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Akli Yahiatène, un pilier de la chanson algérienne honoré

Akli Yahiatène, un monument, un maître, un géant de la chanson d’expression kabyle a été honoré avant-hier soir, pour l’ensemble d’une carrière exemplaire et en signe de reconnaissance pour son apport à l’art et à la musique algérienne.

Cette distinction a eu lieu au Théâtre National Algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) lors d’une soirée à forte affluence du public, en présence de plusieurs personnalités du 7 e art algérien et de ses plus grands fans, venus de différentes willayas.

Organisé par l’Association artistique et culturelle «Troisième millénaire» en partenariat avec l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (Onda), la cérémonie s’est ouverte par une prestation musicale avec une troupe « d’Idhebalen », qui a escorté l’artiste vêtu de son plus beau costume, sur la scène du TNA. Cette entrée majestueuse, a été accompagnée par des Youyous qui résonnaient de toute la grande salle. Un moment émouvant pour le chanteur, qui d’ailleurs a perdu ses mots, alors qu’il était sur le point de s’exprimer sur les planches.

L’artiste a été aussi accompagné par la directrice de la culture et des arts de Tizi-Ouzou Nabila Goumeziene, du secrétaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad, et du directeur de l’Agence Algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), Abdelkader Bendaamache. La soirée a commencé par l’interprétation de sa chanson bien connue « Jahagh Bezaf Dhameziane « , par une troupe musicale.

Le premier à monter sur scène et de chanter pour Akli Yahyatene est Reda Doumaz  qui a interprété plusieurs morceaux à l’instar de « Wili men el Mahboub », « Men Sabni Qamri wa nadhir », « ya Ahl El Houria » et « Wama Nanssahoum ». Pour la dexième patrie de la soirée, c’est Nadia Benyoussef, qui a prit la relève et a rendu hommage à ce grand homme de la musique, en lui chantant « Al qalb bat Sali » « Mal Hbibi Malou » et « Dzair Macha Allah ». 

Le nouveau talent de la chanson kabyle Rezki Ouali, également salué et honoré son idole Akli Yahyatène, en lui interprétant l’une de ses plus grandes chansons à savoir « Ya Rabi Lahnin Faredj Fel Hine ». Il a enchainé par la chanson « Allah Amthimi » et « Intas ma dyas » du défunt Allaoua Zerrouki et « Yandeh ourrar » de grand et inoubliable Idir.

Une carrière exemplaire

El Hasnaoui Amechtouh, a voulu aussi rendre hommage à ce géant de la chanson Kabyle, en interprétant la célèbre chanson « Jahagh Bezaf Dhameziane ». Il a aussi régalé les présents par « ma thevghidh anrouh » et « Athissoukrine ».

L’association a ensuite honoré le grand Akli Yahiatène d’une médaille et d’un trophée ainsi que d’un Burnous, et cela pour l’ensemble de sa carrière exemplaire  et pour son apport pour la musique algérienne.

Pour remercier son public, le chanteur, qui malgré son âge (89ans) a sortit sa voie d’or, pour interprété avec son petit fils Akli « Athamouthiw », et ensuite par la demande du public il a chanté son plus grand tube reprit par beaucoup d’autre artistes « Ya El manfi ».

Né en 1933 à Aït Mendès commune de Boghni, wilaya de Tizi-Ouzou, le petit Akli qui n’a pas connu les bancs de l’école se retrouve dès l’âge de 12 ans à Alger où, comme de nombreux enfants de son âge, il vit de petits métiers. Au moment de l’armistice en 1945, il est arrêté et séjourne plusieurs mois en Maison de redressement. Il embarque en 1953 pour la France, vit de petits emplois, s’initie à la mandoline et doit retourner en Algérie pour effectuer son service militaire en 1954.

Deux ans plus tard, le voilà à nouveau en France où il se fait embaucher chez Citroën, consacre le reste de son temps à la musique et fera la rencontre du compositeur et chef d’orchestre Amraoui Missoum qui l’encourage. Suspecté de collecter des fonds pour le FLN, il fait deux séjours en prison. C’est durant l’un de ces séjours en 1959, qu’il compose Yal menfi (Le banni) et Ya moujarrab, deux sésames écrits en arabe populaire qui lui valent la reconnaissance de ses pairs et lui ouvrent la voie du succès. Deux titres qui figureront au catalogue des « Scopitones », ces fameux juke-boxes qui diffusaient l’ancêtre des vidéo clips dans les cafés maghrébins de Paris, Lyon ou Marseille.

D’autres grands succès jalonneront sa carrière, dont on peut citer Inas i mlaayun Taos, Thamurthiw (Mon pays) qu’il compose en 1965, Jahagh bezzef dhameziane (Je me suis exilé trop jeune), Zrigh ezzine di Michelet (j’ai rencontré la beauté à Michelet), El Fraq bezzaf youaar (La séparation est trop dure), Aminigh awal fahmith (Je voudrais que tu comprennes) ou encore Yedja yemas (Il a laissé sa mère).

Après une longue éclipse, Akli Yahiatene rappariât en janvier 2002, au Festival Sons d’hiver de Vitry-sur-Seine, lors d’une soirée baptisée « Tontons du bled », aux côtés de Kamel Hamadi, feu Salah Saadaoui, Sghir Boutaïba, Amar El Achab et Louiza. En septembre 2003, sous la direction du compositeur et chef d’orchestre Kamel Hamadi, Akli Yahiatene était en Algérie, où il ne s’était plus produit depuis des lustres, pour une courte tournée en compagnie de Meriem Abed, Rachid Mesbahi et Thoraya. En novembre 2003, dans le cadre du festival « L’Algérie des musiques » à l’Institut du Monde Arabe à Paris, il est sollicité pour rendre hommage à Cheikh El Hasnaoui et Slimane Azem en interprétant des chansons de leurs répertoires. En mars 2004, lors des soirées « L’an kabyle », c’était au tour de la MC 93 de Bobigny de l’inviter pour un concert avec Chérifa et Karima, accompagnés par un orchestre dirigé par Kamel Hamadi.

La reprise ou l’adaptation de « El Menfi » (Le banni) et de « Ay-Axxam » (La Maison), respectivement par Rachid Taha (albums Diwân 1998 / 1, 2, 3 Soleils Live 2001 / Rachid Taha Live 2001) et le groupe ibérique Radio Tarifa (« La Tarara », album Temporal 1996), témoignent si besoin est du rayonnement d’Akli Yahiatene qui compte parmi les têtes d’affiche encore en activité de la chanson algérienne.

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