Abderrahmane Meziane Chérif, un nom qui soulève beaucoup de souvenirs et nous renvoie à l’époque des grands hommes d’Etat, ceux qui ont fait la Révolution, contribué à se défaire du joug de la colonisation, puis ont retroussé les manches pour faire l’effort de la reconstruction de l’Algérie post-indépendante.
Né en 1938 à El Eulma, haut fonctionnaire de l’Etat algérien, ancien moudjahid, condamné à mort, Abderrahmane Meziane Chérif devient dès l’indépendance cadre à la présidence de la république. Il est nommé directeur de l’Energie et de l’Industrie à la wilaya d’Alger entre 1971 et 1979. Wali à Aïn Defla, wali à Guelma et Djelfa, c’est surtout son passage à la tête de la wilaya de Bejaia qui nous intéresse le plus dans ce numéro de l’Express, car, comme nous allons le voir, ses réalisations dans la capitales des Hammadites, témoignent pour lui à ce jour.
Il a été notamment wali en 1991, Consul-général d’Algérie à Francfort, puis en 1994-1995, Ministre de l’intérieur, des collectivités locales, de l’environnement et de la réforme de l’Etat, à une période charnière de la vie politique de l’Algérie, puis, en 1995-2004, Ambassadeur en République tchèque, et enfin, en 2004-2010, Consul-général d’Algérie à Paris.
Toutes les périodes de son parcours méritent un livre à part entière ; son implication par exemple, dans les pourparlers pour désamorcer la crise générée par la prise d’otages de l’Airbus français, en 1994, et toutes les conséquences qui en ont découlé, mérite un éclairage particulier.
Toutefois, pour rester dans l’Histoire, nous braquerons les feux sur son passage à Bejaia, passage qui a totalement transformé la ville et toute la wilaya, non pas uniquement du point de vue urbanisme et réalisations d’infrastructures (aéroport, université, tunnel de Kherrata etc.), mais aussi et surtout au plan de l’histoire de la vallée de la Soummam, siège du Congrès qui a organisé et planifié méthodiquement la marche à suivre de la Révolution.
Ecoutons-le:
« En 1980, j’ai été désigné wali de Bejaia; un jour je suis parti en avion, sorte de Bichraft; on volait à basse altitude jusqu’à Bejaia. On rasait presque la campagne. Le pilote s’était trompé d’itinéraire, et je voyais à ses yeux qu’il avait peur, mais ne pouvait pas atterrir en venant de la mer; donc on est allé jusqu’à Tazmalt, puis on est revenu à Bejaia. D’ailleurs j’ai juré depuis ce jour-là que je ne prendrais plus jamais ce genre d’avion.
« Sur place nous avions été reçu par nos amis, j’ai retrouvé des anciens de la Révolution qui ont été avec moi en prison, deux ex-condamnés à mort et le reste, pratiquement l’élite qui était avec moi en prison. Un ami, qui était avec moi à la wilaya me dit : »djabak rabbi, nous allons travailler à faire sortir Bejaia d’abord, de son manque de développement ( la ville, essentiellement montagnarde, était classée dernière en Algérie en la matière), et puis nous allons aussi travailler sur l’Histoire de Bejaia et sur le siège du Congrès de la Soummam, car ils ont été complètement occulté. J’avoue que cela m’a beaucoup intéressé, surtout cette deuxième proposition concernant histoire du Congrès de la Soummam ».
« Le lendemain donc, j’étais au bureau, je reçois deux jeunes garçon , qui étais avec moi à la wilaya, l’un de Timezrit, l’autre d’Aokas, et qui s’étaient présentés comme étant des enfants d’anciens révolutionnaires qui étaient mes compagnons. J’ai dit, au moins il reste l’odeur de la Révolution. On me dit alors que dans deux jours on devait commémorer l’anniversaire du Congrès.
Donc, nous partons en délégation, le jour indiqué, et je l’avoue je suivais l’itinéraire avec une forme sinon de détresse, au moins d’étonnement. Je trouvais l’endroit isolé, inhabité, rien n’indiquait qu’il y a eu ici un événement historique d’ampleur. J’ai dit c’est là où s’est passé le Congrès ? On me répond que c’est encore un peu plus loin. Et nous arrivons devant une maisonnette, petite, construite avec des matériaux traditionnels, du toub, de la terre et du bois. On grimpe et on entre à la maison, une petite maison humble, étroite, et je me suis étonné comment elle a pu abriter tous les Congressistes.
