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Comment le Qatar, petit émirat gazier, est entré dans la cour des grands

Petit émirat du Moyen-Orient d’une superficie de 11 586 km2, l’État du Qatar a réussi le pari de faire tourner les yeux du monde vers lui. Cet émirat, vers lequel vont converger des milliards de regards durant la Coupe du monde de football, résume également une success story politico-médiatique et l’évolution particulièrement rapide et lucrative d’un pays de 2,5 millions d’habitants, dont uniquement 300 000 natifs Qataris.  

Le Qatar est le cinquième producteur de gaz naturel du monde, premier exportateur de gaz naturel liquéfié, le pays est aussi un producteur de pétrole et membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) entre 1961 et 2018. 

Cet Etat gazier a pu une première fois, sortir de l’ombre grâce à un média, Al Jazeera, ce qui est tout à fait inédit dans les annales de l’histoire. Et pourtant, en cinq-six années, le Qatar pouvait sortir la tête de l’eau, puis s’assoir dans la cour des grands grâce uniquement à cette chaine de télévision très controversée, mais ô combien influente entre 2005 et 2015.

Le Qatar dominait, serions-nous tentés de dire, les autres pays du Golfe et faisait pression sur toute la communauté des Etats arabes grâce à cette chaine, qui ouvrait des débats sur pratiquement tous les sujets d’actualité, brisant des tabous et consacrant la quasi-hégémonie des médias influents sur le monde politique. 

Sa capitale, Doha, ainsi émergée, s’est lancé par la suite dans des investissements en Europe, en France notamment, déployant une puissante influence, qui a fait jaser les capitales occidentales.

Alors que des grands pays arabes, comme l’Irak, le Yémen et la Syrie, se désintégraient et tombaient en ruine, le Qatar grandissait et ne se donnait aucune limite pour son accroissement extraordinaire. 

Pourtant pays musulman, où les Frères musulmans ont bonne presse, et d’où le wahhabisme rigoriste a été peu à peu disqualifié, le Qatar se présente aux yeux du monde comme le pays de l’ultra-capitalisme, osant pousser des épaules les capitales européennes et les malmener sur leur propre registre.

Les responsables qataris jouent la mondialisation et ne rechignent pas à vanter la toute-puissance de l’argent, la toute-puissance de la communication, la toute-puissance de l’image. Richissimes, ils achètent tout en Occident. A commencer par les symboles dans le football et la communication dans les sports. 

Ce qui est frappant, c’est surtout la puissance de leur influence. En France, les médias évitent d’en dire du mal, aux yeux de ce que représentent les Emiratis au PSG. Dans les médias, le Qatar possède 17% du groupe Lagardère qui détient des journaux comme Paris-Match, le Journal du Dimanche, Europe 1. En tout, ils ont mis 30 milliards d’euros en France. Cet argent n’est pas placé uniquement pour un retour de dividendes financier, mais est placé surtout pour être un levier géopolitique hyperpuissant. 

Le Qatar, qui n’a presque pas de terres cultivables sur son territoire et importe 90 % de ses besoins alimentaires, devient grand parmi les grands. C’est toute la magie des qataris aujourd’hui. 

La coupe du monde représente pour le Qatar l’étape finale du maitre de l’horloge. Ils ont déjà gagné sur le plan international. Totalement inconnu il y a vingt ans, le Qatar va attirer l’attention de milliards de personnes : un vrai triomphe géopolitique.

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