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Ligue arabe: Fondation, historique, dates et événements

La Ligue arabe est une organisation régionale à statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations unies. Elle est fondée le 22 mars 1945 au Caire par six pays et compte en 2015 vingt-deux États membres. L’organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d’État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Ahmed Aboul Gheit depuis 2016. De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en étroite collaboration avec elle.

Histoire

En 1944, à la recherche d’une fédération des pays arabes, le gouvernement égyptien met en place un groupe d’étude chargé d’élaborer un projet. Avec l’aide des Britanniques, la conférence d’Alexandrie du 25 septembre 1944 se conclut par la rédaction du Protocole d’Alexandrie, déterminant les bases de la future association. La Ligue arabe est créée le 22 mars 1945 au Caire. Les six membres fondateurs de la Ligue arabe sont : l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie. Le Yémen du Nord les rejoint le 5 mai 1945. L’association vise à affirmer l’unité de la « nation » arabe et l’indépendance de chacun de ses membres.

Dès sa naissance, la Ligue est divisée en deux camps aux visées politiques opposées, l’entente égypto-saoudienne favorable aux projets d’indépendance s’opposant à l’axe hachémite jordano-irakien plus enclin à une coopération avec la puissance britannique encore maîtresse de nombreux protectorats et mandats (Soudan, Palestine, Émirats, etc.). Par la suite, dans le contexte de l’anticolonialisme et de la guerre froide, une division s’opère entre États socialistes proches de l’URSS (Libye, Syrie, Algérie, Égypte) et États proches des États-Unis (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Maroc).

L’action de la Ligue est d’abord dirigée contre l’ingérence des puissances coloniales européennes dans la région, en l’occurrence la France et le Royaume-Uni. À partir de 1948, Israël est également considéré comme une entité exogène au monde arabe rendant son existence illégitime. Un grand nombre de sommets de la Ligue arabe ont été tenus à la suite d’évènements spécifiques du conflit israélo-palestinien et arabe. Les résolutions les plus importantes de l’institution concernent d’ailleurs la Palestine.

Après la crise du canal de Suez, le royaume d’Irak fut renversé, diminuant ainsi l’influence hachémite. L’Égypte, forte de son succès, représentait alors avec la Syrie l’axe nationaliste de la Ligue arabe qui s’opposait à l’axe monarchique et pro-occidental emmené principalement par l’Arabie saoudite et la Jordanie.

En novembre 1973, après la Guerre du Kippour et le premier choc pétrolier, la conférence des rois et chefs d’État arabes réunie à Alger vote à l’unanimité une résolution appelant à développer la coopération arabo-africaine. Parmi les décisions de ce sommet, on note la rupture des relations diplomatiques, consulaires, culturelles et économiques (y compris un embargo pétrolier) avec les États qui restent ancrés dans une politique colonialiste, à savoir le Portugal, la Rhodésie et l’Afrique du sud, et l’aide aux mouvements de libération, la création de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et l’adoption de mesures spéciales afin de faciliter l’approvisionnement en pétrole des pays africains touchés par la hausse spectaculaire des cours du pétrole brut.

Entre 1976 et 1983, la Ligue entretenait une Force arabe de dissuasion durant la guerre du Liban qui n’eut qu’un effet modeste sur le cours du conflit.

Le 17 septembre 1978, l’Égypte signa les accords de Camp David avec Israël. Les ministres de la Ligue arabe se réunirent en 1979 à Bagdad pour décider des sanctions diplomatiques et économiques à infliger à l’Égypte. L’Irak, contrairement à ses voisins arabes, demanda l’adoption de sanctions économiques symboliques, ne touchant pas le peuple égyptien. L’Égypte fut alors exclue de la Ligue en 1979 et le siège de l’organisation fut déplacé du Caire à Tunis. La Ligue fut alors privée de son membre le plus puissant, écarté pendant plus de dix ans, qui fournissait une part importante du personnel. Cela entraîna une baisse de l’influence de l’organisation. Le 10 septembre 1990, 12 des 21 membres de la Ligue arabe décidèrent le retour du siège au Caire et la réintégration de l’Égypte. Malgré les protestations des neuf absents, le changement eut lieu le 31 octobre 1990. Un accord fut conclu le 26 novembre 1997 entre la France et la Ligue, accordant le statut diplomatique au Bureau de la Ligue arabe à Paris, ouvert en 1974, régissant ses privilèges et immunités sur le territoire français.