A ce moment arrive la colonel Ouamrane. Je le connaissais du temps où il avait une pompe d’essence à Hussein dey. Je lui ai dit immédiatement : »C’est dans cette petite maisonnée que le Congrès a eu lieu? Comment sont entrés ici tous les Congressistes? ». Il répond que oui, que les maquisards ont l’habitude de ce genre de situation, sans donner de détails, un peu intrigué de la question. Il me dit que ‘effectivement, le Congrès s’est tenu à cet endroit, avec la prise des décisions que tout le monde connait, ou ne connait pas’. J’ai dit , intrigué à mon tour : « Comment ça, que tout le monde connait ou ne connait pas? » . Il répond encore : « Oui, ma génération connait, mais celle des autres, ceux qui sont ici présents, ne connaissent pas ».
« Puis Oumrane me fait part de son dépit : »Toutes les années, depuis l’indépendance, à cette date, je viens ici, et c’est toujours la même chose ». Il était triste et avait les yeux pleins de larmes, (Ouamrane était au fond quelqu’un de très sensible). Moi, pour le calmer, j’ai dit « l’année prochaine, tu vas revenir ici et tu trouvera que les choses ont changé ». Alors, lui, il fait un geste pour signifier qu’il n’en croyait pas un mot en disant : »Parlez Monsieur le wali, tous les walis qui vous en précédé ont dit la même chose depuis l’indépendance, mais rien n’a changé ». Je lui ai dit alors : « On verra bien l’année prochaine Inchallah « . (la discussion a eu lieu en compagnie du commandant Si Hamimi. Il était celui qui fut chargé de la sécurité des congressistes)
« Je l’ai retenu ce soir-là à diner avec nous à la résidence de la wilaya, et la discussion s’est allongé jusqu’à quatre heures du matin. Ouamrane m’a expliqué, à sa manière, avec une voix saccadée, comment était le comportement des Congressistes, la personnalité de Abane Ramdane, comment ils ont accepté le principe de création des wilayate, la discipline qui devait être accepté par tout le monde, etc.
Le lendemain, j’avais déjà commencé à plancher sur le site du Congrès. Nous avions alors un bureau d’études, composé de jeunes, compétents, actifs, admirables, dirigé par Boulkaria. Lorsqu’on décide d’un projet, c’est rapidement mis en œuvre : le dessin, l’étude, la disponibilité, et tout. Quelques semaines après, je reçois une délégation de parents d’étudiants qui venaient de décrocher leur baccalauréat. On me fait la doléance suivante : II y avait plus d’une centaine de jeunes nouveaux bacheliers, pour les inscrire à Constantine ou Sétif, il n’y avait plus de place, à Alger, c’était loin de chez eux, alors comment faire ?
Pris au dépourvu, j’ai demandé un peu de temps, arguant que j’étais nouveau dans la wilaya. Quelques mois après, dans l’année même, j’ai lancé les premiers travaux pour l’université de Bejaia. Et j’avais lancé le défi qu’en octobre prochain, les étudiants pourraient être assis sur les bancs des classes de l’université. Evidemment, personne n’y a cru. Pas même le personnel impliqué dans le projet et mes collaborateurs directs. Pourtant, à la date voulue, l’université ouvrait ses portes et recevait 400 bacheliers pour leur premier jour d’étudiants universitaires à Bejaia. On avait travaillé sept mois jour et nuit.
Avec cela, j’avais lancé également plusieurs projets, travaux publics, construction, etc. ET je me suis remis à réfléchir à Ifri. Comment faire? Puis la question de savoir comment cette petite maisonnette a pu contenir les congressistes me chiffonnait toujours; en fait, je n’arrivais pas à la concevoir. J’ai appelé alors mon chef de Cabinet et je lui mandé de trouver qui était finalement le propriétaire de cette baraque; et il me dit que c’était la famille Bouguermouh. J’ai sursauté. Bouguermouh? J’ai dit : « Ceux qui ont un fils dans le court métrage cinéma? ». Il me dit que oui. J’ai alors dit que là, c’était vraiment « rahmat rabbi », parce que cette famille se trouve être des beaux-parents par alliance, la fille de Mme Bouguermouh étant l’épouse de Abdelouahad Abidi, le frère de mon épouse. Il me dit encore que cette famille possède une maison à Ighzir Amokrane, mais sont plus à Sétif. Ils sont à Alger.
