Le culte de l’Etat centralisé commence à s’émousser. La décentralisation considérée depuis l’indépendance du pays par les gouvernements successifs comme un concept dangereux, attentatoire à l’unité nationale est vue actuellement sous un meilleur angle. Des politologues de divers horizons et même des voix autorisées au sein des hautes autorités de l’État y voient en elle, un système gagnant et lui accordent diverses vertus. Ils sont, en effet nombreux à plaider, depuis quelque temps, pour la décentralisation de l’action des pouvoirs publics.
Le jacobinisme hérité du colonialisme, pratiqué à outrance depuis l’indépendance a fait que pour toute autorisation ou accréditation relatives à des projets à dimension locale, il faut avoir l’aval d’Alger. Ce centralisme a montré ses limites et tout le monde s’accorde à dire que l’interventionnisme omniprésent de l’Etat dans la prise de décisions est un facteur inhibiteur qui empêche toute initiative économique et financière locale.
Si au départ ce centralisme n’est décrié que par une poignée de partis politiques favorables dès leur création, à la décentralisation, aujourd’hui, il est jugé presque par tout le monde, inefficace, voire nuisible pour les actions publiques locales.
« La décentralisation unique option pour l’action publique » a été même il y a quatre à cinq années de cela, le thème de l’une des rencontre Gouvernement-walis ; c’est dire que cette question a été déjà longuement débattue au sein des institutions de l’Etat et elle revient ces jours-ci au devant de la scène. C’est un fait avéré, la décentralisation est maintenant démystifiée, elle n’est plus synonyme de régionalisme ni d’éclatement de l’Etat-nation. Et l’on s’achemine doucement mais sûrement vers de nouvelles et fortes prérogatives aux collectivités territoriales et aux élus du peuple et surtout vers plus d’autonomie dans l’exercice du pouvoir local.
La commission annoncée par le président Tebboune, qui aura la charge de réviser les codes communaux et de wilaya, proposera justement des textes qui feront la part belle à la décentralisation et à la réforme de la fiscalité locale. Toutes les lacunes et les blocages générés par le centralisme qui entravent depuis des années l’action des intervenants dans la gestion locale vont logiquement être levés à la faveur de ces nouveaux textes qui auront à redéfinir les responsabilités et les prérogatives des élus locaux pour leur donner plus de liberté d’action. Le principe de la libre administration devrait être acté pour que les élus n’aient plus à recourir chaque fois à l’Etat pour financer telle opération ou lancer tel projet. Ce changement de cap vers la décentralisation ne peut évidemment réussir sans formation continue et de qualité des élus locaux qui doivent se transformer en véritables managers pour jouer pleinement le rôle d’acteur de développement local que l’on attend d’eux.