En réaffirmant son soutien au prétendu plan d’autonomie marocain, présenté comme « la seule solution » au conflit du Sahara occidental, l’administration américaine prend une position qui soulève de vives réactions à Alger et à El-Ayoun.
Loin de se réduire à une simple déclaration diplomatique, cette posture engage des responsabilités lourdes au regard du droit international, tout en fragilisant le rôle que Washington pouvait encore prétendre jouer dans la résolution d’un conflit vieux de plusieurs décennies.
Pour l’Algérie, cette confirmation par un membre permanent du Conseil de sécurité traduit une prise de distance préoccupante avec les principes fondamentaux des Nations unies
Dans un communiqué mesuré mais ferme, le ministère des Affaires étrangères rappelle que « la question du Sahara occidental relève fondamentalement d’un processus de décolonisation inachevé » et que le peuple sahraoui « demeure titulaire du droit de disposer de lui-même », en référence directe à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale. En d’autres termes, toute solution imposée en dehors du cadre onusien ne saurait être considérée comme légitime.
Du côté sahraoui, la réaction est tout aussi nette. Le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dénonce « le soutien manifeste aux propositions expansionnistes du Maroc » et souligne que les décisions de la Cour internationale de justice, des juridictions européennes et africaines s’accordent toutes à nier au Maroc toute souveraineté sur le territoire.
Plus encore, la diplomatie sahraouie avertit : un tel alignement américain pourrait « compromettre le rôle de l’administration américaine dans le processus de paix » et transformer Washington de médiateur potentiel en partie prenante au conflit.
Au-delà des considérations géopolitiques immédiates, c’est la crédibilité même de l’ordre international qui est mise en jeu. Car si la question sahraouie reste en suspens, ce n’est pas faute de droit, mais faute de volonté. À ce titre, l’Algérie réaffirme son attachement à une solution conforme au droit international et à l’autodétermination des peuples, condition sine qua non d’une paix durable.
Dans un monde où les rapports de force tendent à supplanter les principes, le Sahara occidental devient le miroir d’un déséquilibre global, celui d’un droit qui peine à s’imposer face à des logiques d’influence. À l’heure des grands discours sur la démocratie et les droits humains, la cause sahraouie rappelle avec insistance qu’aucun ordre international ne peut se construire sur l’oubli d’un peuple.