Un jour que Madame Bouguermouh était en visite à Ighzer Amokrane, je suis parti lui rendre visite et je lui ai dit si je pouvais visiter la maison historique et si également elle pouvait me donner les clés. Elle me répondit que libre à moi de disposer de la maison et qu’il n’y avait pas besoin de clé, que la maison n’était fermée que par une espèce de battant qui maintenait les portes fermées de l’intérieur.
Deux semaines après, je prends, M Boulkaria du bureau d’études avec moi, et qui était dirigé par un homme remarquable, d’une grande compétence et qualités humaines. Je lui ai dit : « Je veux qu’on détruise cette baraque et qu’on la construise telle quelle est, avec les mêmes matériaux, mais en l’agrandissant, parce qu’elle va être visitée par des étrangers et il faut être prêts ».
Ils ont pris des photos et ont commencé à travailler. Quelques semaines après, on fait une visite à Ifri et je vois la maison reconstruite, telle qu’elle était, qu’on dirait qu’elle n’a pas été touchée. Pas de serrure ni aucun objet eut altéré la nature. Parce que je voulais faire venir visiter Madame Bouguermouh.
Mais on avait aménagé l’espace extérieur, avec des escaliers, un espace public, une salle de conférence, une salle d’enregistrement, les routes bitumées, éclairées, etc. Et j’ai invité Madame Bouguermouh. Elle est venue pour voir comment évoluaient les choses, et elle n’en revenait pas, plus par l’aspect extérieur que par la maison elle-même; à l’intérieur de la maison, elle n’a même pas remarqué les transformations: pour elle rien n’a changé. Elle m’a dit alors : « Ah mon fils! Quand nous habitions ici, j’avais l’impression que c’était étroit; maintenant je constate qu’il n’en est rien, et que c’est vaste; peut-être parce que nous sommes seuls… »
Dans l’année, Ouamrane se présente, il a vu la maison et le lieu aménagé à Ifri et tous les aménagements. Il n’en croyait pas ses yeux. Il s’est prosterné et a prié. Puis il vient vers moi, il m’embrasse en me serrant très fort jusqu’à m’étouffer, me disant : »Toi, tu es un homme! Un vrai moudjahid! Comment tu as fait? ». Je lui aie dit « ça existe maintenant, la question n’était pas là, mais à m’aider à fêter le 28e anniversaire du Congrès de manière grandiose. Il m’a dit comment faire, qu’il était prêt à m’aider dans tout. Je lui répondu que je ferais appel à lui le moment opportun.
Et je me suis mis à travailler sur le reste. La ville s’est développée très rapidement. On a construit trois hôpitaux, rénové l’ancien hôpital 300 lits, construit plus de 14 600 km de routes pour Bejaia, rénové l’ancienne route de Tazmalt, la RN 24 jusqu’à Azeffoun, la 12 jusqu’à Azazga, lancé le tunnel de Kherrata de 7 km, le stade omnisports de Bejaia, le second en importance dans le pays, après le complexe omnisports du 5 juillet, etc.
Avec le mouhafad FLN de l’époque, le seul des quatre mouhafads avec lequel je me suis bien entendu, et qui était un homme à tous plans remarquable, j’ai discutais de lancer non pas une fête d’une journée pour le 28e anniversaire du Congrès de la Soummam, mais carrément un Festival qui va s’étaler sur 15 jours entiers. Des Festivals, il n’y en avait pas eu beaucoup en Algérie, mis à part celui panafricain, qui avait été une réussite éclatante pour l’Algérie. Interloqué, le mouhafad, M Kaaouni me dit un Festival de quel genre. J’ai répondu qu’il n’y avait qu’à imiter les programmes qui passaient à la télé et s’en inspirer. Comme j’avais été scout et plus tard, moudjahid, il se trouve que je connais tous les chants patriotiques, les chants de guerre, etc. Alors j’ai proposé : « Pourquoi pas un Festival du chant patriotique? ». L’idée m’était venue comme ça, en discutant. Il a dit c’est d’accord, qu’on allait réfléchir à ça. Rapidement, j’ai crée une Commission du Festival et chargé des personnes à prendre langue directement avec les sommités du chant patriotique de l’époque, dans le monde arabe, et invité chaque wilaya d’Algérie à déléguer une troupe pour la représenter.
Je suis parti également voir le ministre de l’Information et de la Culture de l’époque, Bachir Rouis, et lui ai exposé mon projet. Il avait répondu que c’était un projet très ambitieux qui exigeait des moyens; je lui fait part de mon souhait de faire venir des personnages intéressants du monde arabe, avec une cérémonie de clôture en apothéose en présence du président de la République. Le ministre était ravi et m’avait promis une chose, à savoir m’assurer des directs à la télévision nationale.
