Au-delà de la visite de Macron en Algérie dans trois jours, c’est l’image de l’Europe qui revient se ressourcer en Afrique qui se présente aux observateurs avertis. La guerre en Ukraine va complètement détruire les pays européens si ces derniers ne trouvent pas les alternatives au manichéisme qui se pose à eux. Qui s’est posé à eux, malgré eux, serions-nous tentés de dire, tant les États Unis veulent faire pencher la balance de leur côté et contraindre les Européens à acheter chez un gaz (de moindre qualité et de coût plus élevé), quitte à les mettre en péril.
Nous observons déjà les conséquences sur cette Europe meurtrie et fragilisée par une guerre de sous-traitance. L’Allemagne, qui sait ne pas pouvoir tenir plus de trois mois, ne veut plus aller plus loin dans les sanctions antirusses ; la France, qui a perdu au Mali un mirador irremplaçable (ce n’est pas le Niger qui le fera), tente de retrouver une place de privilégiée en Algérie, à un moment où des pays comme l’Italie, la Russie, la Chine, la Turquie, etc. ont pris les premières loges.
L’Espagne, à qui le duo Etats Unis-Otan fait jouer une partition curieuse, paye déjà un prix fort pour son irrationalité avec l’Afrique, l’Algérie notamment : la facture de gaz du pays a dépassé la barre des 30 milliards d’euros en 2022, soit la plus élevée de son histoire, selon le quotidien Información, qui rapporte que les autorités espagnoles ont importé pendant les premiers mois de l’année des quantités du gaz naturel pour 12.3 milliards d’euros, soit 328% de plus qu’a la même période de l’an 2021 (lire p.2).
La guerre en Ukraine est en train de carrément détruire l’Europe ; les Etats Unis, confrontés à la montée inexorable des superpuissances de l’Est, Chine et Russie, est bien incapable aujourd’hui de gérer les choses à sa manière. Seule l’Europe, pour des raisons géopolitiques datant d la fin de la Seconde guerre mondiale, demeure dans son giron. Mais apparemment, ce ne sera pas pour longtemps : les capitales européennes sont en train de constater combien cette guerre leur sera coûteuse, voire ruineuse.
Les changements de paradigme interviendront sans aucun doute avant la fin de la guerre en Ukraine, qui risque de s’internationaliser si aucun effort n’est réellement fait pour aller vers un nécessaire compromis avec le Kremlin. D’ici à ce jour, les manœuvres de sous-sol continueront pour faire tomber certains, pour avancer ses pions ou pour rendre les événements encore plus illisibles pour mieux les maitriser. La tentative d’assassinat avant-hier, sur Alexandre Douguine à Moscou fait partie de ces plans de l’hyper-visibilité des effets et de la sous-visibilité des causes.