Cette unité politique est également mise à mal en 1990 lors de la guerre du Golfe où l’Irak envahit un autre pays membre, le Koweït.

À cause de la prévalence de la souveraineté étatique sur l’intérêt panarabe, la Ligue n’a jamais fait ses preuves. Soixante ans après sa création, ni la question de la périodicité des sommets arabes n’a été tranchée ni celles de la procédure des votes, du caractère contraignant des décisions ou encore du recouvrement des cotisations. En 2002, après une proposition du prince d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, la Ligue arabe élabore l’initiative de paix arabe, fondée sur l’idée d’une paix globale au Moyen-Orient : en échange d’une normalisation des relations entre Israël et chacun des pays de la Ligue arabe, l’État hébreu se retirerait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du plateau du Golan. En 2007, au sommet de Riyad, cette proposition est relancée par une résolution nommée « réactivation de l’initiative de paix arabe ». Israël a jusqu’ici refusé de considérer cette initiative.

La plus grave crise connue par la Ligue arabe fut le refus de celle-ci d’exécuter le mandat d’arrêt international rédigé par la Cour pénale internationale en 2009 à l’encontre du président soudanais Omar el-Bechir (en visite dans des pays de la Ligue).

En 2012, lors de la guerre civile syrienne, la Ligue arabe exclut la Syrie de ses rangs. Depuis, en raison des divisions provoquées par cette guerre, la Ligue arabe est jugée sévèrement par les peuples arabes comme une organisation peu pesante.

Cependant elle continue à se réunir et, dans le cadre du conflit yémenite, elle réagit. Ainsi, en mai 2019, elle condamne les tirs de missiles balistiques du 20 mai 2019 par les Houthis du groupe « Ansar Allah » en direction de La Mecque et de Djeddah.

Appellation

L’actuelle Ligue arabe aurait pu s’appeler la « Coalition arabe » suivant la proposition de la Syrie ou encore l’« Union arabe » comme le souhaitait l’Irak. La délégation égyptienne a quant à elle proposé l’appellation de « Ligue arabe » ; selon elle le concept est plus approprié aussi bien sur le plan linguistique que politique.

Les participants ont fini par trouver un terrain d’entente et l’ont appelé la « Ligue des États arabes ».

Adhésion

L’article 1 de la charte de la Ligue dispose que chaque pays arabe indépendant a le droit d’adhérer à l’organisation. Le pays candidat doit pour cela déposer une demande au niveau du Secrétariat général permanent ; la demande sera alors étudiée par le Conseil. Il y a donc deux sortes de membres : ceux qui ont entériné la charte de la Ligue, au nombre de 7, et ceux qui demandent leur adhésion. Ces derniers doivent réunir certaines conditions pour pouvoir adhérer à l’organisation : le pays candidat doit être arabe et indépendant. L’adhésion de la Somalie et de Djibouti à la Ligue avait suscité une polémique au sein de l’organisation du fait que l’arabe n’est pas la langue officielle des deux candidats. Toutefois le Conseil de la Ligue a fini par accepter leurs candidatures eu égard à « leurs origines arabes ». L’Irak s’est opposé en 1961 à l’adhésion du Koweït sous prétexte que ce pays faisait partie de ses territoires ; le délégué irakien a même quitté le Conseil pour manifester son refus. La candidature du Koweït a finalement été acceptée par le Conseil qui ne pouvait faire autrement, puisque l’article 7 de la charte dispose que les décisions adoptées à l’unanimité doivent être appliquées par les pays membres.

