putschiste qui a enfermé le Mali dans une spirale d’insécurité, d’instabilité, de désolation et de dénuement », a répondu le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Et d’ajouter : « L’Algérie rejette avec force cette tentation présente dans toutes les attitudes malveillantes et systématiquement infondées par lesquelles la junte des putschistes qui sévit au Mali tente vainement de faire de notre pays un bouc émissaire des revers et des déboires dont le peuple malien paye le prix le plus lourd ».
Selon la même source, « l’échec de cette clique inconstitutionnelle est patent à tous les niveaux, politique, économique et sécuritaire. Les seuls succès dont cette même clique peut se prévaloir sont ceux de la satisfaction d’ambitions personnelles au prix du sacrifice de ceux du Mali, de l’assurance de sa survie au détriment de la protection du Mali et de la prédation des maigres ressources de ce pays frère aux dépens de son développement. »
Le MAE a naturellement rejeté les accusations relatives au terrorisme. « La collusion que le gouvernement malien établit avec une extrême légèreté entre l’Algérie et le terrorisme manque tellement de sérieux qu’il serait superflu de lui prêter attention ou d’y répondre.
En effet, la crédibilité, l’engagement et la détermination de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme n’ont besoin ni d’être justifiés, ni d’être établis. Par contre, la première menace et la plus déterminante sans doute qui pèse sur le Mali aujourd’hui réside dans l’incapacité des putschistes à assumer la lutte antiterroriste réelle et effective, au point d’en confier la gestion au mercenariat dont l’Afrique a tellement pâti dans son histoire récente », lit-on dans le communiqué.
Drone abattu… les clarifications de l’Algérie
Le gouvernement algérien a affirmé que « toutes les données se rapportant à cet incident sont disponibles dans la banque de données du ministère algérien de la Défense nationale, en particulier les images radar qui établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie ». Selon la même source, « il ne s’agit pas de la première violation par un drone malien de l’espace aérien de l’Algérie, mais bien de la troisième en l’espace de seulement quelques mois ». Il a été rappelé que « les 2 premières violations sont intervenues respectivement le 27 août 2024 et le 29 décembre 2024 ».
Les circonstances de la destruction du drone malien
Détaillant les circonstances de l’incident intervenu dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, il affirme que « toutes les données disponibles dans la banque de données du ministère algérien de la Défense nationale, y compris les images radar, établissent qu’il y a eu violation de l’espace aérien de l’Algérie à minuit huit minutes sur une distance de 1,6 km.
Le drone en question a, dans un premier temps, violé l’espace aérien national, il s’est ensuite éloigné, avant d’y retourner en prenant une trajectoire offensive.
Quatrièmement, l’entrée du drone malien dans l’espace aérien algérien, son éloignement, puis son retour offensif sur zone ont entraîné sa qualification de manœuvres d’hostilité caractérisée. Suite à cette qualification, le Commandement des forces de défense aérienne de l’Algérie a ordonné sa destruction », lit-on encore dans le communiqué.
Par ailleurs, le gouvernement algérien a exprimé son profond regret suite à « l’alignement inconsidéré » du Niger et du Burkina Faso sur les « thèses fallacieuses » présentées par le Mali. Il regrette également le « langage outrancier et injustifié » tenu à l’égard de l’Algérie.
Un langage que l’Algérie condamne et rejette avec une « extrême fermeté ». « Le gouvernement algérien regrette, également, d’avoir à appliquer la réciprocité et à procéder au rappel, pour consultation, de ses ambassadeurs au Mali et au Niger et à différer la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso », a conclu la même source.