J’ai rédigé également une lettre au président de la République, feu Chadli Bendjedid à l’époque, dans laquelle j’ai dit : « La population de Bejaia, les anciens moudjahidine et les survivants du Congrès de la Soummam m’ont poussé à faire tout cela, à vous inviter, et ils vous invitent à venir honorer de votre présence le 28e anniversaire du Congrès; de la sorte vous aurez l’occasion de rencontrer les survivants et de demander le Paradis pour les Chouahadas tombés au champs d’honneurt ».
L’invitation avait séduit le Président Chadli, et immédiatement il me manda son chef de Cabinet qui me demanda de lui envoyer la maquette. Ce que je fis. D’ailleurs la maquette est restée à la Présidence. J’ai appelé l’organique du FLN, un certain Boulsnane, pour lui faire part du projet, et immédiatement, celui-ci s’est opposé : « Non, non, non, nous on n’est pas au courant, et on ne vient pas! « . Comme cela.
Le lendemain, je reçois un appel du chef de cabinet du Président qui m’informe que Chadli est content et qu’il donne son accord pour assister aux Festivités du Congrès. D’ailleurs, le lendemain il pointe chez moi à Bejaia. Il me mit au courant des questions posées par le président Chadli, son intérêt, etc. Et je lui fit par de l’opposition de l’organique du FLN. Il me demanda de le lui passer au bout du fil, et il lui fit part calmement de l’intérêt du festival et de l’accord du président. Une heure plus tard, je reçois un appel du patron du FLN, Messaadia, qui se fendit en éloges et dit qu’il est avec moi pour le congrès et qu’il comptait sur moi pour que ça réussisse…voyez comment les choses se retournent sur un simple coup de téléphone.
J’ai mandé mon chef de Cabinet à prendre attache avec les personnages que je connaissais, qui avait chanté des chants patriotiques, en Egypte, en Tunisie, au Liban, je lui ai donné certains noms, Ouarda El Djazairia, au Caire, , Marcel Khalifa, Chikh Imam et surtout Najah Salam, la première qui a chanté sur la Révolution algérienne sa fameuse:
» Ya tir ya Taer Rouh lil Jazer
Ahmel bachaer «
« La chanson m’avait marqué à l’époque, comme elle avait marqué toute ma génération. Je lui ai dit également d’aller à Beïrout me mander Marcel Khalifa, auteur inoubliable de la chanson culte :
« Mounadhiloune bila ounwan
mounadhiloune fi koul makan »
« A son retour, il me fit part des résultats de sa mission et me mit au courant de la position de Ouarda El Djazairia qui refusait de venir chanter en Algérie, parce que disait-elle, on ne lui avait pas payé à deux reprises ses prestations avec son orchestre: «Pour moi, je peux laisser passer, mais pour mon orchestre non; comment je vais le payer? De ma poche? »
» L’Orchestre de Ouarda était à l’époque le plus grand d’Egypte, et on ne pouvait pas ne pas été correct. Aussi, j’ai renvoyé mon chef de Cabinet dire aux plus réticents, à Ouarda en premier, qu’ils seraient payés immédiatement au lendemain du Festival en espèce, et en dollar, et en les accompagnera à l’aéroport. J’ai insisté pour Najah Salama. Parole a été donnée.
» J’avais compté sur la présence de 300 personnes, j’ai reçu 5000. Et ça m’a effrayé. J’ai téléphoné au chef de Cabinet du Président pour lui faire part de mes appréhensions, et il a répondu qu’il s’en occuperait, qu’il allait en informer le Président et qu’il n’y avait pas de soucis à se faire.
» Effectivement, on m’a envoyé les grandes tentes de l’Armée, et qui pouvaient contenir chacune jusqu’à 400 places. On a disposé le tout dans les grands espaces de Igher Amokrane et tout le bivouac s’est installé de la sorte, en plus d’avoir réquisitionné, pour les invités de marque, les résidences de la wilaya et l’hôtel les Hammadites.
« Le jour J, tout le monde était là. 90 % des membres du gouvernement ont répondu présents. L’aéroport, flambant neuf, avait été terminé; on avait construit l’aérogare, la tour de contrôle, et tout avait été terminé avant le 28e anniversaire du Congrès de la Soummam.
