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Le procès de l’argent sale dans le football

 Depuis une dizaine d’années, les affaires d’argent secouent le monde du football en Algérie et avilissent un univers qui devait rester fair-play, propre et synonyme de compétition, de performance et de spectacle. 

  Une des deux affaires déférées par le juge d’instruction près le Tribunal de Chéraga (Cour de Tipasa) devant la Chambre correctionnelle pour procès le 21 septembre prochain, concerne la société sportive par actions (SPA), le Mouloudia Club d’Alger (MCA), et remet sur la table un nouveau scandale qui secoue le sport roi.

   Des dirigeants corrompus et corrupteurs, des arbitres achetés avant les d’entrer au stade, des résultats arrangés avant les matchs, etc., on aura tout vu depuis que l’argent a déployé ses ailes sur le football.  L’alerte a été donnée par les joueurs eux-mêmes, il y a longtemps, avant que certaines affaires n’atterrissent sur les réseaux sociaux et la place publique. On s’en souvient, et l’affaire avait fait grand bruit, de l’enregistrement audio mis en ligne. Le contenu du document sonore était une discussion entre deux individus qui parlaient de matchs arrangés. L’authentification du document par la justice avait permis d’identifier le directeur général de l’ES Sétif, Fahd Halfaya, et d’un intermédiaire (agent de joueur) bien connu sur la place.

   Dans le document sonore, les deux hommes ont échangé sur une tentative d’arrangement de match, ont cité le nom d’un dirigeant, Anis Belhamadi, président du CA Bordj Bou Arréridj, ainsi que plusieurs clubs (US Biskra, ASO Chlef, CR Belouizdad, ES Sétif, JS Kabylie, NA Hussein Dey, NC Magra, MC Alger, USM Bel Abbès. L’affaire devait aboutir à un assainissement global du football au vu de la gravité des faits.

      Mais ce fut l’enquête menée par la BBC Arabic sur la corruption dans le football en Algérie qui avait fait tilt. Le documentaire publié par la BBC a révélé comment un réseau d’arbitres, de joueurs, de présidents de club et de facilitateurs algériens ont été impliqués dans des activités de corruption.  Un arbitre, dont l’identité a été préservée, a déclaré à la BBC qu’il pouvait facturer jusqu’à 68 000 dollars pour faciliter la victoire pour une équipe à l’extérieur. Des sources ont indiqué par ailleurs que les matchs truqués se répandaient généralement au cours de la deuxième moitié de la saison, alors que certaines équipes risquaient une relégation. Une équipe à l’abri de la relégation est susceptible d’accepter de perdre un match et d’aider un autre à échapper à l’étage inférieur en se faisant offrir une certaine somme d’argent. 

   L’embellie financière du début de la dernière décennie avait abouti à une prolifération des hommes d’affaires, qui ont pris les manettes de la présidence de grands clubs huppés du championnat national, ont déboursé sans modération, et fait du football un secteur rentable soumis au seul critère de l’argent. Les joueurs se vendaient et s’achetaient à prix d’or, les salaires montaient en flèche, mais le niveau de compétence des joueurs suivit le parcours inverse, menant à une décrépitude totale du championnat national, tel que nous le vivons aujourd’hui. L’assainissement devrait prendre du temps, beaucoup de temps pour venir à bout de tous les points qui entachent encore un sport populaire largement avili par ses travers. 

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