Perte de qualité de membre

Chaque pays membre de la Ligue a le droit de se retirer à condition de déposer un préavis d’un an. Le conseil n’exige pas d’explications des pays qui se retirent, toutefois il tente de comprendre les raisons qui les ont amenés à se retirer pour les convaincre de revenir sur leurs décisions. Si la Ligue venait à amender sa charte, un pays membre pourrait se retirer s’il n’approuve pas les nouveaux amendements. La charte de la Ligue prévoit l’exclusion de tout pays membre qui ne respecterait pas ses engagements ; toutefois, elle doit être prononcée à l’unanimité. Néanmoins, le 12 novembre 2011, la Ligue a suspendu la participation de la Syrie à la majorité qualifiée et non à l’unanimité des 22 pays arabes. Ce statut n’est cependant pas irréversible puisque le membre exclu peut présenter une seconde candidature. Un État peut perdre sa qualité de membre s’il perd son identité juridique, comme cela s’est produit en 1958 lorsque l’Égypte et la Syrie ont décidé d’unir leurs États respectifs pour devenir la « République arabe unie » et en 1990 avec l’union du sud et du nord du Yémen qui a donné naissance à la République arabe yéménite unie. Cependant un pays qui perd sa souveraineté reste membre à part entière. Lorsque le Koweït a été envahi en 1990 par l’Irak, cela ne l’a pas empêché d’être représenté au sein de la Ligue.

Composition

La Ligue arabe est composée de vingt-deux membres : sept membres fondateurs auxquels se sont ajoutés par la suite quinze autres pays signataires.

Ces pays, qui sont également membres de l’Organisation de la coopération islamique, représentent une population de 414 millions d’habitants en 2017.

La Ligue arabe compte également cinq pays observateurs.

Pays fondateurs

–     Émirat de Transjordanie, émir Abdallah Ier, puis Royaume hachémite de Jordanie avec l’annexion de la Cisjordanie en 1950, revenue dans ses frontières initiales de Transjordanie sans rechanger de nom après la perte de la Cisjordanie en 1967 ;

-Drapeau du Liban Liban, président Béchara el-Khoury ;

-République syrienne, président Choukri al-Kouatli, puis Drapeau de la Syrie Syrie à partir de 1963 ;

-Drapeau de l’Arabie saoudite Arabie saoudite, roi Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud ;

-Royaume d’Égypte, roi Farouk Ier d’Égypte, puis Drapeau de l’Égypte République d’Égypte à partir de 1953 ;

-Royaume d’Irak, roi Fayçal II, puis Drapeau de l’Irak République d’Irak à partir de 1958 ;

-Drapeau du Royaume mutawakkilite du Yémen Royaume mutawakkilite du Yémen (Yémen du Nord), imam Yahya Mohammed Hamid ed-Din, puis République arabe du Yémen et République démocratique populaire du Yémen à partir de 1967.

Pays signataires

Diagramme d’Euler des différents partenariats entre les pays de la Ligue arabe : Union du Maghreb arabe, Accord d’Agadir, Conseil de l’unité économique arabe, Conseil de coopération du Golfe.

À ceux-ci se sont ajoutés :

–    1953 : Drapeau de la Libye 

– 1956 : Drapeau du Soudan 

-1958 : Drapeau du Maroc 

-1958 : Drapeau de la Tunisie 

 -1961 : Drapeau du Koweït 

– 1962 : Drapeau de l’Algérie 

-1971 : Drapeau de Bahreïn 

-1971 : Drapeau des Émirats arabes unis -1971 : Drapeau d’Oman Oman

-1971 : Drapeau du Qatar 

-1973 : Drapeau de la Mauritanie 

– 1974 : Drapeau de la Somalie

-1976 : Drapeau de la Palestine 

– 1977 : Drapeau de Djibouti 

-1993 : Drapeau des Comores 

Pays observateurs

-2002 : Drapeau du Brésil Brésil

-2003 : Drapeau de l’Érythrée Érythrée

-2006 : Drapeau du Venezuela Venezuela

– 2007 : Drapeau de l’Inde Inde

 –  2011 : Drapeau de la Turquie Turquie

Fonctionnement

Secrétaires généraux

–    1945-1952 : Royaume d’Égypte Abdul Rahman Hassan Azzam

 –   1952-1972 : Mohamed Abdul Khalek Hassouna

 –   1972-1979 : Mahmoud Riad

 –   1979-1990 : Chedli Klibi

–    1991-2001 : Ahmed Asmat Abdel-Megid

–    2001-2011 : Amr Moussa

–    2011-2016 : Nabil el-Arabi

–    2016-maintenant : Ahmed Aboul Gheit

Siège

–  de 1945 à 1979 : Le Caire (Égypte)

–   de 1979 à 1990 : Tunis (Tunisie)

–   depuis 1990 : Le Caire (Égypte)

Instances

–    Le Conseil de la Ligue arabe dirigé par la Tunisie ;

–    Le Conseil de défense (ministres des Affaires étrangères et de la Défense) ;

–    Le Conseil économique (ministres de l’Économie) ;

–    Des comités permanents spécialisés (économie, culture, politique, etc.) ;

–    Agences spécialisées et autonomes crée en 1964 (l’Organisation arabe du travail, l’Union postale, l’Union des télécommunications…).

