La récente visite de trois jours du président français, Emmanuel Macron, a été ressentie comme une blessure au niveau de la politique étrangère marocaine. Le rapprochement Alger-Paris n’a pas été décrypté sous un jour favorable et semble faire grincer des dents le Makhzen
Sous le titre édifiant, « Entre la France et le Maroc, les visas de la discorde », le quotidien français à grand tirage « Le Monde », consacrait récemment sa une aux divergences franco-marocaines concernant l’octroi des visas.
A la source, en septembre 2021, précise Le Monde, Paris annonçait de réduire de 50 % le nombre de visas pour les Marocains, en raison du « refus » du pays de rapatrier ses ressortissants en situation irrégulière en France.
On s’en souvient, Paris décidait de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, qui « refusent » de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, avait annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Face à cela, avait alors tempéré Gabriel Attal, « il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd’hui on met cette menace à exécution », rappelant les visites sur ce sujet dans ces trois pays du Premier ministre Jean Castex et de membres du gouvernement, dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ainsi que des réunions avec les ambassadeurs des pays concernés, pour finalement faire valoir qu’ « à un moment quand les choses ne bougent pas, nous faisons appliquer les règles ».
Cependant, entre-temps, les relations concernant les visas avec l’Algérie avaient été améliorées, notamment depuis la récente visite de Macron à Alger et Oran et l’octroi de milliers de visas au profit des étudiants algériens. Pour la Tunisie également, depuis le début du mois en cours, la France a mis fin à sa politique de restriction de visas et a annoncé le 31 août le retour à la normale des procédures d’octroi de visas aux ressortissants tunisiens. Mais pas pour le Maroc.
Résultat des courses, le sujet empoisonne les relations entre Paris et Rabat depuis un an et les restrictions d’octroi de visas pour entrer en France remontent à la surface. Sous le feu roulant des critiques, dit « Le Monde », la mesure suscite une indignation croissante au sein de la société marocaine. Sur les réseaux sociaux, dans les médias, les témoignages de citoyens atterrés et humiliés par des refus de visas se mêlent à des commentaires acerbes à l’égard de la France, à des appels au principe de réciprocité pour les Français se rendant au Maroc.
Au-delà du dossier des visas, le coup de froid politique observé entre Rabat et Paris renseigne sur un malaise plus profond.