« Je m’en souviens, Tahar Zbiri, qui venait d’être amnistié auparavant, venait de rentrer en Algérie, alors je l’ai invité également. Messaadia et Hamrouche, qui ne partageait pas le même avis, m’ont en fait le reproche. J’ai dit que le Président m’avait donné carte blanche; ce à quoi, le secrétaire général de la Présidence, a répondu que oui, certes, mais pas pour ce genre de chose politique. Nous marchions derrière le président Chadli et discutions de la sorte, quand, arrivé à hauteur de Zbiri, Chadli va le retrouver pour le prendre dans ses bras dans une scène de réconciliation admirable. Il y a avait là les militaires, les moudjahidine, et tout le monde institutionnel. J’avais invité tout le gratin de ce qui restait de la Révolution. C’est alors que je me suis retourné vers Messaadia et j’ai dit : « Vous voyez, donc j’ai bien fait d’inviter Zbiri. Vous voyez comment se déroulent les retrouvailles? ».
« Ouamrane était ce jour là, bien habillé, et paraissait très heureux. Ouarda est monté sur la scène et a chanté « le congrès de la Soummam », une chanson patriotique écrite et mise en musique ici par des Algériens. Mustafa Toumi, l’auteur de « Sobhan allah ya l’tif », pour les paroles, et un certain Stambouli, un jeune homme, je m’en rappelle, avec des lunettes et d’un port agréable, pour la musique.
« La chanson évoquait la guerre, terrible, barbare, l’adhésion du peuple, le congrès, ses décisions, ses orientations, etc. L’émotion était à son comble. Je voyais Yaala et Messaoudène larmoyer ; je voyais même un Messaadia, malgré tout, avec une larme à l’œil. Une grande émotion se dégageait ».
La cérémonie de clôture avait été rehaussée par les chansons de Marcel Khalifa et Ouarda et le public répondait aux rythmes donnés par ces grands maitres de la chanson. Les femmes venaient y assister durant tous les jours du Festival avec leurs robes et leurs coiffes qui auraient fait pâlir de jalousie les plus grands couturiers de France; les jeunes remplissaient le stade de 50 000 places et y veillaient jusqu’à quatre heures du matin. Dans le centre-ville de Bejaia très peu de gens circulaient : Ifri avait capté toute la région. La réussite avait été à la démesure du défi.
Le Festival de la commémoration du congrès de la Soummam avait été également pour Abderrahmane Méziane Cherif l’occasion de discuter agriculture avec le président Chadli, et de faire en sorte d’impulser un nouveau souffle à cette wilaya totalement montagneuse, certainement la seule région du Maghreb arabe a être 100% montagneuse, au plan de l’agriculture, et de réaliser des projets qui ont peu à peu faire sortir Bejaia de son isolement périlleux, puisque la région était électrifiée uniquement à hauteur de 17%, un des taux les plus faibles du pays.
Ainsi, par la suite, et toujours sous le mandat du futur ministre de l’Intérieur, la région connait un essor remarquable : l’électrification grimpe à 86,5 %, pratiquement les premiers en Algérie, l’université, les études de réalisation de nombreux projets l »aéroport, etc. tous les moyens et les infrastructures pour faire de Bejaia une ville importante, la relier à son ancienne réussite et la replacer pour l’avenir.
Bejaia décrochera le prix national de la wilaya la plus propre et moderne.
A la fin des cérémonies, le président de la république, recevra Madame Bouguermouh. Il l’interrogera longuement. Elle fut largement récompensée. Je ne dirais pas plus pour le moment. Une autre fois.
Avec mon ami Omar Hamdi (Maire d’Aokas), nous avons préparé un certain nombre de projets. D’abords le relief Murail d’Ifri, la grande station du centre de Bejaia, le palais de la comtesse, l’autoroute Bejaia-Souk El Tenine.
Le prolongement du port vers Bougie plage.
Le bureau d’étude dirigé par Boulkaria a été pour moi l’arme absolue dans la réussite de ma mission.
Le dédoublement de la route vers El-Kseur a été réflichi avec le grand maire de la ville de Bejaia, sans le quel, avec un courage inébranlable, beaucoup de projets n’auraient pas réussi.
Que de souvenir affectif autour de la maison qui a abrité le congrès de la Soummam.
Les « appels » de Bejaia ne cesseront jamais de résonner depuis les Hammadites et le congrès de la Soummam.. Pour une Algérie libre et indépendante.
I.M./Z.M.