Sommets

Trente-deux sommets ont été organisés entre 1946 et 2015 dont douze sommets en urgence.

Sommets de la Ligue arabe     Date     Lieu     Type

Sommet de la Ligue arabe 1946     28 mai     Drapeau de l’Égypte Le Caire     création

Sommet de la Ligue arabe 1956     13 novembre     Drapeau du Liban Beyrouth     1er sommet

Sommet de la Ligue arabe 1964     13 janvier     Drapeau de l’Égypte Alexandrie     2e sommet

Sommet de la Ligue arabe 1964     5 septembre     Drapeau de l’Égypte Le Caire     3e sommet

Sommet de la Ligue arabe 1967     29 août     Drapeau du Soudan Khartoum     5e sommet

Sommet de la Ligue arabe 1970     21 septembre     Drapeau de l’Égypte Le Caire     urgent

Sommet de la Ligue arabe 1976     16 octobre     Drapeau de l’Arabie saoudite Riyad     urgent

Sommet de la Ligue arabe 1976     25 octobre     Drapeau de l’Égypte Le Caire     9e sommet

Sommet de la Ligue arabe 1978     2 novembre     Drapeau de l’Irak Bagdad     10e sommet

Sommet de la Ligue arabe 1979     20 novembre     Drapeau de la Tunisie Tunis     11e sommet

Sommet de la Ligue arabe 1987     8 novembre     Drapeau de la Jordanie Amman     urgent

Sommet de la Ligue arabe 1989     26 mai     Drapeau du Maroc Casablanca     urgent

Sommet de la Ligue arabe 1990     28 mai     Drapeau de l’Irak Bagdad     urgent

Sommet de la Ligue arabe 1990     9 août     Drapeau de l’Égypte Le Caire     urgent

Sommet de la Ligue arabe 1996     21 juin     Drapeau de l’Égypte Le Caire     urgent

Sommet de la Ligue arabe 2000     23 octobre     Drapeau de l’Égypte Le Caire     urgent

Sommet de la Ligue arabe 2001     28 mars     Drapeau de la Jordanie Amman     13e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2002     28 mars     Drapeau du Liban Beyrouth     14e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2003     1er mars     Drapeau de l’Égypte Charm el-Cheikh     15e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2004     22 mai     Drapeau de la Tunisie Tunis     16e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2005     22 mars     Drapeau de l’Algérie Alger     17e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2006     28 mars     Drapeau de l’Arabie saoudite Riyad     18e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2008     29 mars     Drapeau de la Syrie Damas     20e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2009     28 mars     Drapeau du Qatar Doha     21e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2010     27 mars     Drapeau de la Libye Syrte     22e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2011     12 mars     Drapeau de l’Égypte Le Caire     urgent

Sommet de la Ligue arabe 2012     29 mars     Drapeau de l’Irak Bagdad     23e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2013     26 mars     Drapeau du Qatar Doha     24e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2014     25 mars     Drapeau du Koweït Koweït     25e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2015     29 mars     Drapeau de l’Égypte Charm el-Cheikh     26e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2016     25 juillet     Drapeau de la Mauritanie Nouakchott     27e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2017     29 mars     Drapeau de la Jordanie Mer Morte     28e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2018     15 avril     Drapeau de l’Arabie saoudite Dhahran     29e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2019     31 mars     Drapeau de la Tunisie Tunis     30e sommet

Sommet de la Ligue arabe 2019     30 mai     Drapeau de l’Arabie saoudite La Mecque     urgent

Sommet de la Ligue arabe 2022     1er novembre     Drapeau de l’Algérie Alger     31e sommet

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